Détresses paysannes.
"On a trouvé, en bonne politique, le secret de faire mourir de faim ceux qui, en cultivant la terre, font vivre les autres." Cette phrase, terrible, de Voltaire vous saute à la gueule quand, au détour d'un virage, vous la lisez, immense, peinte sur le mur de pierres d'une des maisons de Masnaguine, hameau de Cassagnoles, au cœur de la Montagne noire.
Il ne s'agit pas de faire pleurer dans les chaumières, mais, j'en parlais récemment encore à propos des producteurs de lait, la vie des paysans est dure. Elle l'a souvent (toujours?) été, pouratnt à l'époque actuelle, un ensemble des facteurs la rendent encore plus dure, bien plus qu'on peut l'imaginer en ville. À tel point que certains sont acculés, que certains ne voient plus le bout, que certains veulent en finir.
"On a trouvé, en bonne politique, le secret de faire mourir de faim ceux qui, en cultivant la terre, font vivre les autres." Mais, ce n'est pas directement de la faim que meurent trop de paysans d'aujourd'hui. C'est d'une cause terrible, indicible si j'en crois ce que j'ai appris quand j'étais jeune journaliste, ils meurent de s'ôter la vie. Le suicide est aujourd'hui la troisième cause de décès chez les agriculteurs. C'est le résultat d'une étude commandée en 2011 par le Ministère de l'Agriculture. "La population étudiée est constituée des chefs d’exploitations et de leurs conjoints collaborateurs, en activité professionnelle pendant au moins une des trois années d’étude : 2007, 2008 ou 2009. En moyenne, cela représente environ 500 000 personnes chaque année dont 68 % d’hommes et 32 % de femmes. Durant les trois années étudiées, 2 769 décès ont été observés chez les hommes et 997 chez les femmes. Parmi ces décès, 417 suicides chez les hommes (respectivement 130, 146 et 141 en 2007, 2008 et 2009) et 68 chez les femmes (19, 27 et 22 en 2007, 2008 et 2009) ont été enregistrés. Sur l’ensemble de la période analysée, les suicides représentent la troisième cause de décès de cette population, après les décès par cancer et par maladies cardiovasculaires.
Les raisons de cette "épidémie", qui touche principalement les éleveurs et les producteurs de lait, sont multiples. Excusez-moi de simplifier les choses, mais à chaque fois que nous nous abaissons à acheter les productions des multinationales de la malbouffe, de préférence en grande distribution, nous décidons d'être complices de cet état de fait. C'est alors, panier à commissions en main, qu'il faut penser à la phrase de Voltaire, malheureusement trop actuelle, à ce terrible et long hiver qui tombe sur nos campagnes, "on a trouvé, en bonne politique, le secret de faire mourir de faim ceux qui, en cultivant la terre, font vivre les autres."
Commentaires
Enregistrer un commentaire