Plus nombreux à boire moins…
C'est la saison des études et des sondages qui auscultent notre rapport au verre et à l'assiette. Après l'alimentation hexagonale la semaine dernière, le bio en Europe, hier, voici sous l'égide du ministère de l'Agriculture, la consommation tricolore de vin. France Agrimer publie son enquête quinquennale, enquête qui a débuté en 1980.
Plutôt que du blabla, envoyons les chiffres: pas de doute, globalement la consommation de vin baisse même si la France demeure, par habitant (et les touristes?…), le premier pays consommateur au Monde. En valeur absolue, rappelons-le, ce sont les États-Unis qui mènent le bal.
Parmi les pays producteurs les plus importants, on notera que seuls les États-Unis et l'Argentine voient leur consommation progresser.
Examinons aussi de plus près la baisse française dans le temps.
La France n'est pas encore dans la situation catastrophique de l'Espagne où la bière, l'alcool fort et les sodas ont gagné la partie, mais la baisse est quand même considérable: -16% entre 2010 et 2015, on ne parle pas de rien!
Oui, on imagine déjà les prohibitionnistes subventionnés sabrer le champagne face à des chiffres aussi réjouissants pour eux. Faute d'avoir réussi à endiguer l'impressionnante montée du binge-drinking, ils ont vaincu le Diable, leur diable, Bacchus. Eh bien pas tant que ça en fait. Le professeur Got, ses copains Évin et Cahuzac ainsi que Marisol Touraine vont nous épargner une séance de danse sur le bar, puisque l'on apprend que même si le nombre des buveurs de vin réguliers continuerait de légèrement se tasser, celui des buveurs occasionnels, lui, remonterait. Dans la France de 2015, autant de personnes se déclarent consommateurs de vin que dans les années 90.
Pour résumer, selon les déclarations des quatre mille personnes interrogées, parmi les buveurs de vin français, 75% sont désormais des consommateurs occasionnels et 25% des consommateurs réguliers. Beaucoup donc ne débouchent pas une bouteille par habitude mais pour améliorer un repas, accueillir des amis ou à l'occasion d'un apéritif, d'une célébration.
La bouteille, justement, parlons-en. Elle est fortement concurrencée par le Bag-in-Box, le phénomène de ces dernières années. Regardez l'évolution.
Au niveau de l'écart entre les sexes, rien de bien nouveau. Pour schématiser, selon les auteurs de l'étude, l'homme français, buveur régulier débouche son kil' de rouge à table tandis que la femmes semble, buveuse occasionnelle, voit davantage le vin comme quelque chose de festif et le consomme en dehors des repas. Un peu simplet, mais on s'en contentera.
Reste le gros point noir, le rapport des jeunes au vin. Là, on peut prendre les chiffres dans tous les sens, ça ne s'arrange pas, au contraire. Le vin est devenu un truc de vieux en France, la bière (et les sodas ou même l'eau du robinet) a pris d'énormes part de marché chez les moins de trente-quatre ans.
Les deux graphiques suivants montrent d'ailleurs que la bière est devenue en quelque sorte la boisson de la semaine alors que le vin est réservé au week-end. On notera au passage (ce qui n'est pas un formidable résultat pour les campagnes prohibitionnistes) que les apéritifs et les digestifs, l'alcool fort, donc, généralement industriel, stagne ou progresse fortement selon qu'il est pris au début ou à la fin du repas.
Alors bien sûr, pour rassurer la filière, suivent des
sondages réconfortants. On y explique notamment que l'intérêt pour le vin serait en
progression, on évoque même le rôle joué par les émissions de gastro-réalité, alors même que le vin en est banni grâce à la loi Évin. Franchement, on a un peu de mal à y croire.
Idem quand on parle de la connaissance du vin qui s'améliorerait. Juste un exemple: un gros tiers seulement des personnes interrogées (35%) savent vraiment ce qu'est un vin de cépage…
Bref pour ceux qui vivent du vin, où qui s'y intéressent simplement, il y a du pain sur la planche. Tout n'est évidemment pas à jeter dans les façons de faire actuelles, mais des remises en question sont inéluctables dans un Mondovino où la tendance à la tradition pour la tradition, au repli sur soi est évidente. Il est temps d'explorer de nouvelles voies, plus modernes, plus "fun", susceptibles en tout cas d'attirer au vin de nouvelles clientèles, celles qui pour l'instant ne lui trouvent que peu d'attraits.
C'est un enjeu économique, et peut-être aussi, quoiqu'en pensent les puritains qui polluent le débat en France, un enjeu sanitaire. Le vin, "alcool social", "alcool éduqué", "alcool culturel", est, comme le rappelait un récent rapport de l'OCDE, un bon rempart contre des modes de consommations plus brutaux.
Idem quand on parle de la connaissance du vin qui s'améliorerait. Juste un exemple: un gros tiers seulement des personnes interrogées (35%) savent vraiment ce qu'est un vin de cépage…
Bref pour ceux qui vivent du vin, où qui s'y intéressent simplement, il y a du pain sur la planche. Tout n'est évidemment pas à jeter dans les façons de faire actuelles, mais des remises en question sont inéluctables dans un Mondovino où la tendance à la tradition pour la tradition, au repli sur soi est évidente. Il est temps d'explorer de nouvelles voies, plus modernes, plus "fun", susceptibles en tout cas d'attirer au vin de nouvelles clientèles, celles qui pour l'instant ne lui trouvent que peu d'attraits.
C'est un enjeu économique, et peut-être aussi, quoiqu'en pensent les puritains qui polluent le débat en France, un enjeu sanitaire. Le vin, "alcool social", "alcool éduqué", "alcool culturel", est, comme le rappelait un récent rapport de l'OCDE, un bon rempart contre des modes de consommations plus brutaux.
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