Je suis un pédophile pro-nazi dissident.

En fait, ce n'est pas un coming-out, c'est juste que je ne le savais pas. Mais je l'ai appris en lisant le Wine Spectator*. Le magazine pinardier américain revient avec effroi sur ce qu'il se passe en France, sur la guerre que les prohibitionnistes de tout poil, ceux qui veulent notre bonheur malgré nous, on déclaré au vin.

Et pour ce faire, il est allé interroger ceux qui font figure de fer de lance de ce combat contre le patrimoine national (et son économie), les gens de l'ANPAA, l'Association Nationale de Prévention en Alcoologie et Addictologie. Vous pouvez lire cet article ici. Rien de bien nouveau sous le soleil, ses représentant expliquent comment ils souhaitent détruire la culture française du vin, de quelle façon il faut le taxer (au détriment du vin populaire afin de précipiter la masse dans la bière et l'alcool industriel…) et surtout, un de leurs grands dadas, comment le censurer**.

Patrick Elineau, le directeur de l'ANPAA détaille en effet les façons de mettre un terme à l'usage d'Internet pour parler du vin et pour en faire la promotion; il est question de Facebook, Twitter et des blogs, comme par exemple celui que vous êtes en train de lire, qui a le malheur de consacrer une partie de ses chroniques à la Dive Bouteille***. Interrogé sur la difficulté de mettre en place cette censure de la Toile, sans mollir, monsieur Elineau cite l'exemple de la traque en ligne des dissidents réalisée par le gouvernement chinois ainsi que celle des pédophiles en Australie. Et d'ajouter, deux points, j'ouvre les guillemets: "quand vous voyez ce qu'on arrive à faire avec les sites Web néo-nazis, vous comprenez qu'il y a des manières de réagir."

Est-il besoin de commenter cet amalgame, ce délire? Si encore ce monsieur était saoul comme un cochon, il aurait l'excuse, la circonstance atténuante de l'ivrognerie, du propos d'après-boire. Mais, franchement, même beurré comme un petit Lu… Cela confirme en tout cas cette obsession de la censure, ce désir secret, obsessionnel de faire taire ceux qui parlent du vin, ceux qui aiment le vin en France, indirectement comparés à des pédophiles ou à des néo-nazis. Quelle folie! Comment peut-on ainsi insulter, non, pardon, chier sur la gueule d'un métier, d'une culture, d'un patrimoine, d'une richesse nationale? Comment peut-on tolérer ça?

Eh bien, moi, je vais vous dire, monsieur Elineau ce que vous m'avez donné envie de faire. Vous m'avez donné envie de boire un coup. Et pas qu'un! Tant pis, vu votre ton, pour le discours sur la modération. Tant qu'à passer pour un criminel international, un déchet de l'Humanité, un résidu de bidet, j'ai bu, on a bu comme des trous, on a picolé comme des sauvages. Et merde! On a débouché une rafale de bouteilles, tenez regardez, elle sont là, juste en dessous.

Vous aimez l'excès, monsieur Elineau? Moi aussi. Un excès appelle l'autre, non? Eh bien, moi, l'ANPAA, ça me donne soif. Regardez…

* Grâce au site Bourgogne Live.

** On en a encore parlé il y a quelques jours avec la vraie-fausse "erreur de copier-coller" et le cafouillage gouvernemental qui a suivi.

*** Ça me donne d'ailleurs une idée: et si on interdisait Rabelais? Aux yeux des prohibitionnistes, c'est un traître, il est médecin et chante le vin. Censurons Grandgousier, Gargantua et Pantagruel!