Le vin, cette défonce !
C'est un cuistot que les médias adorent en Espagne. Pas qu'il fasse bien à manger, ça, on s'en bat les couilles depuis longtemps. De toute façon, je te l'ai déjà dit, mec, aller au restaurant pour se nourrir, c'est d'un vulgaire! Complètement passé de mode! David Muñoz, lui, son truc, c'est les "expériences", comme du temps du père Adrià. T'es pas client, mais cobaye (mais rassure-toi, tu payes quand même…). Donc, on se tape de nouveau des pipettes, des cuillères, etc, etc. Une seconde, je finis ma ligne de coke, et je t'explique la suite.
Le Muñoz, donc, est une star, surtout qu'il est coiffé Iroquois, et ça, dans l'assiette (mais non Ducon, y'a plus d'assiette!), ça fait vraiment la différence. Le Guide des Pneus espagnol lui a donc donné thrrree starrrs. Ben oui, en américain, en roulant les R avec l'accent ibérique, ça fait plus trrrendy, comme à Rrrrrholywood! Et pour montrer qu'il est vraiment génial et qu'il va à son tour changer le Monde, il s'attaque maintenant au vin.
Ben oui, il a raison! C'est ringard, le vin: "il n'a pas avancé avec la même liberté que la cuisine dans les dernières années". Donc, on va le concevoir autrement. Par exemple, le sommelier va le servir directement dans la bouche du client avec une pipette, ou avec une cuiller comme le sirop quand t'étais gosse. Ou bien on va le mélanger. Du sel Maldon dans du riesling allemand. Du priorat servi dans un verre passé à l'eau de mer ou au jerez. Un grenache blanc de la Mancha dans une coquile d'huître ou additionné d'huile de pépins de raisins pour modifier sa structure. Du cidre avec du saké… Le slogan, c'est fusion, explosion!
Bon, brotherrr, j'ai pas le temps de te raconter, tiens, tout est expliqué ici en espagnol dans El Mundo, moi, il est quatre heures, je suis à la bourre, il faut que j'aille me faire ma petite injection de métamphétamine.
Oh la vache, c'est de la bonne! J'en étais où? Ah oui! Pour le reste, le type n'invente rien, il applique à la lettre la bonne vieille recette de ses maîtres à penser moléculaires, déstructurer, gadgétiser, éloigner de l'origine, du terroir et de la Nature. En finir avec ce qui fait que le vin de caractère, comme la nourriture du même tonneau, ne sont pas reproductibles en usine. Remarquez, de nos jours, on fait des trucs de synthèse super cools! J'y pense, je me ferais bien deux-trois pastillas d'ecstasy…
Une piquouse de Château 9 blanc associé à la truffe, à l'huile d'olive au gros sel de Noiremoutier, ça vous tente ?Ben oui, quoi, c'est sans danger. Rien de tel qu'un bon shoot !
RépondreSupprimerQuelque chose me dit qu'on sera bien (beaucoup, énormément) mieux à l'horloge ce samedi !
RépondreSupprimerRomain G
Cela me rappelle un passage du premier roman d'Olivier Maulin, "En attendant le roi du monde", où en marge d'une "gué praïde" dans les rues de Lisbonne, un personnage coiffé d'une perruque fluo fait irruption dans un rade pour expliquer que manger par la bouche, c'est réactionnaire, et que la vraie révolution serait de bouffer par le cul.
RépondreSupprimerJuste courroux, Vincent. Je "like". Un ami, vrai gastronome expérimenté et époux d'une cordon bleu (j'ai testé plusieurs fois) est sorti de chez un disciple belge de This récemment après lui avoir expliqué, poliment, qu'il n'avait pas été emballé. Le chef lui a répondu - ils se connaissent bien: "C'est parce que tu ne COMPRENDS pas ma cuisine" .
RépondreSupprimerCe soir, je vais me faire un rail de Stilton avec un shoot de Tawny 1995 de chez Calem. J'en tremble, le manque sans doute...
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