Cauchemar au restaurant.
Cette scène, vous l'avez tous vécue. On s'attable au restaurant, dans l'idée de passer une bonne soirée, le maître d'hôtel apporte le menu, le sommelier la carte des vins. "– Si je choisis la bécasse, tu prends la tourte aux grouses et tu me fais goûter, d'accord? En plus, ça ira bien avec le cahors ". Le serveur dépose trois cochonneries à grignoter, on goûte le blanc en attendant les entrées, madame est pimpante avec son vernis à ongles rouge 999, tout va pour le mieux, et, telles les sept plaies d'Égypte, débarque le cataclysme…
Le cataclysme en question, vous l'avez deviné, arrive sur roulettes, a la forme d'une poussette ou en est sorti il y a peu. "Mais comment se fait-il que cet enfant ne soit pas couché?" s'interroge, perfide, la dame de la table voisine. Oui, à vingt-et-une heures trente, une petite histoire, un câlin et un bon lit… En attendant, c'est comme ça, le chiard est là et bien là, signalant son entrée par un hurlement assez semblable à celui d'un cochon qu'on égorge. "Ne t'inquiète pas, il est impressionné par le lieu, les gens, il va se calmer…"
Tu parles. L'orchestre va crescendo. À tel point qu'au moment précis où l'on nous apporte les tricandilles et le joli consommé aux truffes, les parents se voient dans l'obligation de libérer leur otage resté jusqu'à présent saucissonné comme un pilote de Formule 1 dans son engin à roulette dernier cri, muni de suspensions à ressort vermillon semblables à celles d'une voiture de course. Le mauvais esprit aidant, j'essaie d'évaluer le prix du bolide, tentant même une rapide conversion en tarif-horaire de baby-sitting étudiant*.
Toujours est-il que c'est à ce moment précis que, pour tous le reste de la salle, s'achève le repas. Car visiblement, il n'est pas prévu que le petit ange blond se sustente, il est juste là pour faire chier. Pendant que ses parents font comme si de rien n'étaient, détournent le regard alors que le fruit de leur entrailles court en hurlant entre les tables, percutant de temps à autre un personnel gêné mais tenu à son sacro-saint "devoir de réserve", y compris devant l'inévitable crise de nerfs.
La tension monte. Les regards se croisent, par transmission de pensée, l'on comprend que l'envie d'une remontée de bretelles, voire d'un coup de pied au cul est encore plus partagée que l'arrivée du plat suivant. De toute façon, on ne s'entend plus parler, le délicieux côtes-du-roussillon du Fenouillèdes s'est instantanément transformé en piquette, le cahors semble né à la coopé de Parnac tandis que la bécasse ressemble en plus foncé à un coquelet aux hormones. Même la tourte aux grouses, spécialité de l'établissement, me procure autant de plaisir que le dernier parmentier de canard "saveur gersoise" Davigel (une spécialité maison) qu'on m'a servi dans un bar à vin pour touristes.
Vous l'avez compris, ce que j'écris là est un condensé, ou plutôt un patchwork de différentes (mauvaises) expériences vécues grâce à la merveilleuse éducation et à la grande tolérance de parents d'enfants "hyperactifs" comme on appelle désormais pudiquement les gamins casse-couilles. Mais tout cela remonte à la surface à cause d'une histoire en provenance d'Australie, au nord-est de l'état-continent, dans le Queensland vers Cairns, à Yungaburra..
Le propriétaire du Flynn's, Liam Flinn a fait cet été la Une du Cairns Post et de pas mal de médias australiens à cause de (grâce à?) sa décision d'interdire l'entrée de son établissement franco-italien aux enfants de moins de sept ans. Mister Flynn n'a pas digéré une altercation avec un couple, début juillet; leur petit faisait un caprice, au point que le chef est sorti de sa cuisine pour demander au parents d'intervenir et faire prendre l'air au héros du jour. Ce à quoi la mère a répondu par un tonitruant: "fuck off!".
Certains ont été choqués, d'autant plus que l'endroit continue d'accepter les chiens, mais Liam Flynn a expliqué devant les caméras de télé qu'au lieu de lui causer du tort, cette affaire lui a fait de la pub et qu'il a réalisé son plus gros chiffre d'affaires en quatorze ans d'activité. Selon lui, l'ambiance est meilleure, les clients dépensent plus et commandent davantage de vin fin. Ce n'est pas aux enfants qu'il en veut, mais aux parents passifs qui ne bougent pas le petit doigt quand leur progéniture se déchaîne.
Le propriétaire du Flynn's, Liam Flinn a fait cet été la Une du Cairns Post et de pas mal de médias australiens à cause de (grâce à?) sa décision d'interdire l'entrée de son établissement franco-italien aux enfants de moins de sept ans. Mister Flynn n'a pas digéré une altercation avec un couple, début juillet; leur petit faisait un caprice, au point que le chef est sorti de sa cuisine pour demander au parents d'intervenir et faire prendre l'air au héros du jour. Ce à quoi la mère a répondu par un tonitruant: "fuck off!".
Certains ont été choqués, d'autant plus que l'endroit continue d'accepter les chiens, mais Liam Flynn a expliqué devant les caméras de télé qu'au lieu de lui causer du tort, cette affaire lui a fait de la pub et qu'il a réalisé son plus gros chiffre d'affaires en quatorze ans d'activité. Selon lui, l'ambiance est meilleure, les clients dépensent plus et commandent davantage de vin fin. Ce n'est pas aux enfants qu'il en veut, mais aux parents passifs qui ne bougent pas le petit doigt quand leur progéniture se déchaîne.
On peut voir dans cette attitude de bons vieux relents soixante-huitards, l'enfant-roi, la libre éducation, etc, etc… Pourtant, sans tomber dans la psycho à deux balles (les gosses y ont suffisamment droit à l'école et alentours), difficile de ne pas y voir une conséquence d'un état d'esprit occidental qui fait des enfants une espèce d'objet de luxe, le centre du monde, une star à laquelle on ne peut répondre que oui, le "non" était d'ailleurs tellement inconfortable. Dans ces conditions, on réorganise, on arrange l'univers autour de l'enfant au lieu de lui apprendre le monde réel où il devra peu à peu gagner sa place, en apprenant, en grandissant. La macdolnadisation des esprits aidant, on va bientôt trouver bizarre qu'un restaurant ne soit pas équipé d'une salle de jeu incorporée. Problème complexe d'une société où l'on mélange un peu tout, où chacun a un peu de mal à trouver sa place, où l'enfant n'en est plus tout à fait un. Et transforme son malaise en cauchemar des autres.
* Oui, ça coûte une ou un baby-sitter, ce n'est pas toujours facile de trouver une mamie, un tonton, une cousine, une voisine, un ami, un grand frère, une grande-sœur pour s'occuper du petit. C'est assurément un vrai problème pour les parents, mais ça ne doit en aucun cas être celui du client de la table d'à côté…
Ô combien je partage votre témoignage cher Vincent ! Vivons heureux, vivons cachés comme dirait l'autre. Je partage !
RépondreSupprimerTellement vrai...!!!!
RépondreSupprimerTrès bien dit. Bravo!
RépondreSupprimerSuper article, en aucun cas doit-on se retrouver pris en "Otage" par le manque d'éducation d'un enfant....
RépondreSupprimerSi ce n'était qu'au restaurant...:(
RépondreSupprimerClair !!!! Je ne vais plus au restau avec mon petit crapulozore..... sauf pour manger une crêpe vite fait.... :(
RépondreSupprimerVous n'êtes jamais allé en Allemagne ? Vous sauriez ce que c'est que le monde de "l'enfant roi".
RépondreSupprimerPas autant qu'au Danemark ou en Suède...c'est dément...
SupprimerApprendre à ses enfants à savoir se tenir à table au restaurant comme partout ailleurs, et les laisser tranquilles là où ils peuvent se défouler....pas si compliqué. Je ne comprends pas... Les parents craignent d'être détestés par leurs enfants! Alors que de toutes façons ils vont nous détester a une période ou une autre de leur croissance, étape normale et constructive.
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