L'immigration, une chance pour la France.
— Quelle garniture doit-on préparer avec la saucisse de canard?
— On ne va pas se compliquer, juste quelques raviolis. Des raviolis de Mario, il nous en a fait aux fèves fraîches.
Mario, c'est Mario Mura, il est sarde. De Busachi, dans la province d'Oristano, là où on produit la vernaccia, ce cépage dont les racines plongent dans la Nuit des Temps. Mais, ses raviolis et ses pâtes fraîches, il ne les vend pas sur son île mais dans le Sud-Ouest de la France, au marché couvert d'Albi, dans une délicieuse petite halle de fer et de brique*, à deux pas du Musée Toulouse-Lautrec et de cathédrale Sainte-Cécile. Mario, c'est un Italien comme dans les films, avec sa gueule, son accent, sa faconde, ses mains qui parlent pour lui. Je suis un inconditionnel de ses pâtes.
La dernière fois, donc, Mario avait préparé des raviolis aux fèves. Tout simplement. Et il se trouve que de l'autre côté du marché, est installé un autre des fournisseurs attitrés de mes parents, La Ferme de Rayssaguel, la famille Rolland, éleveurs de canards gras sur la route de Millau. Et qu'on y vend, entre autres, une délicieuse saucisse de canard. Eh bien, vous savez quoi? Le ravioli sarde aux fèves + la saucisse de canard albigeoise (saignante à cœur), avec en prime une bouteille du marcillac de l'ami Teulier, c'est l'accord parfait, une nouvelle et authentique une spécialité tarnaise, un plat du Sud-Ouest à part entière. Et la preuve que, comme l'avait écrit Bernard Stasi (encore un Rital!), que l'immigration est une chance pour la France. Car finalement, regardez Mario, vous voyez, l'intégration, c'est simple comme bonjour. À condition qu'il y ait du travail, de l'envie, de l'amour. Apportés par des hommes de bonne volonté sur une terre accueillante, forte de son identité et de sa culture jamais reniées mais toujours enrichies.
Je ne vais pas vous refaire, puisqu'on est dans le Sud-Ouest, le coup du cassoulet**, ce bougnoule, ce fils d'immigrés arabes, ritals et latinos devenu un symbole de l'art de vivre du pays toulousain jusqu'à en imprégner le radicalisme, mais il y a de ça. Pas de la fusion-food, un peu barbare, cul-par-dessus-tête, bordélique. Non, juste un bel accord de terroir, de l'enrichissement. Dans les règles de l'art. Et le respect mutuel.
Je ne vais pas vous refaire, puisqu'on est dans le Sud-Ouest, le coup du cassoulet**, ce bougnoule, ce fils d'immigrés arabes, ritals et latinos devenu un symbole de l'art de vivre du pays toulousain jusqu'à en imprégner le radicalisme, mais il y a de ça. Pas de la fusion-food, un peu barbare, cul-par-dessus-tête, bordélique. Non, juste un bel accord de terroir, de l'enrichissement. Dans les règles de l'art. Et le respect mutuel.
* Délicieuse bien que grignotée par le cancer de la grande distribution et un peu trop rénovée façon gymnase de banlieue, aseptisée; boutons les architectes et redonnons-lui vite un peu de ce fouillis, de charme qui font de nos marchés une légende.
** Je vous en reparlerai d'ailleurs du cassoulet, des haricots plus exactement, parce que j'ai lu à ce sujet un papier à la con dans Le Monde à table, un papier folklorique, genre magazine de salle d'attente, qui manque singulièrement de fond, un papier de journaliste, un papier qui sent plus l'ambre solaire que l'huile de coude.
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