Vin de journaliste.


Un vin qui fait hésiter, bon signe! Au nez, il a un petit petit air de syrah, une syrah un peu plus serrée, moins florale, que le soleil d'été aurait légèrement "cuit". C'est dommage parce que la bouche est jolie, une belle texture, presque trop belle, trop lisse, comme lissée. Un bon rouge, très agréable, harmonieux, pas très profond ni très long. Sans être inoubliable, ça se boit avec plaisir.
Ça pourrait presque être français, mais non, c'est espagnol. Ça vient de Galice, encore une fois. Un de ces endroits d'Espagne où, avec la Rioja (au sens large, Arlanza et Navarre comprises) et Madrid, on trouve des vins français, de style français (désolé si je suis chauvin mais ça reste l'étalon-or). Des vins qui tout en disant l'Espagne n'ont plus ce côté "pouet-pouet-tsoin-tsoin", rastaquouère, nouveau riche des années 90-2000. Vous savez, le techno-m'as-tu-vu-boisé de l'époque encore vivace où les neo-enólogos, dans des caves à crédit dopées par les fonds européens (saint Feoga, priez pour nous), se sont mis à appuyer sur tous les boutons en même temps.
Non, là, cette mencía (car c'est une mencía à plus de 80%), très peu variétale, n'a rien à voir avec les crus Frankenstein nés de la movida pinardière espagnole. Pour causer comme les vieux, c'est un vin "élégant". Surtout un vin qui n'écœure pas après le premier verre, voire la première gorgée.



La bouteille apparaît. Non, vraiment, je ne connaissais pas. Le winemaker, si. Quel œnophile ne connaît pas Raúl Pérez, un des enfants prodiges de la viticulture d'Outre-Pyrénées? Mais cette cuvée, La penitencia, non. Ça nous arrive de Ribera Sacra, vous vous souvenez, ce vignoble très spectaculaire, plus encore que le Douro, je vous en avais touché un mot ici. Entre autres.
Et là, on parle du prix.
– Toi, tu y mettrais combien, me demande-t-elle?
– je ne sais pas. 10 ou 15 euros. Vingt au maximum.
Elle consulte rapidement un site de VPC sur son iPad. Silence gêné. Moi, je suis à deux doigts de tomber de la chaise. Bref, c'est un vin idéal à boire… quand on ne le paye pas. Un vin de journaliste, quoi.



Commentaires

  1. Même si le prix ne fait rien au plaisir...
    Malgrés tout!
    Comme on dit chez moi: y'en a qui se mouche pas l'nez avec une brique!!
    Sinon je reconnais que je ne connais pas les vins espagnoles...
    Mais ne demande qu'a apprendre!
    Cette exageration sur le prix , on le trouve aussi dans notre hexagone:
    le prix de la bouteille doit payer le travail du vigneron : ok et c'ets bien normal.
    mais le vin peut devenir un produit de grand luxe parfois quand le clinquant s'en méle.
    Alors la, je dis je passe, de toute façon je pourrais pas,
    The GEF

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  2. Le mencia se plaît bien en Ribeira sacra, chez Dominio do Bibei notamment (Lalama - 16 euros chez Viniteca, Lacima).
    En Valdeorras aussi (Gaba do Xil de Telmo Rodriguez).

    On peut se croire en négrette, sur Fronton, en légèreté fruitée.

    Pour la fraîcheur, on peut aller aussi sur le caïno rouge en Rias Baixas.

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    1. Lalama, bof, bof, bof, je préfère de loin me régaler de la petite cuvée de Ponte Da Boga, moins schématique, à moins de 10€.
      Quant à Gaba Do Xil, c'est d'un apprêté! Il faut aimer la gomme arabique. Le Bierzo voisin ou les monterreis de José Luis Mateo ont bien mieux à offrir me semble-t-il.

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  3. Merci pour ces pistes, Vincent !

    Sur Bierzo, j'ai particulièrement aimé Tilenus reserva 2004 (Bodegas Estefania Pagos de Posada), fin et frais (Raul Perez aux manettes aussi, si je ne me trompe).

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