La fin des trans.


Ne vous faites pas de fausses idées, les "trans", ce sont les "acides gras trans artificiels que l'on trouve dans les aliments. Il s'agit d'un des ingrédients fétiche de la cuisine d'usine: grâce à eux, les biscuits du pousse-caddie sont plus fondants, rancissent moins, les pizzas des cuistots-escrocs tiennent mieux, et pour beaucoup moins cher qu'avec du bon gras. Malgré ces délicieuses qualités, dans une décision mûrie de longue date, la puissante FDA, l'Agence américaine de réglementation des produits alimentaires et des médicaments a annoncé hier que d'ici trois ans ces saloperies seraient bannies de l'assiette des habitants des États-Unis
"Les huiles végétales partiellement hydrogénées, explique la FDA, principale source diététique des acides gras trans artificiels dans la production alimentaire industrielle, ne sont pas généralement jugées sûres pour être utilisées dans la nourriture humaine", a expliqué l'Agence américaine de réglementation des produits alimentaires et des médicaments (FDA).
Depuis 2006, les industries alimentaires étaient déjà tenues d'indiquer sur les étiquettes US de leurs produits la présence d'acides gras trans. Grâce à cette réglementation et à la reformulation des produits la consommation de ces graisses a diminué d'environ 78% de 2003 à 2012, passant de 4,6 grammes par jour à environ 1 gramme par jour.


"Cette décision de la FDA sur cette source majeure de graisse artificielle montre l'engagement de l'agence à protéger la santé cardiaque de tous les Américains", a fait valoir le Dr Stephen Ostroff, son directeur par intérim. Car c'est principalement comme ça que les trans nous font crever, en bouchant nos artères, celle des pauvres en particulier.
Il faut être beau joueur (surtout quand, comme moi, on n'est pas le dernier à critiquer les mœurs alimentaires des États-Unis), bravo pour cette décision volontariste! Une premier pas vers des façons de manger plus naturellement. L'Europe est d'ailleurs un peu à la bourre sur ce dossier puisque, comme le rappelle l'OMS, seules l’Autriche, le Danemark, la Hongrie, l’Islande, la Norvège et la Suisse ont légiféré en ce domaine. Du côté français, peut-être faudrait-il en toucher un mot à Ségolène Royal qui m'a l'air particulièrement en cannes ces derniers temps. Personnellement, après le coup du Roundupj'ai adoré sa sortie canalplussienne sur cette merde de Nutella, face à un présentateur télé, si satirique d'habitude et bien couillonnasse sur le coup. Merci madame Royal*!


Ironie de l'histoire, l'origine des "trans" n'est pas américaine mais française: la technologie permettant de solidifier l'huile pour en faire de la margarine a été découverte par le chimiste carcassonnais Paul Sabatier, en 1902, améliorée en Grande-Bretagne, et Procter & Gamble, qui a flairé le bon coup en a acheté les droits pour les États-Unis dès 1909. Sont arrivées l'huile de palme, le soja et tous ces délices exotiques qui ont permis leur avènement à grande échelle dans la nourriture populaire. Au détriment de la graisse de canard, de l'huile d'olive, du beurre ou du saindoux.
Quoi qu'il en soit, cette interdiction américaine nous rappelle pourquoi il vaut mieux, à la maison comme au restaurant, se passer de la malbouffe d'usine et de pousse-caddie. Les acides gras trans artificiels, entre autre poisons, s'y cachent un peu partout. À notre insu.




* Actualisation Mercredi 17 Juin 2015 18h00: malheureusement, Ségolène Royal s'est couchée comme l'indique le tweet ci-dessous (lire ici). Nutella et le lobby de la malbouffe ont gagné…


La photo qui ouvre cet article est tirée de la superbe rétrospective consacrée à la grande Diane Arbus. Plus d'infos ici.

Commentaires

Articles les plus consultés