Respirer tue !

En matière de Santé publique, c'était un vrai tabou. Faute de preuves ou de recherches suffisantes, il était de bon ton de minimiser l'impact de la contamination de l'air sur le déclenchement de certains cancer. L'OMS vient pourtant officiellement de franchir le pas.

Selon l'AFP, "les experts ont conclu (...) qu'il existe des preuves suffisantes pour dire que l'exposition à la pollution de l'air extérieur provoque le cancer du poumon. Ils ont également noté une association positive avec un risque accru de cancer de la vessie".
Des conclusions annoncées par le Centre International de Recherche sur le Cancer (IARC), une agence spécialisée de l'Organisation mondiale de la santé. "Elles sont le résultat d'études portant sur des milliers d'hommes et de femmes suivis pendant plusieurs décennies", a précisé le docteur Dana Loomis, lors d'une conférence de presse à Genève.

Excusez-moi de lire l'actualité par le petit bout de ma lorgnette, mais, évidemment, quand on vit dans une ville aussi dramatiquement polluée que Barcelone, troisième bonnet d'âne d'Europe*, ce genre d'information (dont on se doutait un peu) fait froid dans le dos. Surtout que les choses ne sont pas près de s'améliorer, le macho ibérico fait toujours vroum-vroum pour se rassurer sur sa virilité**, les transports en commun sont parmi les plus chers du continent et la bicyclette continue d'être traitée comme une pestiférée. À ce sujet, je lisais hier encore le témoignage d'un jeune français étudiant à Barcelone comment il s'était fait racketter par des policiers municipaux lui reprochant d'avoir attaché son vélo à un arbre. Oui, dans cette Barcelone aux irrespirables et archaïques autoroutes urbaines où la quéquette tient le volant, la bicyclette est devenue une cible prioritaire***.

Allez, prenons le parti d'en rire. Ça va donner du travail (et donc des subventions) à nos chers hygiénistes français, ceux dont je me moquais encore hier. À défaut de régler le fond des problèmes, ils aiment bien réglementer, afficher, brimer, montrer qu'ils existent, quoi. Au nom du principe de précaution, je leur suggère de faire immédiatement modifier tous les billets d'avion**** ou de train à direction, par exemple, de Barcelone. il est urgent d'y apposer des avertissements, des "messages sanitaires" afin d'informer le voyageur des risques encourus…

* Au palmarès européen des villes dont l'air est le plus nocif pour la santé, sur le podium, juste derrière Bucarest et Budapest, on trouve Barcelone. C'est le résultat de l'enquête européenne Aphekom. Mais les Roumains et les Hongrois, eux, ont au moins la chance d'échapper à un autre danger, la malbouffe chimico-industrielle des très créatifs cuistots tecnoemocionals…

** Remarquez, on m'a doctement expliqué il y a quelques jours au sujet d'un vigneron "nature" adepte du glougloutage de pétrole que les courses de bagnoles, c'était bio ou presque, donc…

*** Attacher un vélo à un arbre, un feu de signalisation, un panneau est passible d'une amende de 450,76€ selon l'Ordonnance municipale de Circulation. Et tant pis s'il n'y a que très peu de supports à bicyclettes. Idem avec les pistes cyclables et le reste, ici, où l'on même inventé comme on le voit ci-dessous les ralentisseurs, les "gendarmes couchés" sur les pistes cyclables, c'est le paradis de la bagnole!
**** Ceux qui abusent de l'avion ne sont pas les derniers pollueurs…