Air ça va bien.
J'apprends qu'il va être de bon ton de se moquer d'Air BnB. Enfin, dans les milieux autorisés. Chez ceux qui vivent dans les pages (de papier) glacées des magazines magasiniers, là où s'intellectualise en toute bien-pensance la société de consommation. Où se percutent information et publicité, où se mélangent, copulent, Le Louvre et le Sentier. Tenez, c'est ici, dans le "cahier de tendances" de L'Obs, sous la plume d'un des théoriciens du snobisme moderne, Jean-Philippe Delhomme. Je crois vraiment que je préfère quand il dessine…
N'étant malheureusement pas né avec une petite cuiller d'argent dans la bouche (et n'ayant vraisemblablement pas le goût exquis d'un ancien élève de Penninghen), je ne puis me permettre de dormir à l'Hôtel Chevalier* ou chez ses concurrents des autres capitales. Il m'arrive donc, par l'entremise de l'honni Air Bnb, de pousser des portes plus modestes. J'assume ce manquement qui m'écarte forcément de la caste des élégants bipèdes.
Tenez, la dernière fois, c'était à Londres. J'avais à faire du côté de Tobacco Dock, Commercial St, Shoreditch. Et en deux coups de clavier, on m'a proposé des appartements et des chambres dans ces parages jadis malfamés, assez peu pourvus en hôtellerie attrayante. Malgré l'affluence, je me suis payé le luxe d'hésiter: Wapping et ses superbes wharfs de brique qui toisent la Tamise; St. Katharine et les ors de la galère royale; Old Spitalfields Market et l'odeur de pain chaud de la boulangerie du St. John…
Tenez, la dernière fois, c'était à Londres. J'avais à faire du côté de Tobacco Dock, Commercial St, Shoreditch. Et en deux coups de clavier, on m'a proposé des appartements et des chambres dans ces parages jadis malfamés, assez peu pourvus en hôtellerie attrayante. Malgré l'affluence, je me suis payé le luxe d'hésiter: Wapping et ses superbes wharfs de brique qui toisent la Tamise; St. Katharine et les ors de la galère royale; Old Spitalfields Market et l'odeur de pain chaud de la boulangerie du St. John…
Finalement, j'ai jeté mon dévolu sur une petite maison géorgienne, à quatre minutes de vélo des superbes entrepôts de Tobacco Dock où j'avais rendez-vous. Du "mauvais côté" de la voix ferrée me dira-t-on. À l'orée de ce quartier où l'on enferme à perpétuité les femmes dans des prisons de tissu comme pour les punir injustement de la "mauvaise vie" de celles qu'éventra Jack. Oui, nous sommes à deux pas de Whitechapel. Ça tombe bien, l'exotisme donne des couleurs à Londres.
Chez mes hôtes, rien n'a changé ou presque depuis le XVIIIe siècle. En apparence. Comme un musée, un témoignage de ce que fut ce quartier, le confort, et un côté arty en plus. Ceux qui n'ont pas grand chose à dire trouveront ça bobo, oui, vous savez ce mot qui qualifie moins celui qui en est affublé que celui qui l'emploie**.
L'accueil est discret, sympathique, à l'opposé de ces trognes de buraliste ou d'employé des Postes que vous trouvez si souvent au guichet des hôtels classiques dont on dirait, par parenthèse, que pour la plupart ils ont été décorés par le sous-chef des services généraux d'une mairie de la banlieue rouge, haute époque. Pedro, le propriétaire est portugais, en train d'achever le montage d'une importante exposition dans un musée londonien.
Que dire de plus? Pas grand chose si ce n'est que je n'aurais sûrement jamais pu découvrir un endroit pareil sans Air Bnb, vivre ce court séjour dans ces conditions, comme à la maison.
Ah si, j'oubliais, le prix. £72 la nuit, en période d'affluence. Une autre question, Jean-Philippe?
* Clin d'œil très parisien que comprendront toutes celles et tout ceux qu'habille A.P.C., qui se sont délectés du prologue de Darjeeling Ltd dans cet hôtel qui n'est autre que le Raphaël. En prime (désolé, ma chère, de réveiller certains souvenirs…), je vous offre la version originale, live, de la bande-son de ce court-métrage dont on retiendra principalement les fesses potelées et les hématomes de Nathalie Portman.
** Je m'étais un peu étendu sur ce sujet ici, à propos justement d'une adresse de Shoreditch, (presque) voisine de cette jolie maison géorgienne.
Même bonne expérience pour un mois dans un bel appartement de Sienne en mars dernier.
RépondreSupprimerOublié le chanteur et sa chanson très "bobo parisienne", mais aucun signe des charmantes fesses de l'actrice en dehors de ta photo !
Fais-toi plaisir…
Supprimerhttps://youtu.be/HkqIVdMt_bs
Bonjour,
RépondreSupprimerJ'aime en général vos propos et je suis très généralement de votre avis. Votre blog est excellent et je le suis avec un certain plaisir : la nourriture et le vin sont une de mes passions. Je me souviens de grands articles. Si beaucoup partagent mon avis sur la qualité de vos textes peu disent que les photos sont exceptionnellement justes (par exemple, celles illustrant l'article sur la disparition de votre père étaient sublimes et digne d'être exposées).
Mais là ! Airbnb... C'est une souffrance pour ceux qui vivent dans les mêmes immeubles que ces appartements touristiques : allez faire un tour dans la Barceloneta ou dans Eixample et parlez avec les voisins de ces appartements. Vous pourriez être surpris et eut être entrevoir un ajustement de votre article.
Ce n'est que de l'exploitation des gens modestes pour fabriques des milliardaires en Californie. (et je n'ai rien ni contre les milliardaires ni contre la côte ouest des Etats Unis).
Si vous n'aimez pas les pousses caddies, vous ne pouvez pas apprécier Airbnb.
Il n'est pas utile de publier mon commentaire car il vous est destiné à titre personnel.
Bonne journée
L
"L'exploitation des gens modestes pour fabriques des milliardaires en Californie", n'est-ce pas un peu misérabiliste? Et vaguement oublieux des revenus créés localement?
SupprimerJe sais la haine du touriste (politiquement entretenue) par des leaders populistes catalans, mais enfin, d'un point de vue économique, si l'on parle de revenu dans un pays qui se redresse, l'activité touristique n'est pas moins respectable que l'aide sociale, non?
Tout d'abord, je vous présente mes excuses pour les fautes de frappe de mon précédent message; ça m'apprendra à envoyer un texte sans le relire.
SupprimerQuelques commentaires sur votre réponse :
sachez que je peux penser seul et que ce que pensent les politiques d'ici ou de là est sans objet;
Airbnb vaut aujourd'hui 25,5 milliards de dollars ou en chiffres 25'500'000'00;
parlez avec ceux qui vivent dans les mêmes immeubles, puis reparlons en;
les supermarchés que vous appréciez peu créent aussi de l'emploi;
Sujet clos car c'est de l'énergie perdue pour tous. Parlons plutôt bouffe et pinard.
Bonne journée
L