Jean-Pierre, je t'aime! On en remangera des oiseaux!
Le récent débat (avorté) sur le fait-maison, et les différents reportages qui ont suivi ont permis d'entrevoir le triste état de la restauration française. Entre les chefs réduits à pousser des caddies chez Métro, ceux qui commandent des plats d'usine par téléphone, et ceux, les putains, qui s'acoquinent avec les multinationales de la malbouffe, ce n'est pas très glorieux. Au pays de la gastronomie, ça vous a même parfois un petit côté chef d'œuvre en péril.
Mais, il y a des types qui se battent, qui luttent contre le poulet de batterie et l'espuma de chez Adrià, des types pour lesquels le produit signifie encore quelque chose. Et s'il en est un qui symbolise ce mouvement, ce combat contre la bouffe industrielle, c'est bien mon copain Jean-Pierre Xiradakis. Depuis 1968, dans sa Tupina bordelaise, on mange du terroir. On mange, dans le plus simple appareil, ce que le Sud-Ouest a de meilleur. Alors, bien sûr, son succès aidant (on est en France…), son caractère pimentant (à l'Espelette) le tout, Jean-Pierre, il est de bon ton, chez les snobs de la foodisterie, de le dénigrer. N'empêche que sans lui et ses convictions, je ne sais pas si, même à Bordeaux, la cuisine de coiffeur-visagistes (ceux qui "créent" des assiettes "graphiques") n'aurait pas pris le dessus. Et je me demande si les dizaines de milliers de touristes étrangers qui passent par la rue de la-Porte-de-la-Monnaie auraient un jour mangé des tricandilles, du bœuf de Bazas, du Noir gascon ou de la sanquette.
Si je vous parle de Xira, c'est parce que j'apprends que le Tribunal d'Instance de Bordeaux l'a condamné à 5150 euros d'amende. Pourquoi? Évidemment pas parce qu'il avait servi à ses clients des merdes chimiques façon empoisonneurs espagnols, sûrement pas qu'il truandait les convives sur l'origine ou la fraîcheur de ses produits. Rien de tout ça. Mon pote a été condamné parce que les agents de l'État, prévenus par une balançoire ont découvert dans ses frigos, début 2011, 40 grives et trois brochettes de pinsons. Cette histoire m'agace, donc si vous voulez en savoir plus, lisez le Sud-Ouest du jour, tout est écrit dedans.
Alors, chez moi, cette décision de Justice suscite plusieurs réactions. La première, c'est d'avoir envie au plus vite d'aller déjeuner ou dîner à La Tupina. Parce que j'aime ça, que c'est toujours une fête, et que Jean-Pierre, j'ai envie de l'embrasser. Au passage, je vous invite tous à faire de même, aidons-le fourchette en main, à payer la douloureuse. Comme moyen de solidarité, il y a pire! Il faut d'ailleurs bientôt que je vous parle de sa merveilleuse chambre d'hôte de la rue de la-Porte-de-la-Monnaie.
La seconde réaction, c'est une envie irrépressible, un besoin impérieux de manger des oiseaux. Parce que, comme les plaignants de la LPO*, moi, je les aime, les oiseaux. Je les adore. Ils sont beaux, ils sont mignons, ils sentent bon. Au fond de mon assiette.
Pour ce qui est de mon amour de la plume, je ne vais pas me répéter, je vous l'ai déjà raconté ici et là. Je vous renouvelle donc mon invitation à aller à La Tupina, quant à toi, Jean-Pierre, tu le sais, je t'aime!
* Ligue de Protection des Oiseaux.
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