Des tapas à Barcelone?
Ça, je vous l'ai déjà expliqué, les tapas, ce n'est pas du tout une spécialité catalane! Idem pour la corrida et le flamenco, malgré ce que laissent entendre les films hollywoodiens et tout ces magazines de voyages dont il faudra un jour songer à changer les textes des "reportages", usés à force d'être polycopiés. Barcelone est d'ailleurs une des rares villes d'Espagne à ne pas disposer d'une "rue à tapas", ces rues gaies, bruyantes, animées où cohabitent des dizaines de petits établissements dont chacun possède sa propre spécialité, parfois unique. Non, vraiment, aller à Barcelone pour manger des tapas, c'est à peu près aussi couillon que de filer à Lille chercher un bon cassoulet*… Soyons sérieux, si vous voulez un jour vraiment voir à quoi ça ressemble, il faut pousser un peu plus loin, jusqu'à la divine Andalousie; les bistrotiers de Séville, Cordoue, Sanlúcar de Barrameda vous expliqueront bien mieux que moi l'art de manger debout. Et en plus, le transport mis à part (évitez Bétail'Air!), ça vous coûtera beaucoup moins cher! Sans compter d'éventuels transports amoureux dont le Sud de l'Espagne n'est pas avare.
Mais bon, comme les magazines vous ont pour la plupart convaincus que vous alliez débarquer au pays des tapas, je vais faire un effort et vous glisser une ou deux adresses… N'étant pas un assassin, je vous épargne le très chimique Tickets, que j'avais qualifié de pire restaurant de la ville, incontournable selon la presse panurgique (génial, forcément génial…) et dont on finira bien par expliquer un jour que c'est là, précisément, qu'on a inventé les tapas. Je ferai également l'impasse sur les mangeoires du Paseo de Gracia dont la qualité gastronomique est en général assez proche des stations-services d'autoroute**. Je vous rappellerai en revanche la grande qualité de certains établissements de la Barceloneta (La Cova Fumada), du Born (Xampanyet), du Barrio Gótico (Zim et La Palma) ou du Raval (Mam i Teca); attention, aucun ne correspond intégralement à la définition du vrai bar à tapas espagnol où l'on vous sert des bouchées de tout est de rien pour un, deux ou trois euros, mais ce sont des maisons de confiance. Puisqu'on parle d'argent, sauf, si vous avez gagné au loto, évitez les restaurants du marché de La Boqueria, il y a du bon, comme chez Quim, mais du bon à des prix d'Américain!
Tout ça, c'est bien joli, mais dans la vie, on ne fait pas toujours ce qu'on veut. Il arrive qu'on se retrouve dans des quartiers qu'on n'a pas choisi; imaginez que votre épouse (ou votre époux) soit pris d'une soudaine envie d'aller faire les soldes. Caramba! Encore raté! Oubliés la Barceloneta, le Born et tutti quanti, vous voici coincés sur les Champs-Élysées barcelonais, au milieu des boutiques de luxe, sur ce Paseo de Gracia dont je parlais il y a une minute, au cœur de cet Eixample décrit parfois comme un "New-York du pauvre". Donc, vous vous dites que pour manger avec les doigts, en se prenant pour Hemingway de retour des arènes, c'est loupé! Erreur, il y a une bonne petite adresse, connue aussi bien des locaux que des étrangers avisés: Tapas 24.
Tapas,24, ce n'est pas le restaurant du siècle, pas non plus une immense découverte, n'empêche qu'on est bien content que ça existe! Il s'agit en fait d'un des établissements de Carlos Abellán, le chef de Comerç,24, formé à l'école moléculaire mais qui s'est depuis émancipé. Ouvert non-stop de huit heures du matin à minuit, Tapas,24 est une ruche; il faut parfois accepter d'y faire la queue, mais c'est un des meilleurs spots de ce quartier triste de Barcelone pour se restaurer vite fait, avec ce qu'il faut d'entrain et de gaieté.
D'abord à cause de l'accueil. Beaucoup de professionnalisme dans cette maison, on ne se sent pas obligé, comme trop souvent dans les environs, de faire la gueule pour faire sérieux. Au contraire. Malgré la foule, le service est précis, rapide et volontiers souriant, éventuellement gouailleur si l'on entr'ouvre la porte. Le décor est au diapason, vivant, coloré, faussement bordélique et, surtout, autre rareté, qui ne pète pas plus haut que son cul.
Cela dit, on ne va pas faire comme le Guide des pneux et se la jouer Marie-Claire Maison ou Elle Déco, a priori, un restaurant, c'est fait pour manger. Sous réserve de la saison, les grands classiques sont là avec de belles patatas bravas, des anchois frits au citron, un rabo de toro (daube de queue) quasi-andalou ainsi qu'un cap i pota (tête et pieds de veau en sauce pimentée) de toute première bourre, presque aussi bon qu'à la Cova Fumada. Il y a aussi de gentils clins d'œils à la "cuisine déstructurée", avec en plus d'un généreux pain-tomate, un tapa de oro où l'on reconstitue soi-même avec des mouillettes le goût de cet incontournable des tables espagnoles. Pas mal de produits de la mer à la planxa, et même du caviar du Val d'Aran, pour de luxueux apéros. Je suis un peu moins fan en revanche ces derniers temps de certaines suggestions de l'ardoise du jour qui à force de vouloir se la jouer fusion tombent légèrement dans l'asiatique de pacotille. Je ne sais pas si c'est le lieu.
Bref, Tapas,24, c'est le restau à tout faire, une rencontre impromptue, une fringale soudaine… Pour vous dire, c'est là que nous sommes réfugiés, un peu comme dans une "cellule psychologique" en fuyant ce Tickets que j'évoquais plus haut. Reste la carte des vins, là, ce n'est pas vraiment la fête; parfois une bouteille manzanilla entamée vous sauve la mise mais, sinon, c'est l'habituelle catastrophe catalane avec des pinards à côtés desquels un morceau de Kraftwerk passerait pour du rhythm 'n' blues bien gras… Personnellement, comme beaucoup, je me tourne vers la pression, d'autant qu'on a le bon goût ici de servir de la Moritz, la bière industrielle la plus buvable de Barcelone. En résumé, ce n'est pas Séville, mais ça fait la maille!
Tout ça, c'est bien joli, mais dans la vie, on ne fait pas toujours ce qu'on veut. Il arrive qu'on se retrouve dans des quartiers qu'on n'a pas choisi; imaginez que votre épouse (ou votre époux) soit pris d'une soudaine envie d'aller faire les soldes. Caramba! Encore raté! Oubliés la Barceloneta, le Born et tutti quanti, vous voici coincés sur les Champs-Élysées barcelonais, au milieu des boutiques de luxe, sur ce Paseo de Gracia dont je parlais il y a une minute, au cœur de cet Eixample décrit parfois comme un "New-York du pauvre". Donc, vous vous dites que pour manger avec les doigts, en se prenant pour Hemingway de retour des arènes, c'est loupé! Erreur, il y a une bonne petite adresse, connue aussi bien des locaux que des étrangers avisés: Tapas 24.
Tapas,24, ce n'est pas le restaurant du siècle, pas non plus une immense découverte, n'empêche qu'on est bien content que ça existe! Il s'agit en fait d'un des établissements de Carlos Abellán, le chef de Comerç,24, formé à l'école moléculaire mais qui s'est depuis émancipé. Ouvert non-stop de huit heures du matin à minuit, Tapas,24 est une ruche; il faut parfois accepter d'y faire la queue, mais c'est un des meilleurs spots de ce quartier triste de Barcelone pour se restaurer vite fait, avec ce qu'il faut d'entrain et de gaieté.
D'abord à cause de l'accueil. Beaucoup de professionnalisme dans cette maison, on ne se sent pas obligé, comme trop souvent dans les environs, de faire la gueule pour faire sérieux. Au contraire. Malgré la foule, le service est précis, rapide et volontiers souriant, éventuellement gouailleur si l'on entr'ouvre la porte. Le décor est au diapason, vivant, coloré, faussement bordélique et, surtout, autre rareté, qui ne pète pas plus haut que son cul.
Cela dit, on ne va pas faire comme le Guide des pneux et se la jouer Marie-Claire Maison ou Elle Déco, a priori, un restaurant, c'est fait pour manger. Sous réserve de la saison, les grands classiques sont là avec de belles patatas bravas, des anchois frits au citron, un rabo de toro (daube de queue) quasi-andalou ainsi qu'un cap i pota (tête et pieds de veau en sauce pimentée) de toute première bourre, presque aussi bon qu'à la Cova Fumada. Il y a aussi de gentils clins d'œils à la "cuisine déstructurée", avec en plus d'un généreux pain-tomate, un tapa de oro où l'on reconstitue soi-même avec des mouillettes le goût de cet incontournable des tables espagnoles. Pas mal de produits de la mer à la planxa, et même du caviar du Val d'Aran, pour de luxueux apéros. Je suis un peu moins fan en revanche ces derniers temps de certaines suggestions de l'ardoise du jour qui à force de vouloir se la jouer fusion tombent légèrement dans l'asiatique de pacotille. Je ne sais pas si c'est le lieu.
Bref, Tapas,24, c'est le restau à tout faire, une rencontre impromptue, une fringale soudaine… Pour vous dire, c'est là que nous sommes réfugiés, un peu comme dans une "cellule psychologique" en fuyant ce Tickets que j'évoquais plus haut. Reste la carte des vins, là, ce n'est pas vraiment la fête; parfois une bouteille manzanilla entamée vous sauve la mise mais, sinon, c'est l'habituelle catastrophe catalane avec des pinards à côtés desquels un morceau de Kraftwerk passerait pour du rhythm 'n' blues bien gras… Personnellement, comme beaucoup, je me tourne vers la pression, d'autant qu'on a le bon goût ici de servir de la Moritz, la bière industrielle la plus buvable de Barcelone. En résumé, ce n'est pas Séville, mais ça fait la maille!
* En la matière, le record du Monde, qui ne concerne pas le solide mais le liquide, est détenu par un "grand reporter" parisien qui expliquait dans une revue spécialisée que la manzanilla andalouse était la boisson préférée de Barcelone. Par charité chrétienne, je tairai le nom de cet hurluberlu.
** qui, par parenthèse, sont plutôt moins pires en Espagne qu'en France.
Je reviens du Blog des Pourcels, et je navigue jusque votre blog toujours à la recherche des meilleurs Tapas de Barcelone, bien sympa ces petites articles sur les restaurants Tapas :)
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