Dubitatif.


Sur le vin, on donne souvent des avis. Autorisés ou pas.
Quand ils sont bons, les marchands jubilent, s'extasient, plussoient: "quel bel article!" Ben oui, le vin, c'est aussi un article dont les commerçants aiment bien que l'on fassent l'article. Le commerçant, petit ou gros, ça positive. Enfin, quand on parle de sa came, parce que celle du concurrent parfois…
En revanche, quand l'avis est négatif, ce n'est pas la même limonade. On en appelle à l'arbitre (voire au club de supporters): "plaquage haut! Jeu dur!" Quitte à casser le thermomètre si l'on s'estime outragé dans son négoce. "La critique, monsieur, c'est positif ou ça n'est pas" (Sujet-verbe-compliment, vous connaissez la chanson). La claque des négociants, représentants, salonneurs, acquiesce bruyamment. Et met en doute l'avis incriminé, puis, naturellement, celui qui l'a formulé. 


On donne des avis, donc. Mais il arrive qu'on s'écrase. Ou du moins, qu'on s'interroge. Par exemple lorsqu'on ne comprend pas l'engouement (enthousiasme forcé?) suscité par tel ou tel produit, de préférence cher ou à la mode. Ne me dites pas que ça ne vous est jamais arrivé. Tiens, vous voici face à ce "grand cru" d'ici ou d'ailleurs qui au fond du verre se révèle être une caricature, boisé comme chalet suisse, plus lourd encore que son flacon DeLuxe. Ou face à une "tuerie" devant laquelle se pâment les néo-buveurs d'étiquettes et dont le seul caractère exceptionnel est, outre une rare pointe d'effluve de vieille chaussette en polyester, son arôme de vinaigre Amora oublié trois étés en bidon plastique au fond d'une caravane.


Et parfois, ça arrive aussi, on s'écrase parce qu'on n'y comprend rien. Parce que l'on ne voit pas où veut en venir le vin que l'on a dans le verre. Et son utilité.
Là, hier, c'était un riesling. Un vieux riesling, un auslese, ç'est-à-dire l'équivalent d'un vendanges-tardives alsacien. Car c'est d'un riesling allemand qu'il s'agit, de la célèbre région de Pfalz, le Palatinat rhénan, au sud-ouest du pays. Une maison fameuse, Dr Bürklin-Wolf Weingut, à Wachenheim, un millésime réputé, 1989, et au bout du compte un vin demi-sec dont on ne sait que faire. Trop doux pour l'apéritif, pas évident à placer à table car très "allemand", trop tendre pour le fromage, et trop sec pour le dessert. Vous me direz qu'on peut le boire tel quel. Peut-être, mais je n'y prends pas un immense plaisir.
Quelqu'un a le mode d'emploi ?…




Commentaires

  1. Expérience similaire récemment au restaurant. Avec un Loire. A la limite, nous pouvions nous accommoder des sucres, sur la cuisine chinoise remarquable qui nous était proposée ("Au bonheur du palais" à Bordeaux). Mais plus simplement, le vin manquait d'intérêt et nous laissâmes la bouteille à demi-pleine sans envie d'y revenir (à la bouteille. Le restaurant, lui, est un grand moment de plaisir à chaque visite).

    C'est quoi, "allemand", dans un vin ?

    Donc pour ta question, mode d'emploi d'un tel vin, j'ai ma méthode : une sauce, un déglaçage de cocotte. Très bien pour des cailles aux raisins, par exemple. Mais il doit exister d'autres façons de l'utiliser.

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    1. Oui, cette méthode-là, je la connais bien. Mais pour des vins à près de 100€ la bouteille, ça pique un peu...

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    2. Certes. Mais si tu as décidé de ne pas la boire après l'avoir goûtée, c'est toujours mieux que le débouchage de ton évier...

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    3. Ne prenons pas le vin pour un amuse bouche!
      Le vin est un farouche monothéiste, il ne tolère aucune association!
      Lol, je suis "viniste" un peu comme une islamiste du vin... Bois le seul :) ou associé à une bonne charcuterie, il parait que boire du vin en mangeant de la charcuterie annule l'effet cancérogène de cette dernière
      C'est quoi, "allemand" dans un vin?

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