Un coup de rouge à l'hôpital.


Je rassure mes amis (et compatis à la peine de mes ennemis), du haut de mes cinquante-un printemps, bientôt cinquante-deux, je me porte pour le mieux. Il n'empêche qu'hier, je suis allé faire un tour sinon à l'hôpital au moins dans une clinique; j'avais promis à quelqu'un qui m'est cher de l'accompagner faire un examen de routine, tout s'est bien passé, merci.


Si je prends la plume, en revanche, vous comprenez bien que ce n'est pas pour vous ennuyer avec des histoires médicales, juste pour vous raconter une anecdote qui m'a amusé au sortir de cette prueba. Nous sommes donc à Teknon, grande clinique barcelonaise aux faux airs de casino de Las Vegas, le genre d'endroit avec voituriers et hôtesses d'accueil où il vaut mieux avoir une bonne mutuelle. 


Sur le coup de midi et demie, le médecin, souriant, vient de rassurer la personne que j'accompagne, laquelle meurt de soif après les douze heures de jeun que nécessite l'anesthésie. Nous poussons donc, dans un recoin de l'immense hall d'accueil, juste à côté du vendeur de journaux, la cafétéria de la clinique. Nous sommes en Espagne, donc les sandwiches au jambon ou au fromage sont fait-maison, comme les omelettes, idem pour le jus d'orange que nous commandons, pressé à la demande. 


Arrive un monsieur qui lui a déjà dépassé l'heure de la collation du matin, il a soif lui aussi, mais de vin rouge, et le fait clairement savoir au serveur. Formaté par le prohibitionnisme français, je m'attends à ce qu'il se fasse rembarrer, au non de l'hygiène alimentaire et de la lutte contre l'alcoolisme. Que nenni! "¿Rioja o priorat? ¿Natural o fresco?" lui demande le garçon qui sort tout sourire deux bouteilles de tinto, une de Remelluri, l'autre de Camins del Priorat. Le monsieur, ravi, opte pour le cru catalan dont on lui verse sous mes yeux ébahis un beau grand godet susceptible d'étancher sa soif matutinale.
Je vais vous dire, sans renier mon pays*, il y a vraiment des moments où j'aime l'Espagne.




*Je ne pense pas d'ailleurs que le vin y soit totalement prohibé, mais je ne m'attends pas à ce qu'on lui réserve une telle place.

Commentaires

  1. Il y a bien un bar à vin à l'essai dans le CHU de Clermont (pour les personnes atteintes du cancer), mais c'est bien le seul contre exemple en France...

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  2. N'ayant pas eu la chance d'une santé sans faille, je me souviens de la bouteille de vin rouge de 25 cl servie le midi, au CHU de Clermont-Ferrand, il y a un peu plus de trente ans. Et aussi d'avoir fumé une cigarette au réveil d'une longue opération, que ma douc etenait pour moi, bardé de tuyaux que j'étais...

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  3. Hé oui, nombre de mes cousins et cousines sévissent ou ont sévi au CHU de C-F. Y'a pas de hasard. Nous nous infiltrons partout, avec notre message décadent aux yeux de la prohibition bien-pensante. Comme quoi la promotion du vin, c'est aussi une affaire de famille. A la bonne vôtre, et merci, les cousins de Zézé. Et faites comme nou cheu vou, les zot' !

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