Cuisine à visage humain.
Il y a la cuisine du Bocuse d'Or, d'Omnivore, du Fòrum Gastrònomic, la cuisine des chefs à concours, habillés comme des pilotes de Formule 1, la tenue et même la toque recouvertes de toutes les marques, logos, écussons des multinationales de la malbouffe. Celle aussi des restaurants à attachées de Presse dont, bizarrement, tous les journalistes, blogueurs, pique-assiettes se mettent à parler au même moment. Synchronisation parfaite: dès leur ouverture, la volaille qui fait l'opinion s'extasie devant trois feuilles, deux fleurs et une pincée de poudre de n'importe quoi (généralement née dans les mêmes usines que les logos sus-cités).
Et puis, heureusement, face aux vociférations des mastodontes médiatiques, s'élève parfois une petite voix, discrète mais claire. Ce type qui te fait à manger, non, mieux, qui te nourrit. Ce n'est pas son égo qu'il étale artistiquement dans l'assiette mais de l'amour qu'il offre à la louche.
Ce type-là, cela faisait plusieurs fois que nous voulions nous asseoir à sa table. Parce qu'il faut dire que pour des amateurs de breton* comme nous, il est remarquablement bien placé. Au milieu des vignes de Bourgueil, à quelques coups de rame de celles de Chinon, mais nos agendas n'étaient pas en phase.
Et là, l'été dernier, une fenêtre s'est ouverte. Une merveilleuse table "au raccroc", dans le parc, sous le ciel d'un orage qui jamais n'arriva. Et nous avons délicieusement déjeuné, nous nous sommes régalés de ce qui nous entourait, plantes et animaux, basse-cour et potager, jardin des simples y compris.
Le type qui raconte le terroir dans des assiettes qu'on se fait un plaisir de lui rendre "propres", c'est Vincent. Vincent Simon et son épouse Olivia. Le plus drôle, c'est qu'ils ne sont pas du tout du coin. Ici, à Ingrandes-de-Touraine, ce sont des immigrés. Des Belges. Mais ça, on le sait, il est parfois (souvent?) nécessaire qu'un étranger vienne montrer aux autochtones de quoi leur pays est capable. Surtout quand cet étranger est un professionnel, pas un bricolo qui applique des formules, pousse des caddies ou découpe des sachets, comme l'enseignent malheureusement trop d'écoles de malbouffe.
Ce que nous avons mangé sur la terrasse de ce paradis de la rue de la Galottière, sous les vignes du mont Sigou (et leurs trésors souterrains), au milieu des poules et des lapins, je n'ai pas envie de vous le raconter, vous vous contentez des images. Et surtout vous ferez l'effort de réserver, et de pousser jusqu'à Ingrandes pour profiter d'un de ces endroits qui font que j'arrive encore à croire au serpent de mer de l'œnotourisme, tellement malmené dans trop de vignobles.
Car, chez Vincent Simon, on mange et on boit. On finit même parfois en buvant l'avant-dernière (la penúltima, superstition espagnole…) avec un ou des vignerons du coin. Le vin dans cette maison à la cave magique, c'est une dinguerie.
Bien sûr, on y débouche du bourgueil, comment faire autrement au beau milieu de l'appellation? Mais pas que! La carte est impressionnante. À plusieurs titres. Par ce qu'elle offre d'abord de bordeaux à point et de bourgognes inespérés, comme ceux du regretté François Engel, par cette incroyable sélection de liquoreux de rêve qui nous a obligé à boire à la fois un coteaux-du-layon et un barsac des années quatre-vingts. Le choix, donc, et les prix, quasiment espagnols, qui vous font comprendre qu'ici, le vin est une tendre histoire d'amour et non le moyen brutal de financer la Mercedes du chef. Un pied de nez aux modes et à la spéculation qui en découle. Je ne résiste pas au plaisir de vous en faire lire quelques pages, comme si vous y étiez…
Ce restaurant qui sent bon le poulet rôti et la tarte aux pommes, où les gamins s'égayent aux milieu des animaux, a peu de chance de finir au hit-parade des guides, qu'il s'agisse de guides de vieux ou de guides de futurs vieux. Pas assez snob, trop nature. Tant mieux, ça évitera les importuns et leurs bruyants (mais passagers) émerveillements. Pour ma part, j'en fais MON adresse au cœur de ce vignoble que je chéris. Un des repères de ce que j'ai envie d'appeler, loin des étoiles, de la triche et des multinationales, la cuisine à visage humain.
Ce type-là, cela faisait plusieurs fois que nous voulions nous asseoir à sa table. Parce qu'il faut dire que pour des amateurs de breton* comme nous, il est remarquablement bien placé. Au milieu des vignes de Bourgueil, à quelques coups de rame de celles de Chinon, mais nos agendas n'étaient pas en phase.
Et là, l'été dernier, une fenêtre s'est ouverte. Une merveilleuse table "au raccroc", dans le parc, sous le ciel d'un orage qui jamais n'arriva. Et nous avons délicieusement déjeuné, nous nous sommes régalés de ce qui nous entourait, plantes et animaux, basse-cour et potager, jardin des simples y compris.
Une cuisine pure, précise, sans exhausteurs de goût, une cuisine absolument pas spectaculaire où l'on mange "ce qu'il y a", ce que produisent, élèvent ou cueillent ceux qui nous accueillent. Un peu comme dans cette Ferme de La Ruchotte bourguignonne que je vénère. Naturellement. À des années-lumière, je le répète, des paillettes, des sponsors et de la chimie industrielle.
Le type qui raconte le terroir dans des assiettes qu'on se fait un plaisir de lui rendre "propres", c'est Vincent. Vincent Simon et son épouse Olivia. Le plus drôle, c'est qu'ils ne sont pas du tout du coin. Ici, à Ingrandes-de-Touraine, ce sont des immigrés. Des Belges. Mais ça, on le sait, il est parfois (souvent?) nécessaire qu'un étranger vienne montrer aux autochtones de quoi leur pays est capable. Surtout quand cet étranger est un professionnel, pas un bricolo qui applique des formules, pousse des caddies ou découpe des sachets, comme l'enseignent malheureusement trop d'écoles de malbouffe.
Ce que nous avons mangé sur la terrasse de ce paradis de la rue de la Galottière, sous les vignes du mont Sigou (et leurs trésors souterrains), au milieu des poules et des lapins, je n'ai pas envie de vous le raconter, vous vous contentez des images. Et surtout vous ferez l'effort de réserver, et de pousser jusqu'à Ingrandes pour profiter d'un de ces endroits qui font que j'arrive encore à croire au serpent de mer de l'œnotourisme, tellement malmené dans trop de vignobles.
Car, chez Vincent Simon, on mange et on boit. On finit même parfois en buvant l'avant-dernière (la penúltima, superstition espagnole…) avec un ou des vignerons du coin. Le vin dans cette maison à la cave magique, c'est une dinguerie.
Bien sûr, on y débouche du bourgueil, comment faire autrement au beau milieu de l'appellation? Mais pas que! La carte est impressionnante. À plusieurs titres. Par ce qu'elle offre d'abord de bordeaux à point et de bourgognes inespérés, comme ceux du regretté François Engel, par cette incroyable sélection de liquoreux de rêve qui nous a obligé à boire à la fois un coteaux-du-layon et un barsac des années quatre-vingts. Le choix, donc, et les prix, quasiment espagnols, qui vous font comprendre qu'ici, le vin est une tendre histoire d'amour et non le moyen brutal de financer la Mercedes du chef. Un pied de nez aux modes et à la spéculation qui en découle. Je ne résiste pas au plaisir de vous en faire lire quelques pages, comme si vous y étiez…
Ce restaurant qui sent bon le poulet rôti et la tarte aux pommes, où les gamins s'égayent aux milieu des animaux, a peu de chance de finir au hit-parade des guides, qu'il s'agisse de guides de vieux ou de guides de futurs vieux. Pas assez snob, trop nature. Tant mieux, ça évitera les importuns et leurs bruyants (mais passagers) émerveillements. Pour ma part, j'en fais MON adresse au cœur de ce vignoble que je chéris. Un des repères de ce que j'ai envie d'appeler, loin des étoiles, de la triche et des multinationales, la cuisine à visage humain.
Merci Vincent pour ton compte rendu souchonesque. On va visiter
RépondreSupprimerAh, la volaille qui fait l'opinion… Elle était délicieuse d'ailleurs la volaille chez Vincent Simon!
SupprimerC'est Jean Carmet qui serait content de te lire !
SupprimerDéjà qu'on a fini à sept heures du soir, ça aurait été pire…
SupprimerSans être exagérément donneur de leçons, ce serait pas mal que tu sois un peu plus donneur d'adresse. On ne devrait pas être obligé de se taper Google Maps et tout le toutim. Feignant.
SupprimerLes jeunes cliquent sur les liens, mais si tu veux, toi, je peux t'envoyer une lettre ?…
SupprimerVincent cuisinier de campagne
SupprimerAdresse : 19 Rue de la Galottière, 37140 Ingrandes-de-Touraine
Téléphone : 02 47 96 17 21.
Le téléphone, c'est par l'interurbain, hein?
SupprimerAh ok, merci. La dame des Postes va m'arranger ça très bien
SupprimerMagnifique Vincent... 👍
RépondreSupprimerEnième truc de bourges où Pousson va "se nourrir". Nous, on paye, donc on aime bien quand on peut pas se faire la même chose à la maison.
RépondreSupprimerdésolé de commenter en "anonyme" ; il n'y a pas d'autre choix pour les non-bloggueurs. Raffi
J'adore les "trucs de bourges", comme ça, Raffi, oui. Surtout avec une carte des vins à ces prix-là!
SupprimerDeux remarques en passant:
1°) nous avons bien évidemment payé.
2°) qu'est-ce que c'est "ce qu'on peut pas se faire à la maison"? Un truc pas bourge, j'imagine?
Pour le reste, si, si, on peut commenter sans être blogueur.
Supprimerle cuisinier concerné demande ce que cela signifie " un truc de bourges"???
Supprimeril a demandé à son voisin , qui le connait assez bien , mais lui aussi a du mal à comprendre....
Un "truc de bourges", ça doit vouloir dire un endroit où l'on sert pas de buuurgeeeuuurs, ni de bouffe de Métro ou des usines à malbouffe. Dans ce cas, je VEUX être un bourge !
Supprimer"Supérieur à Château Margaux". Rien d'exceptionnel. Rappel : http://gje.mabulle.com/index.php/2011/06/13/202289-une-session-du-gje-au-laurent-a-paris-2
RépondreSupprimerEt à 130€ sur table…
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