Caricature.

En France, Mireille, ça sonne un peu vieillot. Beaucoup moins en occitan, et dans son dérivé, le catalan, plus charmants. Mirèlha, Mireia, ou même le Mirèio de la graphie provençale moderne, titre du poème de ce vieux grigou de Mistral. Savez-vous d'ailleurs que Mireille est le doublet de "merveille"?

Mireia, c'est depuis samedi le prénom de "la plus belle femme du Monde". Eh oui, c'est chic, "la plus belle femme du Monde". À peu près autant que "le meilleur restaurant du Monde", ou "le meilleur vin du Monde". Ambiance concours de quéquette, à l'amerloque. N'empêche que Mireia Lalaguna, une voisine barcelonaise, a été élue Miss Monde, par un jury peut-être sponsorisé par le syndicat des chirurgiens esthétiques et l'amicale transgenre du Gayxample. Rassurez-vous, il y en a plein de plus belles dans la Cité des Prodiges, quant à elle, elle a sûrement d'autres qualités…

Si je pense à Mireia (rien à voir avec Fernande), c'est parce que je suis tombé hier soir sur un vin à son image. Un nez de syrah brûlée (incendie de pneus), façon plaine coopérative languedocienne, Espagne Deluxe ou Barossa Valley dans des moments qu'on préfère oublier. Impossible à situer d'ailleurs, malgré l'âge de ce rouge, son cercueil de chêne s'apparentait à du plomb. C'est uniquement par le style d'élevage que l'on pouvait, à tâtons, deviner son origine américaine. Car oui, il s'agissait d'un cru des États-Unis, de l'état de Washington très exactement, qui a eu l'insigne honneur de voir l'un des siens couronné première dauphine du "vin de l'année" par le Wine Spectator, dans son concours qui finalement s'apparente assez à celui de Miss Monde.

Bon, ne tombons pas dans l'excès, des vins qui me régalent, sur la Côte Ouest, il y en a. Par exemple des pinots comme celui-ci, "so decadent!" Et même des syrahs californiennes, "yankee but chic!" Mais là, cet Otis Kenyon 2007, vraiment c'était too much! Et m'est venu à l'esprit exactement le même mot que pour cette pauvre Mireia: caricature.