Vins "propres" : arrêtons la branlette !


Je bois suffisamment de vin, légèrement plus que la moyenne, pour ne pas avoir envie d'ingérer des saloperies. L'alcool (le plus grand poison du vin) est en soi un mal suffisant, pas besoin d'y rajouter un attirail chimique qu'on peut éventuellement soupçonner de corser l'affaire.
Ce que contiennent les jus que je sirote m'intéresse donc au plus haut point. Mais, dans le même temps, l'invasion du NéoMondovino par un discours, un blabla, des conversations de salon souvent plus politiques que scientifiques, parfois plus agressivement commerciaux que réellement sincères, finit par me saouler, pour ne pas dire m'intoxiquer. Et pourrait presque, par son allure puritaine, me gâcher le plaisir. Bref, j'ai l'impression de ne plus pouvoir boire tranquille.


Pourtant, la solution existe. Simple comme bonjour. Imparable. Il ne reste plus qu'à l'appliquer, pour le plus grand bonheur du consommateur ou de l'intermédiaire attentifs. 
Plutôt que de perdre du temps à juger de (bonnes) intentions et à polluer les discussions pinardières avec ça, incitons les vignerons à jouer franc jeu. Comment? En livrant systématiquement, avec chaque cuvée, une analyse chimique de leur vin, après mise en bouteille. 
L'idée avait été évoquée (par Hervé Bizeul notamment), elle a été mise en œuvre par mon copain Michel Escande en Minervois. Il a demandé à Phytocontrol, un laboratoire nimois agréé par Veritas de rechercher d'éventuelles traces de 150 pesticides, autorisés ou pas, dans sa production. Il a publié cette analyse sur le web, et sur chacune de ses étiquettes, un QR code faisait le lien avec cette fiche d'analyse


Il va de soi qu'on peut compléter cette recherche de pesticides par celle de résidus de vinification, ou de traceurs de procédés, de bricolages, d'additifs plus ou moins honnêtes (eau oxygénée, bentonite, acide sulfurique, par exemple, pour ceux qui veulent l'effet des sulfites sans les sulfites), voire de champignons dangereux comme l'ochratoxine-A (déjà contrôlée dans les vins importés au Québec), potentiellement cancérigène. Pour les plus pointilleux, qui veulent aller au bout des choses, les bois de vigne peuvent également servir de base à d'autres analyses, ainsi que la terre des parcelles (pour détecter les désherbants).


Ce qui est intéressant, et définitif, avec cette méthode, c'est qu'on passera enfin de l'obligation de moyen à l'obligation de résultat, de la promesse à la promesse tenue (ou pas), bref qu'on arrêtera de se tirer sur l'élastique. Le tout pour une centaine d'euros par cuvée.
Bien sûr, je peux parfaitement comprendre que l'on n'en ait rien à foutre de ces histoires de pesticides et de résidus, auquel cas, on trouvera complètement inutile cette idée d'analyse du vin a posteriori. Dans le cas inverse, si l'on considère que c'est important, je ne vois pas comment, sauf insincérité notoire ou obscurantisme patenté, on pourrait s'y opposer. Et puis, une fois que cette petite formalité, indolore pour la plupart des vignerons sérieux, aura été accomplie, plus besoin de discourir sur la propreté, la nudité, la naturalité du de ce que nous avons dans le verre: les choses seront claires, limpides, transparentes. Que de temps gagné!
Alors, enfin, on pourra reparler intrinsèquement de vin, de plaisir, du bonheur de boire.







Commentaires

  1. Important : ce qu'il faut exiger est un rapport "Cofrac", qui stipule que les analyses sont réalisées sous accréditation par le laboratoire. C'est une garantie de fiabilité, même si elle n'est pas une assurance absolue. Véritas n'a rien à voir là-dedans. C'est le COmité FRançais d'ACcréditation qui cautionne le bon fonctionnement des laboratoires d'analyses.
    D'autre part, que fait la bentonite au milieu de produits comme l'acide sulfurique et l'eau oxygénée ? Elle ne joue pas dans la même cour...

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    1. Veritas a à voir en ce sens que pour leur contrôle bio (depuis le rachat de qual France) ils utilisent ce laboratoire.
      Je parle d'additifs plus ou moins autorisés, donc...

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    2. Quali France, pardon, pas qual France.

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    3. Et le débat va devenir "vaut-il mieux des traces de clomazone mais 0 deltaméthrine, ou l'inverse ?"
      Pas sûr que l'on y gagne.
      Sans compter les tensions entre voisins, chacun rejetant la présence de pesticides sur le dos du vigneron d'à côté ...

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    4. Ce que je voulais dire c'est que Véritas n'a rien à voir dans la garantie de fiabilité des analyses que j'évoquais. Et c'est un point essentiel, la fiabilité des analyses. Combien de labo. nous trouvent des phénols, de la géosmine, des TCA, là où il n'y en a pas ? Et inversement, trouvent un encéphalogramme plat dans des vins bien plombés ? Pour les autres rôles de Véritas, c'est un autre sujet.

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  2. Bonsoir Mr Pousson,
    la recherche de résidus par analyse serait sans conteste la meilleure des solutions mais à une seule condition :que la liste des produits recherchés soit EXHAUSTIVE .Ce qui n'est absolument pas le cas dans l'exemple choisi ! Il en manque beaucoup et non des moindres....
    Si l'on s'en tenait à cette liste,un vigneron pourrait repeindre ses raisins d'un cocktail de cymoxanil + cuivre + meptyldinocap + thiaméthoxam (je m'arrete là avec les gros mots ...) et une fois son vin fait ,aller se refaire une virginité par le biais de cette analyse ...
    Quand on veut rassurer le consommateur,c'est tout ou rien.Entre les deux,ce n'est que de la com'.



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    1. Désolé, l'exemple pris est celui, "officiel", d'un contrôle bio agréé. Qu'on puisse l'améliorer, je n'en doute pas, il me semble même èvoquer des pistes plus haut.
      Mais si vous avez des suggestions pour créer ce qui me semblerait la base de tout vin "propre", n'hésitez pas, plus nous serons nombreux à améliorer ce concept, plus il prendra corps.

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  3. Prise de position interessante. Je me permets juste de repreciser que cette obligation de resultat existe deja pour les vins bio certifies: 0 residu de.pesticides chimiques, non utilisables.en Ab. Des analyses.sont effectues par l organisme certificateur, lui meme accredite par l etat. Elles concernent le vin, mais aussi les raisins, feuilles et la terre des.parcelles certifiees. Le mais, que je regrette, est que ces analyses n e sont pas systematiques.tLa raison premiere est le cout! Seule une analyse de so2 total est realisee systematiquement par cuvee. Une solution souhaitable serait une evolution de la reglementation bio pour systematiser ces analyses.Mais qui paye? Le vigneron bio qui paye deja.la certificatiob pour prouver ses bonnes pratiques et sa bonne foi

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    1. Non, l'obligation de résultat n'existe pas. Les analyses sont occasionnelles, d'où l'initiative de ce vigneron.
      Les systématiser, au delà du bio comme le fait Hervé Bizeul, ne coûte pas non plus une fortune, de l'ordre de 1 centime d'€/bouteille pour une petite cuvée de 10000 cols. Compte tenu de la place médiatique et marketing que prennent les débats sur la propreté du vin, c'est très peu.

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    2. Il n'y a de vin bio, mais du raisin bio. On peut avoir du raisin bio et le flinguer avec tous les intrants autorisés.

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    3. Si, Xavier, désormais, le vin bio existe, et au niveau européen.

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    4. Ha ok désolé. Et la liste des intrants et des méthodes de vinification autorisées fait partie du label ?

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    5. Oui, il y a une liste précise dans le cahier des charges de vinification depuis le règlement de 2012 (http://www.ecocert.fr/sites/www.ecocert.fr/files/FDSVinif.pdf). On peut la trouver trop longue avec des produits comme la gomme arabique, cette saloperie dont on parle trop peu, la bentonite ou les tanins. Ce qui me dérange beaucoup, en revanche, c'est qu'on autorise la flash-pasteurisation qui fait d'un vin un produit mort, à l'instar du Caprice des Dieux. Ce procédé est très utilisé, en méthode de sauvetage ou pire, de stabilisation, y compris par des vignerons "plein de bouche". À mon sens, ça ne devrait pas exister en bio.

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  4. Mouais, cela suppose que le consommateur soit en capacité de comprendre ces données. Quand on voit la confusion qu'engendre les labels, ou encore que la simple présence de so2 pourra effrayer de nombreux buveurs de vins qui ne savent pas que toutes les bouteilles en contiennent, ça ne m'étonne pas que les vignerons même les plus transparents n'aient pas franchement envie d'investir ce terrain qui représente pas mal de risque pour au final presque aucun bénéfice.

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    1. Ça, il suffit de le codifier à l'avance et de l'expliquer. Mais dans l'exemple présenté, il faudrait vraiment avoir un Qi d'huître pour ne pas comprendre cette analyse en 30 secondes. Ne prenons pas le consommateur pour un con!

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    2. ça boit du vin, une huître ?

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  5. Cher Vincent Pousson n'hésitez pas a regarder notre site : vins et santé nous effectuons systématiquement ces analyses (accréditées cofrac) nous publions seulement le résultat final la LMR Max relevée parmi 85 molécules. Merci pour cet article car l'idée de M.escande était en discussion chez nous et nous conforte dans notre volonté. Notre plus gros problème est notre nom quelque peu dérangeant parfois en effet marquer vins et santé sur une bouteille peut être problématique !

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