Vous voulez faire des économies, madame Touraine?
La Ministre de la Santé planchait aujourd'hui devant la commission des affaires sociales de l'Assemblée nationale. Il était question d'un problème récurrent, le financement de la Sécurité sociale et le projet de loi afférent qui sera examiné à partir du 22 octobre par les députés.
Le leitmotiv est connu: "on dépense trop!" Ou en tout cas, on dépense beaucoup plus que ne nous le permettent nos moyens. Et la cible du prochain Projet de Loi de Financement de la Sécurité sociale, c'est le médicament.
"Pourquoi mettre à contribution le médicament interroge Marisol Touraine? Parce que la dépense de médicaments en France reste très nettement supérieure à d'autres pays européens. Cette dépense […] est anormalement importante, […] cela est une réalité que l'on ne peut pas écarter d'un revers de la main." Le projet de budget de la Sécurité Sociale prévoit donc "un gros effort" pour la branche maladie, la plus déficitaire, en particulier sur les médicaments, avec une économie d'un milliard d'euros. Au passage, il conviendra de s'interroger sur les raisons profondes de cette surconsommation très française de drogues légales, notamment en ce qui concerne les antidépresseurs et les anxiolytiques où nous figurons régulièrement sur le podium des championnats du Monde. Mais, c'est un autre débat…
Modestement, avec tout le respect que j'ai pour la personne de madame la Ministre de la Santé et pour sa fonction (dont, je l'avoue, le patronyme carmésien chante à mes oreilles comme le bruit d'une fillette de breton), j'ai envie de lui indiquer quelques pistes, quelques gisements d'économies supplémentaires. Rassurez-vous, amis lecteurs, il ne s'agit pas remplacer le Lexomil ou le Tranxène du soir par un gorgeon de rouquin non remboursé, lui, par la Sécu. Non, je lui suggère plutôt de s'intéresser aux associations prohibitionnistes du style de celle que j'évoquais hier au travers de son dernier dérapage, l'ANPAA*, des associations très richement dotées par l'État, via le Ministère de la Santé et la Caisse Primaire d'Assurance-Maladie.
Pourquoi donc? D'abord en raison des flux financiers conséquents dont continuent de bénéficier ces structures alors même que leurs résultats ne sont visiblement pas à la hauteur des espérances. On boit un peu moins de vin, certes (leur ennemi absolu, celui qu'il faut combattre comme les pédophiles et les néo-nazis) mais le binge-drinking gagne du terrain, bref, ils ne seraient pas d'une efficacité absolue. Il est vrai, que, quand on consulte le budget de l'ANPAA**, pour ne citer qu'elle, on se rend compte qu'il s'agit d'une association très gourmande en frais de personnel, ceux-ci représentant 70% de ses dépenses. À titre d'exemple, au cours de l’exercice 2012, les trois plus hauts cadres dirigeants de l'ANPAA ont perçu au titre des rémunérations brutes versées et des avantages en nature la rondelette somme de 212152€ soit en moyenne 70717€ par tête, soit en moyenne 5813€ par tête et par mois. Pour une association Loi 1901, ça reste très correct.
Soyons honnêtes, ce genre d'associations remplissent aussi des missions d'intérêt public qu'il ne s'agit pas ici de contester. Ce qui est gênant en revanche, comme je le soulignais hier, c'est l'intégrisme, le fanatisme de cette croisade anti-vin, cette haine contre le vin que les propos honteux d'hier ont révélé une fois de plus. Oui, quand le directeur de l'ANPAA compare la lutte contre le vin sur Internet avec celle contre les pédophiles ou les néo-nazis, c'est intolérable. Ça l'est d'autant plus qu'il va le faire dans un magazine américain, un des marchés majeurs pour les entreprises vinicoles exportatrices. Est-il besoin de rappeler que les vins et spiritueux sont la deuxième activité excédentaire du Commerce extérieur de la France (qui en a bien besoin)?
Cet acte de piraterie ne peut pas rester sans réponse, les pendules doivent être remises à l'heure. Que l'ANPAA ou des structures identiques, subventionnées, jouent leur rôle, très bien. Que leurs employés, nourris par l'argent des subventions, deviennent, contre l'intérêt national, des ayatollahs de la prohibition, des "ennemis de l'intérieur"c'est insupportable, inadmissible et indigne.
* L'Association Nationale de Prévention en Alcoologie et Addictologie.
** Jacques Berthomeau a consacré plusieurs articles sur son blog Vin & Cie au budget de l'ANPAA dont il a été membre afin d'en étudier le fonctionnement.
Ah ah, je ne l'avais pas vu passer celui-là. Parfait. Mais le lien que nous établissons tous avec la surconsommation d'anxios n'est pas un autre débat. Beaucoup de gens s'interrogent sur les liens entre les assoces et l'industrie pharmaceutique.
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