Bouteilles à pédales.


Neuf heures et demie du matin, on sonne à la porte: "hola Vicenç! Soy Huc, para el pedido, las botellas…" Eh oui, c'est le livreur de vin qui arrive, qui apporte la petite commande passée hier soir, quelques bouteilles cosmopolites, un ou deux ovnis. 
Ça, déjà, le pinard à domicile, c'est chouette. Mais, le comble du luxe, c'est que le type n'arrive pas dans une camionnette qui pue la vieille clope et le diesel mais sur son (magnifique) triporteur.


Ce matin, pour Huc, c'était l'étape de plaine: livrer en bord de mer, c'est du velours, le triporteur en roue libre depuis l'Arc de Triomf. Pas la même quand il doit monter à Sarrià ou Pedralbes: entre la côte et la pollution! Surtout que dans ces quartiers-là, en général, on préfère les bouteilles lourdes de verre et de vin. Là, il s'agit plutôt de vins alternatifs qui misent davantage sur la légèreté, pour le contant et le contenu. Au bonheur du livreur…


J'entends d'ici les commentaires : "plus bobo, tu meurs!", "c'est du folklore!" 'passéisme!", "exploitation des travailleurs!". Eh bien, franchement, je m'en tape complètement. Parce que je suis un adepte du vélo et que quand on vit dans une des villes les plus polluées d'Europe, la plus polluée d'Espagne, où le moindre abruti dès qu'il touche un volant se prend pour Alonso, voir arriver un livreur pédalant plutôt que pétaradant, on respire!
En prime, ça a de la gueule et c'est sympa. Huc me monte la caisse, on boit un café, il est content parce qu'en plus, grâce au vélo, il a arrêté de fumer. Accoudés au bar, on discute de la dernière bouteille qu'il a goûtée à la boutique. Moi, je lui touche un mot du grenache bizarre de la veille.


Oui, la livraison à vélo, je trouve ça super. À hauteur d'homme. Et j'espère bien d'ailleurs, si les syndicats l'autorisent, qu'on va équiper les facteurs urbains des mêmes triporteurs. 
Monvinic Store (je vous en avais parlé ici) n'est d'ailleurs pas le premier marchand de vin à avoir adopté ce moyen de transport pour ses tournées. Le grossiste Thierry Ruinart l'avait lancé dans les années 2000 à Toulouse afin de contourner les embouteillages; sur l'Île de Ré, c'est le mode de livraison du caviste Olivier Bureau, aux Deux Portes. Plus généralement, à Paris, La petite Reine dispose elle depuis 2009 de triporteurs-à-tout-faire dont la capacité atteint un volume de 1500 litres; à Bayonne, la ville a fait appel à Emengo Erlea pour organiser les transports "du dernier kilomètre" tandis qu'à Marseille s'est monté INDZ et que le marché de Noël de Strasbourg a fait appel à iBike pour gérer la logistique des boissons.
Tant qu'à faire dans le militantisme sur deux roues et à passer pour un bobo citadin, je vous conseille de lire Le pouvoir de la Pédale (joli titre, non?) d'Olivier Razemon qui explique pourquoi et comment tout ce qui fait avancer le vélo fait avancer la vie en ville. Et tant mieux si le vin est de la partie!




Commentaires

  1. Ouais, enfin, "la ruine", j'ai comme l'impression qu'il a à nouveau troqué la bicyclette pour le Kangoo diesel. Aperçu l'autre jour qui livrait La Belle Equipe, des BIB d'une coopé des Corbières en plus...

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    1. Quel dommage! Il avait eu l'idée avant les autres. En même temps, diesel + Round Up, c'est un bel accord de saveurs…

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  2. Oui c'est plutôt cool (électrique le vélo, d'après le site su "livreur") même si de manière générale il ne faut pas trop en faire sur le côté écolo (les Pinot Noirs US ne sont pas venus en radeau ;-)
    Ce qui est cool aussi c'est de pouvoir faire du vélo en pull au mois de février ... pour le coup je suis jaloux !

    Tom B.

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    1. Tom, je ne pense pas que le pinot noir d'Orégon constitue le gros de leurs ventes et de leurs livraisons…

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    2. J'ai d'ailleurs appris ce matin le terme exact pour ce genre d'engins, on ne dit pas électrique mais apparemment "à assistance électrique", ce qui signifie que l'énergie électrique est produite par une dynamo, par les coups de pédale, quoi.

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    3. Pédale, va ! ;-)
      Assistance électrique... Mais où se niche le progrès !

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    4. Non mais tu vois où je veux en venir, Vincent....
      Alors ! Si la dernière étape du voyage entre l'Oregon et ta demeure, c'est à dire les derniers 1 à 2 kms sur un total de 8 910 kms sont fait à bicyclette à assistance électrique ... c'est très cool en effet :-)

      Tom B.

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    5. Oui, mais je bois combien de bouteilles de pinot d'Orégon par an? Il faut relativiser. Et bien peser aussi ce que représente cette livraison dite "du dernier kilomètres" qui est toujours beaucoup moins bien structurée que sur le transport groupé, très dépensière, et donc proportionnellement beaucoup plus polluante. La différence aussi, c'est que faire venir du vin d'Oregon, ou même du Penedes à vélo, c'est un peu compliqué. Mais livrer à vélo en ville, c'est très très simple à mettre en place. Et très très efficace en matière de diminution de la pollution par les particules fines. Car n'oublions pas qu'en la matière, Barcelone est la troisième ville la plus polluée d'Europe (derrière Bucarest et Prague). Et que ce qui pollue ces villes, ce sont, en dehors du chauffage et des quelques usines, les transports urbains. Dont beaucoup de livraisons "du dernier kilomètre".

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  3. Vélo à assistance électrique, oui c'est ça ! C'est une aide au pédalage.. M'Smith, bonjour, l'assistance électrique n'est pas un luxe quand on choisit pour logistique d'entreprise, le vélo, c'est une avancée qui je pense pourrait permettre à des villes entières d'être exclusivement cyclable. Tom B, bonjour, nous pouvons agir localement comme le dit si bien Vincent, c'est déjà protéger nos enfants, nos voisins, nos collectivités, nos villes que d'utiliser la petite reine pour se déplacer ou en faire sa logistique, assisté électriquement ou non. Arrêtons de calculer les kilomètres, faisons les, à vélos car ce n'est pas que pour les bobos.
    Article très sympa Vincent, la mention du livre 'le pouvoir de la pédale" ne m'a pas échappé, je l'ai aussi à la maison, et je l'ouvre de temps à autres pour une piqure de rappel :-)
    Je ne connaissais pas ce blog, je m'y attèle !.. L'idée du Pinard en bicloo, c'es top.

    Elian, le Cyclo Plombier, From Paris, futur assisté électrique.

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    1. Bonjour. Je fais du vélo, je marche et je prends le bus !... mais c'est pas parce que je vais en bus à l'aéroport pour prendre mon avion pour passer un grand weekend aux Maldives que je fais un grand geste pour la planète... vous voyez ce que je veux dire ? C'est pareil pour le pinard, soyons honnêtes.

      Mais sur le principe (et sur les actes) on est d'accord : pourquoi polluer quand on peut l'éviter ? La réalité c'est que chacun met le curseur où il veut/peut en fonction de ses contraintes (donc choix) etc. Ce qui est chiant c'est les mecs qui se gargarisent et qui bloquent sur les détails (je parle pas de Vincent parce qu'il est hédoniste donc, à un moment donné, inévitablement en porte-à-faux avec une vision rigoriste de la pratique écologique). Bref, bien d'accord avec le vélo en ville et la ville -et le péri-urbain !- aménagés intelligemment et puis j'aimerais bien que Huc passe chez moi telle la crémière avec sa carriole bien remplie ...

      Tom B.

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    2. Combien de fois par an part-on aux Maldives, combien de fois par an se fait-on livrer tel ou tel produit ou se déplace-t-on en ville pour faite telle ou telle course? Tout est là.

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    3. Pour ma part, je ne me sens pas considéré comme rigoriste, puisque pour moi le vélo a un capital "sympathie" considérable et que pour une entreprise, ça renforce l'image d'un professionnel qui prouve que via le vélo, une activité pro est possible et le véhicule aux autres ou les inspire ?
      Combien, quand, comment où? Là sont les sempiternelles questions ... En tous cas, oui au vélo en ville pour rendre les rues plus sympas à vivre, oui au vélo en ville pour désengorger nos centres (et gardons la voiture pour nos grands trajets) . Alors oui, bloquons sur les détails pour agir à notre niveau, ce serait déjà pas mal.

      Elian, pas écolo mais passionné (ni rigoriste, ni intolérant juste modéré)

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