'Roussillon Bashing', la réponse à la réponse à la réponse…


Soyons fair-play, même si en l'occurrence ça n'apporte pas grand chose. Rosemary George, la MW qui avait commis le bizarre article de Decanter sur les vins des Pyrénées-orientales se justifie sur son blog. Une chronique intitulée tout aussi bizarrement Droit de réponse. Laissons-lui donc la parole même si, en plus de certains principes de dégustations, il faudrait qu'elle se renseigne sur la nature et les modalités d'un "droit de réponse". Et exerçons ainsi notre devoir de suite.


On n'apprend évidemment rien dans ce "droit de réponse" (à la réponse) puisque ce qui dérange est éludé, notamment le pré-supposé, son axiomatique "on ne va pas en Roussillon chercher l'élégance". C'était pourtant le cœur du propos, nous aurions pu enfin savoir pour quelle mystérieuse raison cette fameuse élégance (qui reste à définir) se niche dans dans le terroir californien que plébiscite Decanter dans le même numéro et pas entre Fenouillèdes et Roussillon. Au lieu de cela, elle nous explique pourquoi les crus de cette région "ne sont pas élégants". À cause de l'alcool notamment. 
Bizarre encore une fois, car dans ceux qui sont relégués en bas de classement figurent des vignerons qui sortent des vins parmi les moins alcoolisés du coin. Bizarre surtout parce qu'il me semble qu'il faut encore en être à l'école maternelle du vin pour confondre le degré et l'harmonie d'un vin. Et oublier que ce qui compte, ce ne sont pas les chiffres inscrits sur l'étiquette ou la fiche d'analyse mais la sensation. Oublier également que de splendides vins, équilibrés, à 15% vol., ça existe (au pays du grenache et même en Californie, ma chère). Mais peut-être, pour revenir à nos pauvres vins français, trouve-t-elle par exemple qu'un Rayas 89 est "inélégant". Ce que je ne pense pas puisque ça coûte cher…

Alors, Rosemary George nous ressort son argument du tricky millésime 2013, c'est ce millésime pourri qui a saboté la dégustation. Oui, oui, bien sûr. Sauf que pas mal des échantillons dégustés étaient issus d'autres années*… Elle nous explique le problème de l'ordre de dégustation. Ben oui, mais quand on bricole un panel pareil, autant essayer de le rendre cohérents en établissant des catégories qui regroupent des vins de styles et d'ambitions équivalentes.
Bref, une "réponse à la réponse" assez creuse, très "nous on sait" (puisqu'on est Masters), agrémentée de quelques considération historico-géographiques de syndicat d'initiative, sûrement destinées à noyer le poisson des approximations du match aller. Vous pouvez lire le texte intégral ici. Pour le reste, "cours, camarade, le vieux Monde est derrière toi…"





* notamment parmi ceux qui ont été les plus saqués comme Clot de l'Oum, Gauby, Clos des Fées, Vaquer, comme le montre la photo des derniers de la classe de Decanter, ci-dessus.


Commentaires

  1. Selon mon observation, les Anglos-Saxons (les Britanniques surtout) sont obsédés par le degré d'alcool dans le vin.
    En France on ne regarde pas vraiment le chiffre sur la bouteille avant de l'acheter, mais c'est fou le nombre de fois où la mention du degrés revient dans les commentaires sur les forums/en discutant avec des anglophones.

    C'est vrai, et finalement facilement compréhensible, de la part d'un novice ou d'un faible amateur pour qui le vin est, après tout, une boisson alcoolisée comme une autre mais aussi pour des commentateurs pros (mais peut-être ne font-ils ne que jouer le jeu de leur clientèle ?)...
    Autre culture (ou manque de ?).

    Tom B.

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  2. Par décence, je tairai le TAV de la gamme espagnole que j'ai assemblée ce matin. Ce que je peux néanmoins en dire, c'est qu'ils ont (encore) produit des bombes et que la saveur de leurs tanins ("mûrs") s'apparente à une magnifique élégance. La position du vignoble, à 600 mètres d'altitude, au pied des montagnes, à une heure des pistes de ski, à une demi-heure des plages, n'y est sans doute pas étrangère. Encore plus indécents, les prix des éléments qui constituent cette gamme. Ces vins délicieux et de surcroît bon marché n'ont donc aucune chance d'être appréciés ;o)

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  3. Le billet de Rosemary George apporte un éclairage important relatif à l'attente des dégustateurs et consommateurs des vins du Roussillons:
    Extrait (traducteur internet):
    "Je ne veux pas Roussillon pour les vins délicats éthérées. Je veux un coup de poing de saveur, quelque chose de riche, le réchauffement et épicé. Les vins sont généralement assez fort en alcool, mais cela ne signifie pas qu'ils sont lourds ou maladroite. Ils devraient être en harmonie, avec suffisamment de fruits et de saveur, et peut-être un vieillissement en chêne judicieuse pour équilibrer l'alcool. "

    L'évolution récente des vignerons vers des vins moins extraits, à maturité juste, équilibrés, semble déconcerter les dégustateurs.
    Ou la vérité?

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    Réponses
    1. Elle veut, elle veut… Ce qu'elle sait peut-être pas c'est qu'il existe aussi, au delà des désirs citadins, un paramètre qui s'appelle la Nature et qui intervient dans le volume et le style des vins. Comme par exemple en 2013.
      Cela étant, si je prends certains vins qui se font saquer, ceux du gruppetto, je n'ai pas vraiment l'impression, mais alors pas du tout de goûter des "vins délicats éthérés". Tiens, au pif, parce que j'en ai bu récemment, Clos des Fées VV 2010. Saqué comme les autres.

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    2. Padri de Boudau : c'est trés bon....

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    3. Ah ! Ah ! Ouiiii ! Clos des Fées "délicat éthéré". Parfaite définition. Hervé va sortir la sulfateuse. Mon grand-père nous répétait : "Le Roi a dit : "Je veux." On lui a coupé la tête". Ca calme. En revanche, je constate que Madame "Je veux" est très pertinente. Mettre des vins alcooleux dans le bois pour calmer leurs ardeurs, elle a tout compris...Maaaan Dieu...Et dire que c'est lu...

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    4. Oui, balancer de la planche sur l'alcool pour calmer le jeu, il fallait y penser. On l'a beaucoup fait en Espagne pour fabriquer ces pâtes de fruit brûlantes à côté desquelles le turrón passe pour un aérien plat de régime. Tu as raison, elle devrait faire breveter sa trouvaille et envisager une communication au congrès des œnologues…

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    5. Quant à Hervé, je prévois le pire…

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    6. La "matinée des œnologues" c'est en mars, à Bordeaux. Soyez sympa, dites le lui.

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    7. et ça parlera de "Brett". C'est raccord. Tout est lié. Alcool-Bois-Phénols...j'ai des étiquettes qui défilent devant mes yeux...

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