Barcelone: quand la fille de joie devient triste.
Les cons, il vaut mieux en rire! C'est dans cet esprit qu'une bande de photographes espagnols vient d'adresser un amusant pied-de-nez à la Mairie de Barcelone. Il y a quelques jours, on apprenait en effet que l'affiche qui devait illustrer le World Press Photo, sorte de mini Visa pour L'image qui se tient au Centre de Culture Contemporaine de la ville avait été retoquée. La raison? Non dite, comme toujours chez les rats de la pensée. La photo, œuvre de Daniel Ochoa de Olza, représentait en gros plan le visage de Juan José Padilla, le matador fou, borgne depuis sa dernière corne, à Saragosse. Alors, pour se moquer de cette décision, les collègues du photographe, primé lors de l'édition passée du World Press Photo, ont tous posé à la façon de Padilla, bandeau sur l'œil et montera sur le crâne. Quelques rares journaux démocratiques, El País et El Periódico se sont fait l'écho de ce pied-de-nez et de la pitoyable affaire qui l'a précédé. Pendant que sur les réseaux sociaux prolifère dans le milieu de la photo le hashtag #fotosincensura.
"Cachez ce torero que nous ne saurions voir!" Oh, amis des animaux, ne vous réjouissez pas trop vite, ce n'est pas pour verser une larmichette sur le sacrifice des toros de combat que les élus national-catalanistes de Barcelone ont discrètement interdit cette affiche. Eux et leur parti au pouvoir autorisent des spectacles taurins, les correbous, qui feraient tomber Brigitte Bardot en syncope. C'est juste parce que la corrida, un matador, ça fait espagnol. Et que l'Espagne, c'est sale, il faut s'en laver. Ici, on a beau avoir les doigts encore gras d'huile d'olive, la clope au bec, l'autoradio à fond et le teint mozarabe, le Sud, on n'en veut pas! On se voit aryen, ou presque. Espagnol, en tout cas, jamais!
Barcelone, depuis longtemps, c'est la fille de joie de l'Espagne. Elle se loue, elle se vend, pour une nuit ou pour un week-end. Mieux vaut la baiser que l'épouser. Mais à force d'à force, sa beauté se fane*. Peut-être parce que la puanteur des idées pestilentielles de ceux qui la gouvernent commence à sortir des égouts. Rien de bien étonnant, on n'a guère voulu le sentir, préférant voir les autonomistes d'ici comme d'innocents groupes folkloriques avec boudègues et costumes d'époque. Pourtant ces remugles, ce sont juste ceux, éternels, hideux, du nationalisme.
Le nationalisme est une maladie, "une maladie infantile des peuples, la rougeole de l'humanité" selon Albert Einstein. Ce à quoi on pourrait ajouter, pour rester dans le registre des citations, la belle formule du Général de Gaulle, "le patriotisme, c'est aimer son pays. Le nationalisme, c'est détester celui des autres", devenu chez Romain Gary, "le patriotisme c'est l'amour des siens, le nationalisme c'est la haine des autres". Et conclure comme le bon Docteur Schweitzer que le nationalisme, "c’est un patriotisme qui a perdu sa
noblesse et qui est au patriotisme noble et raisonnable ce que l’idée
fixe est à la conviction normale".
Cette maladie nationaliste, où qu'elle sévisse, quel que soit le contexte, le lieu, elle apporte son sinistre cortège de hontes, de malheurs, de défaites… Et, bien évidemment, à Barcelone, la fille de joie devenue triste, en Catalogne, comme ailleurs, pour parfaire son cheminement, pour affirmer son destin, elle impose la nécessité de la "caverne"
culturelle, médiatique**. C'est inscrit dans l'ADN du nationalisme, c'est génétique, il impose la censure. La pire, celle qui ne dit pas son nom.
Cette histoire de l'affiche du World Press Photo est anecdotique, mais elle reflète bien ce qui est mis en place depuis des années dans cette région d'Espagne, un système implacable, un rouleau compresseur de la pensée, mu par ce qu'il faut de manœuvres populistes et de démagogie.
Pour achever le travail, il ne me reste plus qu'a suggérer à ces petits minables, à ces franquistes en culotte courte, de faire fermer le musée Picasso (pas très fourni, d'ailleurs) de Barcelone et de débaptiser l'avenue qui porte son nom. Histoire de punir ce Pablo qui n'a même pas eu le bon goût de se faire appeler Pau. Pour sanctionner son crime antidaté contre la pensée unique national-catalaniste. Afin de censurer son œuvre tauromachique, espagnole et, surtout puisqu'on parle de photo, d'interdire des clichés honteux, comme celui, avec montera, que vous voyez ci-dessous.
Messieurs les censeurs, bonsoir!
Messieurs les censeurs, bonsoir!
* C'est ce que révèle un de ces classements internationaux de la cote d'amour des villes, le City Rep Trak. Barcelone qui figurait en 6e position l'an dernier pointe désormais à la 23e place. Pour info, même si les cités européennes triomphent, c'est Sydney qui tient la première position.
** Cette "caverne médiatique catalane" est tellement pesante, voyante, que la semaine dernière, c'est le co-leader de la confédération au pouvoir, Josep Duran i Lleida qui l'a dénoncée à la radio. Il est vrai qu'il essaye contre vents et marées de calmer l'hystérie indépendantiste déclenchée par ses alliés.
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