Concours de quéquette et médailles en chocolat.


Ma journée vient de changer du tout au tout, un courrier, dans ma boîte-à-lettres, m'apprend que "le Meilleur Gamay du Monde"* (majuscules de rigueur, ça fait plus riche…) est le chiroubles 2015 du Domaine des Maisons-Neuves. Je vais vous dire, je ne l'ai pas goûté, le chiroubles de ce domaine que je ne connais pas, et il est sûrement très bon mais je m'en tamponne le coquillard de cette pseudo information. 
Et encore! Je vous passe la même "information" une fois passé à la moulinette du journal local dont dépend le domaine en question: "C'est officiel, Chiroubles produit le Meilleur Vin du Monde!". J'exagère à peine, pas du tout en fait. J'ai même vu un jour, en Minervois, la très sérieuse Agence France-Presse faire une dépêche d'une idiotie pareille. Sans revenir sur la calamiteuse histoire des délicieux jambons de Patrick Duler, calamiteuse non pas pour la charcuterie mais une certaine idée qu'on peut se faire du journalisme.


"Le Meilleur Vin du Monde", je vous le dis et je vous le répète, ça n'existe pas. Pas plus que n'existe le meilleur livre, le meilleur concerto ou même le meilleur blog du Monde. Tout cela est relatif, subjectif, personnel.  Et, "le Meilleur Gamay du Monde", c'est exactement pareil.
Tenez, moi-même, je suis incapable de dire quel est mon "meilleur gamay". J'ai bien sûr mes préférés, les fleuries si bourguignons de Dutraive, les jus de fruit de Benier, les pousse-au-crime de Sérol, les gâteries antipodes de Jones, la décadence de Souhaut. Tant d'autres que j'oublie à cet instant précis comme l'Eau forte de Lapalu dont on boit des double-magnums à Lyon avec Georges Dos Santos, ou le strict Burgaud qu'adoucit Clio Perrin. 


Le "meilleur", ça dépend des jours, ça dépend de l'humeur, ça ne se mesure ni avec un pied-à-coulisse, ni avec un double-décimètre. Le concours de quéquette, passe encore quand on a treize ans dans un dortoir, mais au bout d'un moment, ça fait ado attardé…
Bref, messieurs les décorateurs de la bouteille, les organisateurs de concours et décerneurs de médailles, je sais que votre petit commerce est lucratif, mais franchement, il me gonfle. Comme l'inflation des salons pinardiers, il est devenu un des principaux parasites du Mondovino, avant même l'oïdium et le mildiou.
Quant à vous, amis vignerons, et chers consommateurs, vous verrez, sans médailles en chocolat ni concours de quéquette, avec un peu d'intelligence, de tact et de finesse, le vin a meilleur goût.




* Pas très international, le concours, plutôt franco-français, pour ne pas dire beaujolo-beaujolesque. Ça m'a rappelé le "Mundo mundial" des Espagnols…

NB: ne voyez surtout aucun lien entre la banane d'illustration ci-dessus et le beaujolais!

Commentaires

  1. Cela me rappelle une digression sur twitter. Quelqu'un faisait passer Miraval du statut de meilleur rosé du monde à celui de meilleur vin du monde. Quand je le lui ai fait remarquer, l'auteur m'a d'abord agressé. Après avoir relu ses propos, il s'est excusé avec des arguments à la mords-moi-le pour se justifier. Pathétique.

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