Un petit bout de Sud-Ouest en moins à Paris.


C'est un accent de Gascogne qui était monté à la capitale, au cœur de Saint-Germain-des-Prés, avec une fière pointe d'ail, ce qu'il faut de jambon de coche noire qui n'a pas peur du gras, une remorque entière de tonneaux de gaillac ou de madiran* et la faconde assortie. Le J'Go, vous connaissez? Oh, pas un restaurant de poseurs où l'on vient faire sa sucrée, montrer son dernier brushing ou photographier des chiures de mouches colorées au fond d'une assiette. Interdit aux snobs! Un endroit où il est possible de manger à sa faim, de boire à sa soif, s'il le faut les coudes sur la table. 
Pourtant, malgré ses qualités et son succès, le J'Go Saint-Germain va fermer ses portes le 1er mars prochain, en faisant la fête, "une dernière pour la route" comme l'indique joliment l'affiche de l'évènement. Pas une fête pour verser le larmou, une vraie, pour rire, pour qu'on entende encore l'entrain, la bonne humeur, la générosité du Sud-Ouest, à l'angle de ce Marché Saint-Germain charmant mais un peu froid, glacé comme la vitrine d'une boutique de prêt-à-porter. En plus, ce sera le week-end de France-Galles.



"Pour terminer en beauté cette aventure germanopratine, écrit Denis Méliet le propriétaire et fondateur du lieu (ci-dessus), je vous invite à rejoindre les équipes du J'Go Saint-Germain LE DIMANCHE 1ER MARS À PARTIR DE 11H DU MATIN, pour remplir une dernière fois les murs du 3, rue Clément de nos accents, de nos rires et de nos produits, avant de laisser la place à nos successeurs.
Venez seuls, accompagnés, les bras vides ou chargés, peu importe, l'essentiel est que vous nous rejoigniez pour célébrer notre entente ou dissoudre nos différends dans le vin et l'armagnac. Et tout en levant nos verres à la fermeture définitive du rideau, nous trinquerons à l'anniversaire du J'Go, créé à Toulouse en 1995. C'est ainsi, le J'Go a vingt ans, et la vie devant lui".



Attention! Pas de malentendu, le J'Go Saint-Germain ferme ses portes, mais les deux autres, Drouot, et la maison-mère toulousaine, place Victor-Hugo, continuent eux sans encombres leur belle aventure. Et tant mieux! Car  le J'Go, c'est une façon de dire simplement, honnêtement, à table, l'âme du Sud-Ouest, de raconter une cuisine "qui s'échappe pas". Pas juste une foire d'empoigne qui effraie l'étranger, il y a une une éthique derrière, du fait-maison (pas celui, bidon, de la loi…), des produits, des filières courtes en lien avec les paysans, du "locavore" comme disent les Nestlévores.
Tiens, par exemple, au J'Go, comme dans les restaurants de la famille Méliet, comme au Bon Vivre chez Huguette, la mère de Denis (et maintenant Cathy sa sœur), on mangeait du cochon noir gascon bien avant qu'on en parle à Paris, très très longtemps avant que les chefs astronomiques ne le découvrent chez Métro et le fassent bouillir. Euh, pardon! Cuire à basse température…






Voilà, c'est comme ça, on ne va pas épiloguer sur les raisons qui font il n'y aura plus d'après à Saint-Germain-des-Prés. On ne va pas refaire le match ni entamer un interminable tertulia comme nous les aimons tous au rugby ou à la saison du toro. Le lieu apparemment se portait bien, on va dire sobrement que les vendeurs de fringues ont gagné. "RIP" le J'Go Saint-Germain, comme on dit aujourd'hui pour faire genre sur les réseaux sociaux ou dans les SMS. 
Et, encore une fois, amis du Sud-Ouest, ne soyons pas tristes, enterrons gaiement celui-là, et vivent les deux autres J'Go, ceux qui restent et où la fête continue de plus belle. Où il faudra aller manger et boire, trinquer et chanter. À Paris comme à Toulouse.




* Une carte des vins purement Sud-Ouest, comme il se doit, Da Ros, Hégoburu, Plageoles, Dupuy, Palacios, Fezas, Lapeyre, Cosse, Grussaute, Andiran…



Commentaires

  1. Le meilleur carré de cochon de toute ma vie, c'était au JGo Drouot. Une cuisson parfaite, rosée à l'os, qui a perturbé les mangeurs de porc habitués aux côtelettes antibiotisées des pousse-caddies (pas de droits d'auteur hein?). J'avais piqué un bout de magret aux figues de mon voisin, une merveille. On a arrosé tout ça d'Irouleguy et fini par un Armagnac mémorable, dont la bouteille resta sur table un bon moment, un oubli sans doute...Merci le JGo et bon vent!

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    1. Là, pas de problème, Manou, le J'Go Drouot reste en place. Vous aurez droit à un autre carré de cochon!

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  2. eh bien, les vendeurs de fringues ne viennent même plus dans notre quartier, c'est des bouchers et des éditeurs des photos pour ploucs ( l'autre institution qui nous quitte ce jours -ci aussi....la Hune). Le comptoir va me manquer, mon Mauzac aussi, et toute l'équipe, on se verra alors dimanche!

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    1. Malheureusement, je ne pourrai pas être là, dimanche, et je le déplore. Mais, bonne fête à tous!

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  3. Je n'ai été qu'une seule fois dans celui de Drouot pour aller voir une Demie du Top14 (2009) avec des copains et j'en garde un très mauvais souvenir.
    Soit, la qualité était au rendez vous mais les portions ridicules et les prix stratosphériques (nous avions pris de la cochonnaille et des frites pour picorer). Je ne m'intéressais pas tellement au vin à l'époque et nous avions arrosé ça de bière artisanale (bonne mais chère). Pour moi, typiquement le genre d'adresse pour parisiens friqués en mal de Province.
    Et en plus ces cons, qui n'étaient pas venus pour ça, nous empêchaient de voir correctement le match.
    C'était juste pour apporter un autre avis sur ce "petit bout de Sud-Ouest". Vraiment tout petit alors.
    Médéric

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    1. Des portions ridicules au J'Go, c'est la première fois que j'entends ça!
      Qu'avez-vous commandé, et ça coûtait combien?

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    2. Portion ridicule au J'Go, alors là, vous ne parlez pas du même resto......Le prix, eh bien, on est à Paris...hélas

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    3. Oui, c'est vrai que quand j'ai lu "portions ridicules", même moi qui suis réputé gros mangeur, j'ai failli m'étouffer. Et pour ce qui est du prix, je n'ai pas remarqué que c'était plus cher que chez les concurrents qui servaient de l'Iberico de bellota roumain acheté chez Métro…

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    4. C'était il y a 6 ans.... Je ne me souviens plus des prix. Juste le souvenir d'un saladier de frites annoncé et qui correspondait tout juste à un bol. Vu la douloureuse pour les "tapas", nous n'avions pas poursuivi plus loin.
      Médéric

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    5. T'avais qu'à prendre le pot de pastifret, comme tout le monde, et une quille de Mauzac nature de Plageoles...

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  4. J'avais qu'à....... pas avoir 25 piges et le budget qui va avec
    J'avais qu'à........ pas écouter la copine qui nous avait trainés dans ce "bout de Sud-Ouest" (elle-même originaire de Bayonne mais qui a des "goûts de luxe" depuis qu'elle vit à Paris)
    J'avais qu'à........aller voir le match dans un rade du XXème en sirotant quelques Record (produite par Heineken, ça m'étonnerait que ce soit en biodynamie)
    J'avais qu'à......pas me tromper d'adresse, tout simplement
    Médéric

    P.S : bah oui forcément le Mauzac nature DE Plageoles, quel couillon je suis

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