À quoi ça sert, l'œnotourisme ?


Quoi? Vous vous intéressez au vin, au vin français, et vous n'êtes pas encore allé jeter un œil à VisitFrenchWine? Pourtant, tous les mondainvineux étaient de cocktail, hier au Quai d'Orsay. Un peu comme un pot de départ, Laurent Fabius a officiellement présenté ce site destiné à promouvoir l'œnotourisme tricolore.
En soi, c'est une bonne nouvelle, que dans l'Hexagone, les pouvoirs publics, les politiciens défendent le vin plutôt que de lui tirer dans les pattes, c'est tellement exceptionnel qu'on aurait tort de bouder son plaisir. Bravo et merci donc au ministre des Affaires étrangères qui a tenu sa promesse, une promesse tenue, ça aussi, ça s'arrose!


Ce site, donc, comme beaucoup, je suis allé le visiter, m'attendant à monts et merveilles d'autant que selon le président du Conseil Supérieur de l'Œnotourisme, Florence Cathiard, il a fallu un an et demi de travail acharné pour le mettre en place. Et bien sûr, j'ai été déçu. Déçu d'abord, sur la forme, par sa banalité. De belles photos, bien classiques, bien passe-partout, des textes dont on devine aisément le mot (les dix mots?) d'après, ce n'est pas moche, mais sincèrement, on a l'impression d'avoir vu ça une bonne centaine de fois dans les vingt dernières années. Quand, en toute modestie, "le pays du vin vous livre ses secrets", on s'attend à quelque chose d'un peu plus rock n'roll, qui éventuellement puisse s'adresser à une ménagère de beaucoup moins de cinquante ans. Là, ça ronronne, ça en devient presque vintage, on se croirait dans une plaquette d'interprofession viticole des années quatre-vingt-dix. Bref, sur la forme, les brasseurs et les alcooliers n'ont pas de souci à se faire, le vin reste un truc de vieux.


Et puis, il y a ce qui me semble être l'essentiel: on a du mal à dépasser le stade la plaquette publicitaire avec ses slogans convenus qui sentent parfois la sous-préfecture. On s'adresse davantage à un électeur d'ici auquel on dit "regardez comme on travaille bien pour vous" qu'à un client d'ailleurs au service duquel on devrait se mettre. Les modèles existent pourtant, à l'image du site espagnol ci-dessous où dès la page d'accueil on interpelle concrètement le touriste potentiel à la façon d'un tour-opérateur, sur le mode "que pouvons-nous faire pour vous?", "de quoi avez-vous envie?, "qu'est-ce qui vous ferait plaisir? Cinquante-sept circuits ont été créés pour VisitFrenchWine nous dit-on dans le communiqué de Presse, franchement, je ne les ai pas trouvés, noyés qu'il étaient dans l'institutionnel.


Alors, est-ce la faute de ses concepteurs? Pas seulement, ce genre d'exercice est avant tout politique, il faut ménager la chèvre et le chou, trouver des dénominateurs communs, ce qui fait qu'on en arrive généralement à ça, le robinet d'eau tiède.
Pourtant, oui, l'œnotourisme est une chose importante, trop peut-être pour qu'on la confie à des élus ou à des fonctionnaires. Espérons donc qu'avec le temps les professionnels privés, ceux dont c'est le métier, pourront reprendre la main sur cette initiative, afin de lui redonner toute son utilité.




Commentaires

  1. Je ne suis même pas déçu par ce genre de site, cela signifie que L'oenotourisme de masse va dans le mur. Il faut rencontrer les vignerons et les acteurs qui font le vin et vivent le vin, c'est cela qui nous émeut, pas seulement la bouteille et son contenu.

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  2. Tout à fait d'accord avec vous. Je m'attendais à trouver un site clair et attrayant mais rien de tout cela. Un vrai fouillis + des pubs. Et où sont ces fameux circuits qu'on est supposé y trouver ?? Beaucoup d'argent dépensé pour pas grand chose. Avant de le lancer en grande pompe , Monsieur Fabius il aurait fallu être sûr de votre coup !!

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  3. ça ressemble plus à une brochure de luxe ou au magazine d'Air France, une pub de marques de luxe. Et je ne comprends pas bien : Languedoc d'un côté et Pays d'Oc de l'autre ? Pays d'Oc est une marque plus qu'un "pays". Faut-il être un gros opérateur friqué pour avoir droit de cité ? Navrant...

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  4. Est-ce en France? On se croirait en Californie… Complètement aseptisé.

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