La meilleure affaire des "foires aux vins" !
Dans les marronniers de septembre, il y a bien sûr la rentrée scolaire, avec son cortège d'annonces politiciennes et ses promesses de grèves syndicales; un jour peut-être évoquera-t-on, plutôt que ces peccadilles, la montée de l'analphabétisme et les moyens d'y remédier. Sans parler de l'indiscipline devenue la règle et de l'invasion de la psycho à deux balles.
Au mois le plus tendre, il y a aussi les vendanges. On se demande si elles ne débuteront pas bientôt en juillet. Réchauffement climatique, certes. Année exceptionnelle, d'accord. Mais je vois ici et là arriver des comportes de cépages noirs, tardifs, aux rafles vert pomme, qui risquent bien de nous faire grincer des dents et susciter de remarquables accords mets-vins avec le Mopral. "C'est de la fraîcheur, mon pauvre monsieur! – ah, pardon…"* Les vendanges de toute façon, même si souvent on devra encore attendre un mois, c'est du passé: avant même le premier coup de sécateur, les spécialistes de la spécialité nous ont donné le résultat des courses**. Fin juillet, début août. C'est comme dans la fringue, on avance les saisons, les maillots de bain en février, et les vendanges en juillet…
Restent, pour continuer dans la pinarderie, les "foires aux vins". De tous les côtés, vous allez y avoir droit. Tableaux, comparatifs, conseils… après nous avoir décrit en détail les vins du millésime 2015 (dont on se demande d'ailleurs pourquoi ils ne sont pas déjà en rayon!), les professionnels de la profession nous expliquent en ce début septembre comment pousser nos caddies, et surtout avec quels vins foireux les remplir.
C'est un des leaders de la déchéance alimentaire, LIDL qui a fait le buzz. Cette année, médiatiquement parlant, le rouleau-compresseur du moins-disant teuton fait la nique à l'épicier breton, Michel-Édouard Leclerc***, dont la chaîne truste 22,1% des parts de marché du secteur. Après avoir fait fortune sur la misère ou la radinerie, LIDL se paye un coup de pub cousu de vin blanc: au catalogue de la "foire aux vins" 2015, on vous propose ni plus ni moins que de l'Yquem, d'un millésime mineur, certes, mais de l'Yquem quand même. Le tout à un prix à la Beigbeder, pas spécialement avantageux, on trouve moins cher chez pas mal de revendeurs en France et dans le Monde comme le prouve cette rapide recherche sur Wine-Searcher…
La combine de LIDL, c'est évidemment de tenter de faire venir dans leurs entrepôts de nouveaux acheteurs, tendance CSP+. De les faire aller à Canossa pour rester dans une tonalité germanique. Parce qu'après tout, cette clientèle-là, tant qu'à aller acheter de la merde de pousse-caddie, que ce soit chez Leclerc, Carrefour n'aurait peut-être pas un grand pas à faire pour pousser la porte d'un LIDL. Tout ça se vaut.
La combine de LIDL, c'est évidemment de tenter de faire venir dans leurs entrepôts de nouveaux acheteurs, tendance CSP+. De les faire aller à Canossa pour rester dans une tonalité germanique. Parce qu'après tout, cette clientèle-là, tant qu'à aller acheter de la merde de pousse-caddie, que ce soit chez Leclerc, Carrefour n'aurait peut-être pas un grand pas à faire pour pousser la porte d'un LIDL. Tout ça se vaut.
En plus d'Yquem, sept autres châteaux sont disponibles dans la boutique prestige, en ligne, de la "foire aux vins" 2015 du hard-discounter dont Pavie**** ou Pape-Clément (ça fait chic pour Bordeaux…). On les commande sur le web et il faut ensuite aller au LIDL de son choix les retirer. En prime, pour faire "sérieux", la chaîne s'est payé un Master of Wine, Adam Lapierre, chargé de certifier la platitude des crus vendus par ailleurs.
Dans les jours à venir, on va donc vous proposer de tout. Les prospectus, les catalogues, avec leurs tonnes de bonnes affaires écrites en caractères gras vont s'accumuler dans vos boîtes-à-lettres numériques ou postales. Des médocs, des pommards, des corbières, des champagnes de négoce ou de coopé aux étiquettes châtelaines dessinées pour l'occasion, des marques en perte de vitesse qui essayent d'écouler leurs surplus*****, des détournements aussi de vrais vins de vignerons, issus de filières marron et d'improbables stockages (qu'il vaut donc mieux se procurer dans le circuit agréé).
Sans vouloir vous priver du plaisir de déambuler comme des veaux vers l'abattoir sous les néons glauques du pousse-caddie du coin, je vais donc à mon tour y aller de mon conseil de saison: la meilleure affaire des foires aux vins, c'est de ne pas y foutre les pieds! Le vin, il y a des maisons pour ça******.
Sans vouloir vous priver du plaisir de déambuler comme des veaux vers l'abattoir sous les néons glauques du pousse-caddie du coin, je vais donc à mon tour y aller de mon conseil de saison: la meilleure affaire des foires aux vins, c'est de ne pas y foutre les pieds! Le vin, il y a des maisons pour ça******.
* Rien à voir, mais à l'inverse j'ai goûté hier mon premier 2015. 214 grammes de sucres réducteurs, 5,78 d'acidité. Ça sent le blanc de compétition! La fermentation a démarré tranquillement. Le plus drôle c'est que ça vient du sud de la France. D'un versant nord du sud. Je ne vous dis pas le cépage (certains hurleraient), mais il me tarde de le voir en bouteille, l'an prochain…
** Le baromètre de 2015 est (presque) au beau fixe, pas mal d'indicateurs sont favorables. Priorité quand même aux terroirs frais, aux sols à vigne où le raisin n'aura pas cuit, brûlé, lors des épisodes de canicule. Gare aux appellations dont les parcelles auront souffert de la sécheresse. Méfions des orages de septembre comme celui d'hier, très violent dans le Sud-Ouest, le Languedoc et l'Yonne. Espérons, espérons, mais patientons…
*** Michel-Édouard Leclerc, le gros bonnet du gros rouge, qui se confie au magazine Capital sur ses amours pinardières et nous apprend qu'avec le vin, il est "un cobaye plaisir, un cobaye jouisseur. J'aime les vins un peu couillus : les bourgognes blancs ou rouge par exemple, mais aussi certains châteauneuf-du-pape ou les vins du Languedoc, que je redécouvre depuis quelques années."
*** Michel-Édouard Leclerc, le gros bonnet du gros rouge, qui se confie au magazine Capital sur ses amours pinardières et nous apprend qu'avec le vin, il est "un cobaye plaisir, un cobaye jouisseur. J'aime les vins un peu couillus : les bourgognes blancs ou rouge par exemple, mais aussi certains châteauneuf-du-pape ou les vins du Languedoc, que je redécouvre depuis quelques années."
**** Pavie 2011 qui coûtait en moyenne 152,20€ (selon l'excellente cotation de Bertrand Le Guern) à sa sortie en primeur en 2012. Le tarif de LIDL n'étant pas particulièrement avantageux, on conçoit la grosse affaire réalisée par ceux qui avaient "investi" à l'époque…
***** Sans vouloir encore tirer sur l'ambulance, j'avais encore hier dans ma boîte mail un promo pour les corbières sponsorisés au Roundup de la coopé d'Embres-et-Castelmaure (et désormais des villages environnants), vendus chez Cora, comme dans une bonne partie de la GD.
****** Ben oui, on le dit et on le répète, le vin, ça s'achète chez les vignerons et les cavistes. À propos de caviste, une adresse en passant, à Toulouse où je suis passé récemment: la boutique L'envie de François Trauque, place des Carmes. De la diversité, pas d'œillères et un accueil plus que sympathique. Autant je ne suis guère convaincu par la nouvelle génération de cuistots-décorateurs de la Ville rose (on venait de déjeuner chez Fragiles), autant ces cavistes qui débarquent ici et là montrent une envie (c'est le cas de le dire…) et un dynamisme qui fait plaisir à voir, dans la lignée des grands anciens.
***** Sans vouloir encore tirer sur l'ambulance, j'avais encore hier dans ma boîte mail un promo pour les corbières sponsorisés au Roundup de la coopé d'Embres-et-Castelmaure (et désormais des villages environnants), vendus chez Cora, comme dans une bonne partie de la GD.
****** Ben oui, on le dit et on le répète, le vin, ça s'achète chez les vignerons et les cavistes. À propos de caviste, une adresse en passant, à Toulouse où je suis passé récemment: la boutique L'envie de François Trauque, place des Carmes. De la diversité, pas d'œillères et un accueil plus que sympathique. Autant je ne suis guère convaincu par la nouvelle génération de cuistots-décorateurs de la Ville rose (on venait de déjeuner chez Fragiles), autant ces cavistes qui débarquent ici et là montrent une envie (c'est le cas de le dire…) et un dynamisme qui fait plaisir à voir, dans la lignée des grands anciens.
Et ça a donné quoi chez Fragiles? Et un pu plus loin dans la rue des Filatiers, es-tu retourné chez Monsieur Panisse?
RépondreSupprimerJoker pour 'Fragiles', c'était tellement à côté qu'on pourrait penser à une aberration statistique. Service assez 'bizarre' également, mais il semblerait que la maison ait pris conscience du problème.
SupprimerMonsieur Panisse ou Monsieur Marius?
Oui Monsieur Marius pardon.
SupprimerJe n'ai pas réessayé, ce n'est pas ma came.
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