Coquillages & moutons.


Selon des sources concordantes, les foodistas parisiennes* viennent d'inventer les navajas et les percebes. Bon. Panurgisme oblige, ça veut dire qu'on va en voir en photo un peu partout pendant six mois, et sur les cartes des endroits à la page. "Mais comment? Tu n'en as pas mangé!" Ça signifie aussi qu'en Espagne les prix vont légèrement augmenter et que ces pauvres mariscos (enfin pas si pauvres que ça si l'on parle des percebes…) vont être préparés, éventuellement massacrés à toutes les sauces. Je vois d'ici l'assiette graphique, très grande, sombre comme l'allure du chef (il pense) avec un navaja, un couteau perdu dans un coin, escorté d'un jet de vomi-de-chien-qui-se-purge (espuma ou écume en langue créative).
Franchement, pour les couteaux, je m'en fiche, les touristes préfèrent en général les gros, trop souvent caoutchouteux, qui n'ont pas grand intérêt. On continuera d'en trouver de minuscules qu'on passe vivants a la plantxa et qu'on sert avec une infime persillade. Je ne devrais pas le dire, mais les meilleurs que j'ai mangés, c'était à l'embouchure de l'Èbre, une vingtaine de kilomètres à l'aval de deux centrales nucléaires tchernobyliennes**; je vous donne l'adresse si ça ne vous effraie pas, c'est le restaurant Les Algues, sur la plage de Sant Carles de la Ràpita, où j'avais au passage découvert le gentil vin du Celler Bàrbara Forés, El Templari, produit tout près de là, en DO Terra Alta. Pour les percebes, les poucepieds, je m'en tape aussi, juste parce que, personnellement, je trouve ça surfait. En revanche, j'entends d'ici les précieuses ridicules, les moutons et les brebis s'extasier devant les arômes "iodés"*** de ce coûteux (ça, le prix élevé, c'est un bon point!) crustacé cirripède marin à pédoncule charnu et court. Remarquez, les percebes, tant que ça ne sent pas le mazout comme au temps du naufrage du Prestige, c'est toujours ça de gagné…



* Ne vous fiez pas au féminin, ces élégants bipèdes sont indifféremment de sexe mâle ou femelle.
** Et actuellement menacées comme toute la région du Delta de l'Èbre par des tremblements de terre d'origine humaine, dus semble-t-il à un projet de stockage souterrain de gaz, le projet Castor, fait en dépit du bon sens, sans études préalables. C'est la mobilisation générale dans le secteur comme le montre la Une du journal régional.
*** Ça, c'est un private joke, clin d'œil à mon camarade Thomas qui faisait la cuisine dans le poste et qui n'a de cesse d'expliquer (c'est exact) que l'iode n'a pas d'odeur.


Commentaires

  1. les touristes préfèrent en général les gros, trop souvent caoutchouteux .... et sableux
    béééhhhh béééhhhh

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  2. Les piballes du fameux Ibaï de Donostia sont très bonnes et très chères, Vincent.
    A accompagner d'un bel albarino, à la fraîcheur saline.
    Le percebes et les kokotxa sont un peu plus abordables ! :-)

    Certains disent qu'Ibaï est un des meilleurs restaurants de fruits de mer du monde ...
    Ton avis ?

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    1. Aucun, car je n'y suis pas encore allé, je fréquente trop peu le Pays basque et c'est un tort car on y mange mille fois mieux qu'en Catalogne!
      Celà étant, je préfère manger les pibales en Médoc, aussi bonnes et moins coûteuses…

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