Vin, taxes et Internet: ça va mieux en le disant.


La France va-t-elle continuer à se tirer des balles dans le pieds? Les Pouvoirs publics, tous bords confondus, vont-il continuer à laisser la bride sur le cou à une clique d'hygiénistes, de prohibitionnistes subventionnés qui n'ont de cesse de stigmatiser le vin. Comme je l'écrivais la semaine dernière, au passage, cela fait le lit des extrémistes et de notre pays la risée du Monde entier.
La goutte d'eau qui a fait déborder le vase, c'est ce projet farfelu publié sur le site de Matignon, le Plan gouvernemental de lutte contre la drogue et les conduites addictives 2013-2017, validé par le Premier Ministre en conseil interministériel, le 19 septembre dernier.


On y trouvait, "par erreur" a-t-on ensuite expliqué (information révélée sur ce blog), une abracadabrante interdiction du vin sur Internet. La bourde semble effacée, jusqu'à la prochaine fois, il convient quand même de se pencher sur ce Plan gouvernemental, un document officiel dans lequel on constate, même si c'est flou, qu'on y envisage toujours de "réfléchir sur les conditions de promotion de l’alcool" (donc du vin qui y est plus que jamais considéré à ce titre comme une drogue). "À cet effet, un groupe de travail pluridisciplinaire sera piloté par la MILDT", cette même entité qui a applaudi des deux mains le rapport Reynaud qu'elle avait commandé et qui voulait interdire le vin d'Internet. Tout cela se trouve au bas de la page 43 du Plan, article 3.1.2.1, et là; je ne pense pas qu'il s'agisse d'une erreur de copier-coller. À suivre, donc, car ce combat relève plus du marathon que du cent-mètres.
Mais, un autre point de ce Plan gouvernemental concerne le prix du vin, ça se trouve page 20, à l'article 1.1.4. À aucun moment le mot taxe n'est prononcé, mais il est question de rendre "moins attractifs" les prix de vente de "certaines boissons alcoolisées". Le flou, là encore, mais le vin étant, pour des raisons culturelles, économiques et patrimoniales, moins taxé en France que les alcools forts ou la bière, il n'est pas aberrant d'imaginer que ce soit ce produit qui soit visé par cette phrase.


Stéphane Le Foll, le Ministre de l'Agriculture, était ce matin l'invité de RMC. Interrogé par Jean-Jacques Bourdin sur le fait de savoir si le vin serait frappé par de nouvelles taxes nichées dans différentes propositions de Loi, voici la réponse de Stéphane Le Foll:
 "Non, j’ai dit à l’Assemblée et je l’ai répété qu’il n’y aurait pas de taxe en 2014 et 2015. Pas de taxe tant que je suis ministre de l’Agriculture. Je suis frappé de tous ces débats. La consommation de vin en France a été divisée par trois. Il faut être vigilant, mais le vin est un élément de culture de repas, de partage, un élément de fierté, il faut être dans un équilibre nécessaire entre la santé publique et le vin dans l'idée de la gastronomie. C'est ma ligne depuis le départ."
Ça va mieux en le disant, espérons que ses collègues du Gouvernement auront compris le message. Quoiqu'il en soit, la vigilance s'impose.



Commentaires

  1. Je suis un criminel
    En effet j’ai passé toute ma petite carrière professionnelle à faire ou à vendre du vins. J’ai fournis de plein gré et connaissant les risques des hectolitres de boisson hydro-alcoolique à base de raisin. Mon crime : je suis caviste, vous savez ses petits boutiquier de provinces vicieux et obséquieux, qui cherche profit a cours termes, empoisonnement de leurs concitoyens pour faire fructifier leur petit capital.
    Voilà à quoi le club de la « bien pensance hygiéniste de gauche » voudrait nous cantonner. Je dis de gauche car elle n’est pas la même que celle de droite, celle de droite culpabilise devant le plaisir de manière chrétienne dans une forme de réminiscence du pécher de gourmandise. Celle de gauche considère que les individus ne savent ce qui est bon ou mauvais pour et qu’il faut les aider par des cadres législatifs.
    Je suis caviste d’une petite ville de province sans histoire avec ses bourgeois, ses bobos, ses vielles dames un peu gourmandes ses jeunes curieux qui ce constitue une cave et un palais.
    Des générations d’alcooliques en puissance de quoi quadrupler le déficit de la Sécu ? Non juste des Français lambda curieux et gourmands qui s’offrent un petit plaisir du Week-end. Avec déjà (ils ont presque réussit) quelque chose d’un brin de honte de sombrer dans ce plaisir. L’alcoolisme, c’est ma voisine épicière qui gère, les canettes de 8/6 la villageoise… Quand on parle de vin, du plaisir d’en boire, la qualité fait place à la quantité. Le Vin et la table c’est nous c’est la France. Luter contre ça c’est renier notre culture notre histoire notre identité. Finalement ce sont ces hygiénistes qui ne sont pas Français.
    Que le Vin demeure.

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  2. La "bien pensance hygiéniste" ne fait pas de politique. Les pseudo-experts qui ont pondu ce rapport auraient fait de même sous n'importe quel gouvernement, qu'il soit de droite ou de gauche. Et les politiques auraient sans doute suivi de la même manière. Depuis que les épidémiologistes et la médecine préventive ont pris le pouvoir médical, ils n'ont de cesse de vouloir nous envoyer dans le meilleur des mondes possibles, celui où l'on est censés vivre plus longtemps à moindre coût pour la société. Dans un genre de Meilleur des Mondes façon Huxley, quoi. Vivre mieux, par contre, c'est facultatif...

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    1. Eh oui, Olif, "les Pouvoirs publics, tous bords confondus" ai-je écrit tout en haut de cette page. Malheureusement.

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    2. Je suis bien d'accord avec vous mais les raisons sont différentes en fonction du bord c'est pour sa que j'en ai parlé.

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    3. Taxons le vin dangereux pour la santé mais quid de la mal bouffe vecteur d'obésité et de diverses maladies cardio vasculaires. Tapons sur les bobos et pseudo bourgeois de droite qui boivent du vin, eux peuvent payer mais ne touchons pas au casos consommateurs de mac Do et Lidl , électorat de gauche.

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  3. Tout le monde ne cède pas en France à l'offensive des prohibitionnistes. Pour preuve, le dossier mis en ligne hier par la web radio Canal Académie (http://www.canalacademie.com/) et titré "Peut-on encore aimer le vin ?". Un extrait pour se mettre en bouche : "L’histoire du vin se confond avec celle de l’humanité. Les Grecs anciens lui avaient consacré un dieu. Les Hébreux et les Chrétiens le célébraient comme un breuvage sacré et les Français persistent à y voir une composante centrale de leur identité. À raison, car la culture du vin ne se résume pas à sa composante agricole… Rabelais y décelait un signe de haute civilisation, rejoint quelques siècles plus tard par Louis Pasteur, le scientifique affirmant qu’il est “la plus saine et la plus hygiénique des boissons” avant d’ajouter qu’il y a “davantage de philosophie et de sagesse dans une bouteille de vin que dans tous les livres”. Mais qu’en est-il aujourd’hui ? Alors que le vin est de plus en plus fréquemment envisagé sous l’angle de la seule addiction, peut-on encore aimer le vin ? Et s’interdire de l’aimer, n’est-ce pas s’amputer de la meilleure part de nous-même ?"

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