Saint-Valentin, poil au vin !


Il vous plaît, ce tampon*? Pas mal, non? Pour le 14 février, on peut même l'imprimer en rose, ce sera plus dans le ton de cette journée gorgée d'amour et de bons sentiments…
Au cas où vous ne l'auriez pas deviné, la Saint-Valentin, ça m'emmerde! Comme toutes les fêtes obligatoires d'ailleurs, qu'on voit au passage transformées, par la grâce de marketeurs finauds en gros sabots, en incontournables quinzaines commerciales. Je n'ai rien contre ce pauvre saint Valentin (personne ne sait trop lequel d'ailleurs), ça n'a rien de religieux, même si je m'étais un peu fichu de lui dans cette chronique, mais j'en ai marre de voir ma boîte à lettres polluée par tant de propositions d'effusions tarifées. Le tapin, ce n'est pas ma came.


Je ne vais donc pas vous refaire la liste de tout ce qu'on m'a proposé comme merveilles pour pimenter cette soirée de la Saint-Valentin que je passerai d'ailleurs en célibataire. Des bijoux, des concerts, des bouquets de fleur, des disques, des voyages en avion, des posters de musée, des cours "d'œnologie", des cosmétiques, des massages, des téléphones portables, des slips, des draps, des montres, des jeux de société, des sex-toys (et pas du bon endroit…), des jeans, des coussins et même un "chocolat au lait personnalisé moulé sur l'anus de votre partenaire". Je précise (ça ne concerne que ce dernier cadeau romantique) que l'objet est disponible en trois parfums, noir, au lait et blanc. Le Professeur Choron aurait adoré.


Moins drôle mais plus ringard, pour la Saint-Valentin, il y a bien sûr les cuvées spéciales de champagnes. Étiquettes roses, forcément. Parce que l'amour, c'est rose bonbon, comme une voiture de Barbie… Les usines et les coopératives champenoises se démènent donc pour fourguer leurs hectos aux amoureux. Et quand on en voit certaines de ces roteuses, on se dit qu'effectivement, il faut être amoureux pour avoir envie de ça! J'ai réuni mon jury du goût de chiottes, et à l'unanimité, pour ce millésime 2015, c'est le rose doré de Moët & Chandon qui rafle le Prix Pétasse devant Lanson. Lanson dont les efforts marketing désespérés me font, à chaque Saint-Valentin, penser à Brel. Ben oui, "quand on a que l'amouuuur, pour unique secouuuuuuurs"…


Je sais, je sais, certains parmi vous, fidèles** lectrices et lecteurs, veulent tout de même fêter cette satanée Saint-Valentin, célébrer en 2015 encore ce grand accord entre la bulle et le sexe. Mais si possible sans tomber dans le bling-bling à la Paris Hilton que nous proposent les gros faiseurs. Je peux vous aider! Il se trouve, coup de chance, que j'ai bu un ou deux excellents champagnes dans la semaine qui vient de s'écouler. Des champagnes de vignerons, évidemment. Les autres, on les laisse aux touristes et aux vieux que l'agueusie n'a pas épargné.
Le premier, c'est celui de David Bourdaire, un jeune qui monte. Il a pris les rênes du domaine familial à Pouillon, au nord de Reims, à quelques kilomètres de chez Francis Boulard. Des bulles très vives, beaucoup de finesse, des dosages faibles et d'infinitésimales doses de SO2 (ce qui signifie qu'on peut en boire toute la nuit, même au lit pendant qu'on honore Valentin(e). 


Ma préférée chez Bourdaire-Gallois est une cuvée qui n'a pas trop de nom, dans une bouteille sérigraphiée qui craint un peu. Beaucoup même. Peu importe, vous le décanterez délicatement dans une carafe très froide, froide comme un glaçon (un glaçon, en plus, si vous êtes joueurs…) Il n'en sera que meilleur et vous profiterez de sa superbe évanescence. En plus, même si c'est dégoûtant (le procès du Carlton nous l'a rappelé) de parler d'argent et d'amour en même temps, on me souffle dans l'oreillette que ce champagne coûte 17€TTC prix public. Donc, à ce tarif, on peut même envisager de le boire à même la peau, de le laper sur le corps de votre partenaire.
Et tant qu'à revenir aux sources orgiaques de la Saint-Valentin, aux Lupercales, débouchez la cuvée Prestige du même domaine, et son rosé, revigorant, la fête n'en sera que plus folle.


Le second champagne qui m'a procuré beaucoup de plaisir ces jours-ci, c'est celui de Ruppert-Leroy, la cuvée Fosse-Grely, principalement composée de pinot noir. Goûté grâce à un vigneron de Cahors, du causse calcaire, dont je vais bientôt vous parler, dont les vins me parlent. Ruppert-Leroy, un champagne vineux, plein de matière, qui n'a fait qu'une bouchée des tartines truffées qui l'accompagnaient (la truffe, pensez-y pour faire monter la pression). Un cru sérieux, bio me semble-t-il, produit dans l'Aube, à Essoyes; on a envie de le faire vieillir un peu. Tiens, allez, jusqu'à la Saint-Valentin 2017!


En attendant, pour ce millésime 2015, si vous envisagez une Saint-Valentin plus hard, je vous emmène au pays des puritains. Si, si! Rassurez-vous, vous n'aurez pas droit à 50 nuances de Grey qui est au SM ce que le Champomy est au champagne. On file en Californie, chez Brandon Allen, un winemaker bien bien allumé qui sévit à San Francisco, chez SLO Down Wines. La cuvée s'intitule Sexual Chocolate, et sa façon d'en parler est percutante. De même que sa vision des accords mets-vins qui peut faire date dans la sommellerie classique.
Sexual Chocolate, ce n'est pas de la bulle, ni même du blanc***. De toute façon, aucune loi ne stipule que les vendanges de l'amour doivent obligatoirement être gazeuses! Là, c'est du rouge, zinfandel, syrah et petite syrah. Pour la suite, je vous laisse avec Brandon Allen et sa joyeuse équipe.
Joyeuse Saint-Valentin! Buvez du vin, mais faites l'amour plus que les magasins…




* Avec Le Tampographe Sardon, on se trompe rarement…
** Fidèle, excellent champagne de Vouette & Sorbée! Plein d'amour, surtout en magnum.
*** À propos de blanc, n'oubliez pas la désormais célèbre cuvée érotique de Seppi Landman, du muscat d'Alsace pour ceux qui ne connaissent pas encore.




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