Que votre joie demeure.
Vous connaissez cette chanson de Dimey, J'aimerais tant savoir? Tenez, écoutez, c'est la version qu'en avait faite mon pote Jehan. Cette sensuelle gymnastique des mots, l'amour, le désir, puis cette phrase, "je ne crois pas en Dieu, mais j'aime les églises". Je l'avais en tête en déambulant entre les colonnes bigarrées de Notre-Dame-la-Grande de Poitiers durant un concert improvisé.
Je ne connais pas le Futuroscope, ouvrage que je ne veux en aucune manière dénigrer, mais j'étais frappé par la modernité de ce monument roman, ces couleurs plus ou moins originelles, ressuscitées au XIXe siècle et qui d'ailleurs avaient fait scandale à l'époque. Indigné, le très catholique Huysmans les qualifia de "tatouages". Il est vrai qu'on y ressent l'empreinte de la chrétienté primitive, voire d'un paganisme venu de Mésopotamie, d'Orient. Ou peut-être tout simplement du sol de Notre-Dame-la-Grande où, comme le veut la coutume s'élevaient avant elle des temples antiques.
Difficile en sortant de ce "musée d'art moderne", en détournant soigneusement le regard de l'horrible marché couvert* (dont l'architecte mériterait un prix de l'esthétique conseilgénéralienne), de ne pas se représenter la façade de l'église, romane et poitevine, peinturlurée, bruyante de couleurs, "tatouée" elle aussi comme elle a du l'être un temps, avant que l'on imagine qu'en dehors du blanc immaculé, point de salut. Avant que l'on ne demande au rouges, aux bleus, aux jaunes, aux verts de se taire.
Un bon musée, c'est aussi une bonne cantine. Celui de Poitiers en possède une, à deux minutes à pieds, de l'autre côté de la place, à côté de la franchise poitevine de Sciences-Po. La cantine en question vient d'ailleurs de changer d'enseigne, son nouveau nom est direct, simple à retenir: La Bonne Quille.
Merci à Bruno Lautin, un fidèle lecteur et un habitué des lieux de m'y avoir envoyé. Et ce pour au minimum une bonne raison, une bonne quille, en parfaite continuité avec la visite artistico-religieuse qui venait de s'achever.
Merci à Bruno Lautin, un fidèle lecteur et un habitué des lieux de m'y avoir envoyé. Et ce pour au minimum une bonne raison, une bonne quille, en parfaite continuité avec la visite artistico-religieuse qui venait de s'achever.
Oui, Que Votre Joie Demeure, difficile de faire mieux! D'autant que dans Notre-Dame-la-Grande, c'est du Bach qui résonnait sous les voûtes romanes. Le joli chinon 2014 de Gérard Marula, franc et direct, a coulé dans ma gorge avec la délicatesse de la pièce finale de la cantate BWV 147** de Johann Sebastian, avec cette même impression de facilité, d'aisance, de naturel. Cela dit, ayant croisé Gérard Marula***, mon petit doigt me dit que le vigneron de Pissot a été davantage inspiré par les échappées virgiliennes de Giono que par la musique liturgique de Bach, à voir…
Merci en tout cas pour ce vin joyeux, droit comme un i, idéal sur une jolie hampe de vache parthenaise, forte en goût, elle-même précédée de vraies tomates, mondées, et d'une jolie terrine maison agréablement arrosée de l'indispensable Les Houx 2013 d'un autre vigneron moustachu, Jo Landron, un des virtuoses du muscadet qu'il plus besoin de présenter.
Agréable endroit donc que cette Bonne Quille, une cuisine de bistrot, sans fleurettes, un joli lieu, et l'accueil très pro, sympa, d'un taulier qui avouait pourtant s'être fait bousculer la soirée précédente: certains avaient fait des trous dans les casiers à vins. Notre joie est demeurée jusqu'à la fin, un excellent baba au rhum.
Merci en tout cas pour ce vin joyeux, droit comme un i, idéal sur une jolie hampe de vache parthenaise, forte en goût, elle-même précédée de vraies tomates, mondées, et d'une jolie terrine maison agréablement arrosée de l'indispensable Les Houx 2013 d'un autre vigneron moustachu, Jo Landron, un des virtuoses du muscadet qu'il plus besoin de présenter.
Agréable endroit donc que cette Bonne Quille, une cuisine de bistrot, sans fleurettes, un joli lieu, et l'accueil très pro, sympa, d'un taulier qui avouait pourtant s'être fait bousculer la soirée précédente: certains avaient fait des trous dans les casiers à vins. Notre joie est demeurée jusqu'à la fin, un excellent baba au rhum.
* Nous y avons toutefois trouvé de délicieuses Spéciales n°2 de Papin qui à elles seules sauvent la laideur du lieu. Quelques jolis petits stands à l'extérieur, dont un vendeur de boudin et quelques cultivateurs.
** Les lecteurs germanophones noteront d'ailleurs la bizarrerie de la traduction française du Jesu bleibet meine Freude.
*** Sur le double conseil de Damien Lherbette, le caviste voisin de Gérard Marula, à Candes-Saint-Martin, et de mon camarade naturiste-en-chef, Éric Cuestas, des Temps des Vendanges de Toulouse et Plaisance-du-Touch. Qui m'a engueulé d'ailleurs parce que je n'étais pas passé le voir lors de ma dernière visite dans la Ville rose, et il a bien raison! En attendant que je lui rende visite, faites-le pour moi…
De quoi retrouver la foi !
RépondreSupprimerSans avoir mal au foie…
SupprimerC'est loin Poitiers ?
RépondreSupprimerTout dépend d'où l'on part…
Supprimer"Caminante no hay camino, se hace camino al andar" - Machado
SupprimerLa musique, cette autre sève
RépondreSupprimerLambarena : Bach to Africa
Entre austérité et boisé, voix et percussions, un album "arrangé" de naïveté et de complexité : "(...) reste ma joie".
Sinon, pour les uns et et les autres, l'excellente initiative d'un pasteur Suisse : bachoque.ch