Le massacre d'un pays, au jour le jour.

"Je vous l'avais bien dit…", ce n'est pas agréable comme formule. C'est un aveu d'échec. Je vous l'avais bien dit pourtant que les salopeurs de paysage, allaient s'acharner sur ce joli coin de Minervois audois que leur cancer bétonné grignote inexorablement. C'était en 2012, je vous racontais Cabezac, près de la jolie Bize et de la vieille coopérative oléicole L'Oulibo, au bord de la Cesse, tout près du Canal du Midi, Cabezac où l'on voulait, comme une verrue introductrice à un terroir délicat, établir une vaste zone de pousse-caddie dont le coin n'est pourtant pas dépourvu. Tenez, si vous avez oublié, ou si vous n'étiez pas encore lecteur d'Idées liquides & solides (qui n'était encore qu'un tout petit blog de rien), cliquez, c'est ici.

À l'époque, certains m'avaient suivi, mais que n'avais-je pas entendu chez de beaux esprits progressistes liés au kolkhoze local, chez les militants zélés et les lèche-culs professionnels? "Pousson, réactionnaire! Facho! " Pourtant, oui, "je vous l'avais bien dit", le dessin du haut de la page vient d'être publié dans le bulletin municipal de Bize, au chapitre des permis de construire, entre les avis de mariage et les photos de travaux. Il montre ce qui ornera désormais la porte du Minervois. La future "Zone Commerciale des Quatre Chemins de Cabezac", avec son hypermarché, ses hangars et son fast-food, nouveau grand succès de l'inculture et de la malbouffe. Laid à pleurer, bête à manger du foin.

Tout cela, bien sûr, sera érigé au nom du "développement", vanté par les mêmes qui ensuite vont geindre et se demander pourquoi, malgré leurs "efforts" et leurs "politiques concertées et novatrices", ils n'arrivent pas à attirer en Languedoc un "tourisme de qualité". L'Aude, malgré ses inépuisables (ou presque) richesses naturelles, la mer, la montagne, le climat, le vin, demeure un des départements les plus pauvres de France. Je ne sais pas si c'est en continuant de miter, de massacrer ses paysages que sa situation économique et sociale va s'améliorer.

Vous remarquerez au passage, comme à chaque fois, sur les "vues d'artistes" des permis de construire, avant l'arrivée des bulldozers, les abords, les parkings des grandes surfaces sont coquets, cette verdure, tous ces arbres, un vrai parc naturel…

Pour se laver les yeux, fuir la médiocratie et revenir dans le monde humain, j'en profite puisque je vous parle de ce joli coin du Minervois (surtout quand on détourne le regard des dernières déprédations humaines), pour vous toucher de nouveau un mot de mon pote Régis Cogranne. Oui, vous savez, le Domaine du Viala, ce paradis perché sur lequel j'avais écrit ici. Ce n'est pas très loin du futur massacre de Cabezac, et je sais bien que, comme tous les amoureux du beau et de l'intelligent, ça le fait enrager.

Régis, il faut lui donner un coup de main, surtout que comme tant d'autre dans le Minervois, il a "pris cher" l'an dernier avec la grêle. Du coup, il veut replanter de la vigne tandis que d'autres en arrachent pour mettre du béton et des parkings à la place. Pour l'aider, c'est ici, sur Social Wines. Soyez généreux, s'il vous plaît, si vous pouvez, comme vous l'avez été avec Pierre Galet. Vous serez payés de retour, en vin, en bon vin, en vin qu'on boit à grosses gorgées. En vin que vous ne trouverez pas au pousse-caddie.