Exorbitante minéralité.
Dans le prix d'une bouteille de vin, outre le tarif de la voiture du vigneron, la taille de son château et le (gros) pourboire du percepteur, il y a un paramètre important qu'on oublie un peu souvent, la cote du foncier. Il y a quelques semaines, la Safer publiait ses chiffres annuels, révélant qu'en un an, le prix moyen de l'hectare de vigne AOP français avait grimpé de 3,6% pour atteindre 136000 euros. Un niveau est "inédit" selon la Safer, mais qui cache de très importantes disparités inter et intra régionales.
Pour s'en faire une idée schématique, voici une carte nationale, qui montre l'impressionnant écart qui existe entre les "riches", comme les grands crus bourguignons, Pomerol ou Saint-Tropez et les "pauvres", tels que la Touraine, les Corbières ou les Côtes de Bordeaux.
On le voit, le "goût de terroir" que l'on trouve (ou pas) dans son verre de vin a un coût qui peut sembler ruineux. Et dans certaines appellations, généralement petites, avant même d'avoir évoqué le travail du vigneron, telle ou telle pratique, le prix du foncier génère un ticket d'entrée qui peut sembler prohibitif au buveur moyen. Avant de payer pour un vin, il paye pour une notoriété, laquelle peut rendre certains rapports "prix-plaisir" détestables.
On me répondra que, justement, ce ticket d'entrée, c'est celui du terroir, du "grand" terroir. Mouais… Je suis peut-être piètre dégustateur, mais cette écart tarifaire de un à mille, je peine un peu à le discerner dans le verre, sans avoir lu l'étiquette. D'où l'absolue nécessité de choisir ses vins à l'aveugle, et de partir à la rencontre des "grands terroirs des petites appellations"…
Rien de nouveau dans tout cela, si ce n'est que ces écarts ont tendance à s'accroître, par le fait notamment de la spéculation, de l'offre et la demande. Ce qui n'est pas d'ailleurs sans poser problème à certains vignerons: la transmission des exploitations familiales et l'installation des jeunes deviennent compliqués dans les régions millionnaires. Quant au buveur, il sait désormais que le goût de quelques terroirs, que leur minéralité est devenue exorbitante, hors de prix, et qu'il vaut mieux aller voir ailleurs.
Visiblement dans le Sud ouest le foncier n'a pas de prix ...
RépondreSupprimerTrès intéressant.
RépondreSupprimerCela dit, la cote de l'hectare à Saint-Tropez montre que, dans la presqu'île au moins, le prix du foncier n'a rien à voir avec la qualité du vin. Au contraire de ce qui se passe ailleurs. Pour bien boire, il vaut mieux deux hectares à une brique en Côtes-de-Nuits qu'un hectare à deux briques à Saint-Trop'.
You were the best !
SupprimerIl faut croire que Saint-Trop' n'a pas encore trouvé les cépages que son sol et son climat transcenderaient ni les personnes pour le faire.
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