Bœuf-carottes.


"L'Inspection Générale de la Police Nationale a perquisitionné ce matin les bureaux de la direction de la police judiciaire parisienne. Plusieurs policiers, dont le patron du 36 quai des Orfèvres, Bernard Petit, sont en garde à vue. L'IPGN enquête sur des fuites dans le cadre d'une commission rogatoire d'un juge parisien". 
Voilà ce que je lis à la Une du Figaro ce midi, et immédiatement, j'ai une pensée pour ce grand flic. Parce que dans le four mijote mon plat du jour: un bœuf-carottes. Les "bœuf-carottes", les connaisseurs de la chose policière ou les simples amateurs de polars le savent, c'est le surnom des fonctionnaires de L'Inspection Générale de la Police Nationale, l'IGPN, héritière de l'IGS, la redoutable police des police. Il paraît qu'ils doivent ce surnom à leur propension (comme moi avec mon plat du jour) à laisser mijoter leurs proies.


J'adore le bœuf-carottes. Là, je l'ai bricolé avec de la viande espagnole. Trop maigre, trop jeune, manque de gélatine. On fera avec. J'adore en fait tous les plats aimablement cuisinés, mijotés, parfaits symétriques de ces assiettes prétentieuses dont on veut faire le symbole du "bon goût" en restauration. Ces plats, bœuf-carottes, daube, blanquette, cassoulet, etc… suffisent à mon bonheur, tout comme les préparations simples, directes, où la matière première, identifiée, tracée, dans sa quasi-nudité, est mis en majesté. De plus, il "aiment" le vin, ne le détruisent pas.
Je veux des bêtes entières, des poissons vivants, des légumes du potager. J'ai envie d'une cuisine de cuisinier, pas de garçon-coiffeurs ou de vendeurs de blue-jeans. Et quand le luxe m'attire, je sais à qui m'adresser, je vais chez des types sincères, honnêtes, comme Fred Ménager ou Serge François, et plein d'autres que je connais déjà et tant d'autres que je finirai par découvrir.


Hier encore, on me tannait avec une de ces "œuvres d'art" devant lesquelles on doit obligatoirement s'extasier sauf à vouloir passer pour un rustre, un hilote, un barbare. Et vraiment, je profite de la mésaventure pour rappeler ce que j'avais écrit ici en début d'année et qui n'avait rien d'un emportement, d'un coup de sang, qui était le fruit d'une réflexion profonde, et le reflet de mes aspirations. Je ne joue plus, je ne cautionne plus, je ne participe plus au petit jeu de la bouffe travestie, de la pseudo-gastronomie cache-misère où la déco l'emporte sur le goût. Ça ne me fait pas envie, ça m'emmerde, c'est de l'agent jeté par les fenêtres. Qu'on me fiche la paix avec le maniérisme et les numéros de jonglage ou de singes savants sans âme de cuistots qui souvent, si on gratte un peu, sont maqués avec le Diable de la malbouffe et se fournissent dans les poubelles de la grande distribution. 
J'ai choisi mon camp, celui du goût, pur, sain parce que je préfère manger que me masturber devant une assiette ou la photo d'une assiette. Donc, de tous ces falbalas, de tout ce cinéma malsain qui pue Nestlé, Caca-Cola et Monsanto, on ne m'en parle plus, OK? Suis-je suffisamment clair?




Commentaires

  1. Tout à fait clair!
    Nouveau lecteur, j'apprecie la teneur des propos!!
    Pour ma part, je me prépare à la confection de pieds de veau sainte-menehould
    (d'habitude c'est avec des pieds de cochon...) avec un gratin "dauphinois" avec du lait de brebis (donc sans créme...), accompagné d'une Folle Noire d'Ambat 2010 du Domaine le Roc (Fronton).
    Faut rester simple, The GEF

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  2. Mais c'est la Mère Brazier, on dirait ?

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    1. Exactement, Michel, le symbole d'une cuisine de partage.

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  3. Superbe réflexion/cuisine! Même Anonymous apprécie!

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    1. C'est gentil, Anonymous, mais c'est mieux de s'identifier quand on commente…

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    2. Bien Vincent, continue. Le stade suivant, c'est de faire "erase" avec tout ce qui est "anonymous". Je sais, cela fait baisser le compteur.
      Signé: le donneur de leçons

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    3. Oh, pas de problème avec le compteur, l'Audimat est au plus haut...

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  4. Muriel LANGUENET12 mai 2016 à 09:21

    Très bel article. J'adore cuisiner. Et j'adore le vin. D'ailleurs ce sont les envies d'un vin particulier qui guide ma cuisine. L'envie d'un bon Viré-Clessé m'amène à cuisiner une poule au pot (c'est si simple et tellement goûteux), celle d'un Corbières me fait cuisiner une épaule d'agneau de lait...etc...sans compter les pot-au-feu et boeuf bourguignon cuits en cocotte Römertopf et accompagné d'un bon Bourgogne...

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