All-black wine.
Cet après-midi, il y a les Blacks qui jouent. Et c'est vrai que j'ai un petit faible pour eux. Même la semaine dernière d'ailleurs, tant il était difficile d'éprouver une quelconque proximité avec un XV de France absent depuis si longtemps. Et puis quand on aime le jeu…
Bon, entendons-nous bien, je ne vais pas supporter l'équipe de Nouvelle-Zélande. "Supporter", c'est insupportable. Le détournement de mot d'abord*. L'acte ensuite, cette engagement qui ne vous autorise à regarder le match que de façon hémiplégique. Bien sûr, si on parle de rugby de village, d'un Saint-Girons/Montréjeau, voire de clubs animés, je comprends. Mais là, avec les années noires que nous avons connues, nous, Français.
Donc, oui, cet après-midi, devant mon écran, j'aurais (comme souvent) une tendresse pour les All-Blacks. Mais pas jusqu'à remplir mon verre d'un sauvignon de Malbourough (au dessus de mes forces…), ni même d'un pinot du Sud ou d'un excellent cabernet de Waiheke Island. Noir, c'est noir, on boira du black wine.
Oui, le "Black wine" français** comme on l'appelait il y a peu encore dans les prospectus publicitaires qui sentaient bon la coopé des Côtes d'Olt. Vous vous souvenez de ces étiquettes charbonneuses, avec leurs caractères gothiques, leurs dorures, de ces cahors brutaux? Bon, oublions… Ce n'est pas avec ces Blacks-là qu'on va battre les Springboks!
Il nous faut quitter les vins de bord de rivière, durs, tatoués de leurs tanins de bois, aussi gutturaux que l'accent sud-africain. Il faut du sang neuf, quelque chose qui exprime la force et la finesse du vrai terroir lotois: le causse et les combes, ce plateau raviné, éminemment calcaire, purement calcaire, égayé par des poches d'argile de décalcification, des terres rouges de ferraille. Ce terroir dont les étés brûlants contrastent avec la fraîcheur des jus, nimbés de violette.
Des cahors, en fait, des cahors authentiques comme nous les avons connus jadis avant qu'on ne les transforme en vins lourds, épais, planchus, qui font peur aux dames, en mauvaise copie de malbecs plus américains qu'argentins (oui, parce que nos chers Pumas, eux, ne sont pas stéréotypés!). Oui, cet après-midi, il nous faut des rouges délicats, intenses et précis comme le jeu des Néo-Zélandais. Des vins vifs, saignants, lumineux.
Des Clos Siguier à "prix discount" dont on charge le coffre à Montcuq et que l'on boit à grosses gorgées. Cette super petite cuvée de Fabien Jouves au Mas del Périé, Les Escures***. Les Cayrasses, un jus de fruit anti-snobs à mi-chemin du Pont Valentré et du marché aux truffes de Lalbenque. D'autres encore que je veux aller découvrir car ça bouge dans le Lot. Sans oublier le petit dernier de cette nouvelle génération, de cette régénération du cahors qui en fait n'est qu'un retour aux sources de l'auxerrois, mon pote Julien Ilbert dont le gentil facteur m'a livré hier, fort à propos, la dernière cuvée, Le Lac-aux-Cochons, ornée de sa coche noire comme un maillot néo-zélandais. "Un malbec fino" me glisse à l'oreille le sommelier hispano-américain Lucas Paya avec lequel on l'a débouchée. Non, Lucas, auxerrois, cot, pas malbec. Pas des vins de bourounes, c'est des All-Blacks dont on parle ici. Pas du Black wine…
Il nous faut quitter les vins de bord de rivière, durs, tatoués de leurs tanins de bois, aussi gutturaux que l'accent sud-africain. Il faut du sang neuf, quelque chose qui exprime la force et la finesse du vrai terroir lotois: le causse et les combes, ce plateau raviné, éminemment calcaire, purement calcaire, égayé par des poches d'argile de décalcification, des terres rouges de ferraille. Ce terroir dont les étés brûlants contrastent avec la fraîcheur des jus, nimbés de violette.
Des cahors, en fait, des cahors authentiques comme nous les avons connus jadis avant qu'on ne les transforme en vins lourds, épais, planchus, qui font peur aux dames, en mauvaise copie de malbecs plus américains qu'argentins (oui, parce que nos chers Pumas, eux, ne sont pas stéréotypés!). Oui, cet après-midi, il nous faut des rouges délicats, intenses et précis comme le jeu des Néo-Zélandais. Des vins vifs, saignants, lumineux.
Des Clos Siguier à "prix discount" dont on charge le coffre à Montcuq et que l'on boit à grosses gorgées. Cette super petite cuvée de Fabien Jouves au Mas del Périé, Les Escures***. Les Cayrasses, un jus de fruit anti-snobs à mi-chemin du Pont Valentré et du marché aux truffes de Lalbenque. D'autres encore que je veux aller découvrir car ça bouge dans le Lot. Sans oublier le petit dernier de cette nouvelle génération, de cette régénération du cahors qui en fait n'est qu'un retour aux sources de l'auxerrois, mon pote Julien Ilbert dont le gentil facteur m'a livré hier, fort à propos, la dernière cuvée, Le Lac-aux-Cochons, ornée de sa coche noire comme un maillot néo-zélandais. "Un malbec fino" me glisse à l'oreille le sommelier hispano-américain Lucas Paya avec lequel on l'a débouchée. Non, Lucas, auxerrois, cot, pas malbec. Pas des vins de bourounes, c'est des All-Blacks dont on parle ici. Pas du Black wine…
* Contrairement à ce qu'on peut croire, "supporter une équipe", c'est à peu près français, d'un français relâché mais français quand même. Une version familière de soutenir, ou encourager. Pas très élégante toutefois.
** Oui, Français, parce que même si ça ne va pas trop mal, beaucoup mieux en tout cas que le XV de France, les exportations de vins tricolore continuent de se tasser un peu au profit de ses concurrents, comme le montre la dernière enquête de France AgriMer.
** En 2013, vous verrez, Les Escures, c'est un peu raide, mais le millésime, la variabilité, ça fait aussi partie du vin. Si ça vous dérange, attendez 2014 et sûrement 2015 qui (je ne sais pas chez Fabien Jouves mais il n'y a aucune raison) s'annonce sublime sur les causses du Lot.
** Oui, Français, parce que même si ça ne va pas trop mal, beaucoup mieux en tout cas que le XV de France, les exportations de vins tricolore continuent de se tasser un peu au profit de ses concurrents, comme le montre la dernière enquête de France AgriMer.
** En 2013, vous verrez, Les Escures, c'est un peu raide, mais le millésime, la variabilité, ça fait aussi partie du vin. Si ça vous dérange, attendez 2014 et sûrement 2015 qui (je ne sais pas chez Fabien Jouves mais il n'y a aucune raison) s'annonce sublime sur les causses du Lot.
Les Escures 2014, c'est du fruit, du fruit et encore du fruit ! Proposé récemment au verre sans mention de millésime, la majorité des clients ne s'orientaient pas vers Cahors, pourtant assez prisé dans l'Agenais.
RépondreSupprimerOui, c'est pour ça que j'ai ajouté cette mise en garde sur le 2013 qui peut dérouter ceux qui découvriraient cette cuvée avec ce millésime, cuvée dont la caractéristique est le fruit. À l'image des "nouveaux" cahors évoqués ici.
SupprimerQuelle est la différence entre l'auxerrois et le malbec?
RépondreSupprimerQue l'Auxerrois, c'est son nom local, le nom de son pays d'origine, dérivé de "haut-serrois", des hautes serres. Le nom scientifique est côt noir, qui a donné naissance à la famille des cotoïdes qui comprends entre autres le tannat et la négrette. Malbec est une appellation plus récente, bordelaise, et vaguement méprisante car le malbec n'a pas toujours donné des résultats extraordinaires sur les sols bordelais.
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