Monsieur U, tu nous prends pour des cocus?


Oui, je sais, je suis injuste, avec les vins foireux. Un gros méchant, "sectaire", "obscurantiste" et "militant" qui ne comprend pas tout le bien que la grande distribution fait au petit peuple. Le pousse-caddie, pour monsieur et madame tout-le-monde (les "anonymes" comme on dit dans le poste), c'est entre le Père Noël et la bon Dieu. Un oiseau de bonheur…
Et pour prouver ma vilénie, maintes fois dénoncée par les gentils supporters de Carrefour, Leclerc, Lidl & Cie, je vous donne juste un petit exemple qui m'est fourni à l'instant par mon camarade David Farge, le blogueur pinardier du pays du cassoulet. Pour des raisons que je veux ignorer (c'est comme le mec pris en flag' dans une rue à putes…), il se trouvait cet après-midi au SuperU de Villefranche de Lauragais. Villefranche-de-Lauragais où, par parenthèse, le restau à gauche dans la rue principale servait un impeccable menu escargots/cassoulet/fromages/flan-aux-œufs. Et au SuperU, qu'a-t-il vu, l'espion? Un vin que nous aimons tous les deux, le corbières Cuvée 111 des Clos perdus, cet admirable domaine qui avec son voisin de vignes Rémi Jalliet plane au dessus de cette appellation kolkhozienne et donc déshéritée.


Quoi? Comment? Un vin pareil, un vin d'artisan, un vin de qualité au pousse-caddie? Aurais-je sous évalué la qualité de la sélection de ce cher monsieur U et de ses confrères? Il y a un détail cependant qu'il ne faut pas négliger sur cette image, c'est le prix, en bas, à gauche. 17,50€. Pas donné pour une "petite" cuvée du domaine. J'ai même le souvenir de l'avoir payé bien moins cher, mais bon, c'était dans la région de production, peut être une promotion, etc, etc…
Alors, gros fouineur que je suis, en deux clics, je consulte le prix du marché. Tiens, Ardoneo. Un caviste en ligne sérieux, spécialisé dans les vins propres, basé à Mont-de-Marsan. Tous les potes sont là: Gilles Azam (ah son dernier Maxime!), Borie de Maurel, Canet-Valette, Pech Redon… Et évidemment, Paul Old leur vend du vin, sa Cuvée 111, elle aussi, figure à l'étalage landais d'Ardoneo


Eh oui, chez le caviste de Mont-de-Marsan, c'est beaucoup moins cher que chez monsieur U! 26% plus cher si l'on sort sa calculette, ce qui demeure un des divertissements préférés des adeptes du pousse-caddie. Le tout sous les néons d'un hangar de banlieue. Mais monsieur U, tu nous prends pour des cocus?
Ce tarif prohibitif nous prouve au passage que cette Cuvée 111 a suivi des chemins encore plus tortueux que les routes des Corbières pour arriver sur l'hideux rayonnage de Villefranche-de-Lauragais. La différence de prix avec le caviste, c'est la marge de l'intermédiaire véreux qui a détourné cette bouteille de son circuit de distribution normal pour en faire l'égal d'un lot de papier-cul ou de détergent ménager. 


Cette petite démonstration n'est qu'une piqûre de rappel, je vous l'avais déjà montré ici avec une antiquité bordelaise proposée à prix d'Américains dans la région parisienne. Dès que l'on a affaire à un vin intéressant, recherché, la grande distribution n'est plus compétitive.
Alors, c'est bien dans la grande Presse*, comme dans Le Monde désormais, de parler si souvent du côté pratique des foires aux vins, mais quel dommage d'oublier de rappeler qu'il s'agit en plus de rendez-vous incontournables pour se faire mettre.




* En revanche, quand certains se couchent, d'autre se lèvent, je veux vous inciter à lire la chronique d'Antoine Gerbelle dans le n°594 de la Revue des Vins de France qui sort ces jours-ci. 


Commentaires

  1. Page hilarante dans Le Monde daté de vendredi. Après avoir lu le papier de Laure Gasporotto, on boit l'antidote avec celui de JP Gené, qui pourrait bien finir en taule avec certaines citations...

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    1. Pourtant, en défense de ses papiers pro-GD dans un supplément publicitaire du Monde, la blogueuse du quotidien, Ophélie Neiman, m'expliquait que dans Le Monde, on ne pouvait pas (contrairement à moi) "diffamer" la GD…

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  2. Trois choses.
    David Farge, il est comme moi. Il va à l'hyper pour la déterge et le pq et fait, puisqu'on y est, un tour vers les pinards sur l'air de on-sait-jamais (l'autre jour, des vins italiens perfetti, ça arrive).
    Gerbelle, il s'aligne toujours avec l'air du temps (il fait bosser Pousson, puis il élit Sand G blogueuse de l'année, etc.). Au moins, il a l'honnêteté de parler de "défonce de portes ouvertes".
    En fin, pas d'accent à vilenie.
    J'ajoute que tes escargots à l'ail avant un cassoulet, j'ai failli vomir.
    Allez, bonne bourre, les amis.

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    1. Gerbelle "fait bosser Pousson", tu peux préciser, s'il te plaît, Nicolas?

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    2. T'as fait un papier ou deux dans la RVF, non ?

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    3. On est en dessous de l'anecdotique, Nicolas…

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    4. Pour info, puisqu'il l'a annoncé ce week-end, Antoine Gerbelle quitte la RVF.

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  3. tous les ans, les mêmes problèmes... la vie est un éternel recommencement...

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  4. Le restaurant aux flans aux oeufs est désormais fermé après que nombre clients aient frisé l'intoxication alimentaire. A VDL, pour bien manger "local" il faut chercher et ne jamais trouver... Hélas. Laure

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    1. Quelle tristesse! La famille a vendu? Une génération moins bosseuse est arrivée?

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    2. Oui, le père n'a pas eu de successeur, on est passé par tout et n'importe quoi et au final, il est fermé pour travaux depuis des mois, c'était une institution, on y venait après les matchs aux grandes heures du FCV, on y a fait beaucoup de politique aussi, la salle avait le charme désuet des bons restos de famille. Tristesse.

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    3. Ce sera ma mauvaise nouvelle de la journée.

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