Formidables!


Pour la grasse matinée, encore une fois, ce n'était pas le jour. Quand Vasco, le Portugais, est arrivé, il faisait encore nuit noire. C'était la fête pourtant hier soir. C'était la fin, une vendange éclair, en treize jours, raccourcie par le manque de grenache, qui, ici à la frontière du Languedoc et du Roussillon, comme dans une bonne partie du Sud de la France a coulé au printemps.


2013, oui, a été stressant. Un drôle de millésime avec ces pluies d'avril qui avaient repeint de vert les Corbières, le labour n' y suffisait pas, il a fallu tondre les vignes comme un terrain de rugby, puis cet été, un vrai été, mais sans excès, qui n'a pas rattrapé le retard du départ, un été de peur et de tristesse en lisant les malheurs, ces déluges de grêle qui s'abattaient sur les copains de Bourgogne, du Bordelais et d'ailleurs. Et l'attente, interminable de la maturité, de la cueillette, ce long et beau mois de septembre, l'eau quand il fallait. Ce "pot de cocu" aussi, vers la fin, quand le vent du Nord, celui qui traite les raisins bien mieux que tous les produits du monde, a sauvé la mise.


Là, ce matin, c'est le rituel. Les mains encore collées par le jus du mourvèdre bien mûr, Vasco nettoie une à une les comportes rouges. Pendant ce temps, il faut faire les paperasses, appeler la MSA, préparer la paye des porteurs et des coupeurs, compter les seaux, ranger les sécateurs, penser au banquet, à la viande qu'il faudra griller, au vin à remonter. Remercier le peuple des vendanges et le bon Dieu aussi.


Bien malin celui qui peut prédire le verdict des cuves. On va laisser ça au types de Paris. La seule certitude, c'est qu'il n'y aura pas assez de vin.
Sinon, tout va bien. Malgré la température ambiante, les fermentations ont démarré sans problème et ça sent bon. Ça sent le fruit frais. Ce cycle de maturation anormalement long, les nuits froides de septembre n'y sont sûrement pas pour rien. À l'époque du degré/hecto, au "bon vieux temps" des coopés à la betterave et du vin au kilo, on aurait fait la gueule, c'est sûr. En 2013, l'alcool n'est pas au rendez-vous. 13°, 14°, en moyenne, il n'y a pas de degré mais c'est mûr. Les peaux, les pépins sont mûrs. Ça tombe bien, c'est avec ça qu'on fait le vin rouge!


Mais, il a fallu bosser. Il a fallu trier, ce qui n'est pas toujours une habitude dans le Sud de la France. Et encore une fois, ça sent bon. Il suffit de regarder ces gueules réjouies autour des premières pressées, sentir ces nez de fruits rouges des premiers gâteaux de marc. Attendre. Espérer. Croire. Donner la main aussi aux quelques uns qui finissent de couper les derniers carignans. Se rendre compte peu à peu que 13 ne porte pas forcément malheur. Au contraire.
Et repenser au travail de tous, aux éclats de rire et aux coups de gueule. Penser aux mains des vendangeurs, à l'application qui cette année plus que tout autre était indispensable. À cette concentration. À ces efforts. À ce collectif. Comme je le disais l'autre soir quand les garçons du Stade* sont allés gagner à Londres, "celle-là, il fallait aller la chercher!" Vous étiez formidables!




C'est évidemment de rugby dont il s'agit, amis! Du Stade Toulousain, vainqueur à Wembley des Anglais des Saracens.


Commentaires

  1. Merci de nous faire partager cet instant de vendange, vu de l'intérieur !
    On y sent toute la passion de l'élaboration d'un nouveau millésime. Passion, passionnant, passionnel...

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  2. Vincent était trop bien habillé ce matin pour mettre mon projet à exécution !
    GRRRRrrrrrr mais ce n'est que partie remise .... Cet aprem peut être :)

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