La Suédoise roule au bio.
Il y a des histoires dont on sort un peu penaud. Pas de quoi être fier même si ça reste des histoires d'amour comme les autres. Celle-là par exemple. Elle n'était pas forcément plus belle que les autres, mais elle avait ce quelque chose vrombissant qui vous fait monter dans les tours. Une Suédoise en plus, avec toute la mythologie qui s'y colle, à laquelle je m'étais pourtant juré de rester insensible n'ayant connu qu'une seule illumination dans les nuits d'Uppsala, chevelure noir de jais, Magyare pur jus.
Cette Suédoise là, pourtant, je n'ai jamais pu l'oublier. Aujourd'hui encore j'en conserve un souvenir ému, elle reste ma préférée. Elle aussi était noir de jais. Une authentique emmerdeuse, une bête à chagrin, qui vous pompe la sang. Heureusement, un copain vigneron de Banyuls, ancien garagiste de vélos toulousain passé par les Corbières et devenu icônique dans le milieu naturiste, amoureux fou à l'époque de la sœur argentée de ma sombre Suédoise, m'avait donné un truc, l'adresse d'un sorcier, capable de soigner le monstre à moindres frais.
Parmi ses nombreux défauts, elle buvait énormément. Une soif de Viking. Insatiable. Certains jours de folie, je l'ai vue engloutir jusqu'à vingt-cinq litres! Et elle ne faisait pas le tri, bio ou pas, sans tenir compte de ces additifs dont on parle tellement aujourd'hui. Pour tout vous avouer, je l'ai trompée un jour avec une autre de ses sœurs, une sportive échevelée, passion fulgurante à la Bonnie & Clyde, eh bien, elle buvait encore plus!
J'apprends aujourd'hui (d'où la remontée à la surface de ces gracieux souvenirs et la digression qui s'ensuit) que les Suédoises ont changé. Sur les quantités, je n'en sais trop rien, mais dans le sondage qu'on vient de me glisser sous les yeux, c'est de qualité qu'il s'agit. Oh, je sais, ça vaut ce que valent les sondages, mais plus que les Françaises, les Allemandes et les Anglaises, elles clameraient aujourd'hui leur amour du bio. Du vin bio en tout cas.
L'enquête, "européenne"*, a été commanditée par SudVinBio, l'entité qui organise le désormais incontournable Millésime Bio de Montpellier, salon professionnel qu'on a connu tout bébé à Perpignan, devenu désormais une des dates incontournables des tournées vigneronnes françaises.
Et les chiffres tendent à apporter de l'eau au moulin de SudVinBio puisqu'ils confirment l'intérêt des Européens du Nord pour le vin d'une part (ce qui est toujours une bonne nouvelle), pour le bio en particulier. Quand 21% des Britanniques, 31,5% des Allemands et 35,8% des Français affirment consommer du vin bio, ils sont plus de la moitié en Suède (51,2%) à prétendre le faire.
Les deux sexes n'ont d'ailleurs pas le même comportement vis-à-vis du vin bio, les femmes le privilégient nettement, singulièrement en Allemagne, au Royaume-Uni et en Suède.
Rappelons-le, il ne s'agit que d'un sondage déclaratif, pas d'une étude de marché. Il est trop tôt pour dire que le bio a pris les clefs du camion***. La réalité, les volumes pèsent encore du côté conventionnel, il n'empêche que la tendance est là, le Monde se veut, se voit plus vert qu'à l'époque de ma chère Saab 900. Difficile de l'ignorer.
Avertissement moral: Comme je sais que les chiennes de garde du féminisme confortable veillent (le fait de fermer les yeux sur les drames actuels de la Condition féminine dans le Monde leur laisse du temps pour les peccadilles), je présente d'avance mes excuses publiques pour la honteuse malséance de cette chronique mécanico-machiste, et notamment cette odieuse métaphore automobile qui renforce le concept de femme-objet. Mon peu d'intérêt pour les bagnoles plaide en ma faveur, mais que voulez-vous, celle-là, bien avant Sideways****, demeure mon plus beau souvenir sur roues (avec le Land-Rover MkII 90 series). Je sais, c'est mal, très mal, c'est ma très grande faute, mais je l'assume pleinement.
* C'est un grand mot, puisque ne sont interrogés que des échantillonnages français, allemands, britanniques et suédois. Les Latins ont été un peu zappés, sûrement pour les besoins de la démonstration.
** La prochaine édition de Millésime Bio se tiendra au Parc des Expositions de Montpellier (eh oui, désolé…), les 25-26-27 janvier 2016.
*** Ah, l'emplacement de la clef de contact, sur le pont…
**** Le film, ce road-movie que vous avez tous vu, bien sûr. Non? C'est ici.
Je comprends ta fougue envers cette belle suédoise, mais je t'informe que les premiers salons Millésime Bio eurent lieu à Narbonne et non à Perpignan où, il est vrai, le salon ne fut accueilli qu'une seule année (j'ai oublié la date) avant de s'en filer (en deux mots) à Montpellier-city pour le plus grand bonheur de son maire d'alors, grand ordonnateur de la région LR qu'il présidait.
RépondreSupprimerAh oui, c'est vrai, je l'avais oublié, tu vois.
SupprimerTrinquer avec Lena Olin, champ bio ou pas, je suis d'accord…
RépondreSupprimerRaoul Volfoni