La morale des dames patronnesses.


L'article 49-3 de la Constitution est un peu au débat politique français ce que les valises de pognon sont au football: il y flotte comme un parfum de matches truqués. Vieille tradition d'ailleurs dont ses opposants sont un peu gonflés de reprocher l'utilisation à l'actuel premier ministre, par ailleurs grand supporter du Barça.  
Si je remets indirectement sur le tapis la sordide affaire du vol Poitiers-Berlin, tellement symbolique de la parfaite dégénérescence morale du personnel politique hexagonal et de sa cour, c'est justement parce que ce fameux article 49-3 devrait, dans les heures à venir, permettre au gouvernement en place de régler un "problème moral".


Certes, l'utilisation prochaine de l'article 49-3 par le socio à réaction du Football-Club barcelonais ne vise pas en priorité "l'amendement César" qui visait à clarifier l'incompréhensible Loi Évin, il y a d'autres suppositoires à faire passer à la Gauche, d'un diamètre largement comparable à celui de la carlingue d'un Falcon. Mais, incidemment, ce beau moment de dilatation anale va permettre d'effacer le texte porté par le sénateur républicain et girondin Gérard César mais co-signé par bon nombre de ses collègues dont le socialiste audois Roland Courteau.


Problème moral? Oui, il faut croire en entendant le ton adopté par la plupart des politiciens socialistes et la clique des alcoologues. Claude Évin le premier, défendant son bébé, nous a gratifié de quelques jérémiades. À moins qu'il ne s'agisse de jéromiades, son poisson-pilote Jérôme Cahuzac, l'ami des labos, ayant joué un rôle actif dans la mise en place de ce texte dont on veut nous faire croire, en France, qu'il s'agit d'une des Sept Merveilles du Monde.
Au passage, dans une interview au Parisien, l'ancien ministre nous apprenait, en vertu de statistiques dont on aimerait connaître l'origine (mais dont la rigueur semble toute cahuzacienne) que "l'alcool tuait cinquante mille personnes par an".


Le Président de la République, lui-même, a pris son air de directeur d'école courroucé lors de sa visite inaugurale à Vinexpo, pendant que sa compagne remplaçait, elle, à Saint-&-Millions, la Gauche-Caviar par la Gauche-Angélus. François Hollande souhaite que l'on "préserve d'abord les équilibres" de cette Loi Évin, là encore comme s'il s'agissait d'un chef d'œuvre en péril. Mais, comme je l'écrivaitsil y a quelques jours, quels équilibres?
Si en matière d'alcoolisme la situation de la France est bien plus plus enviable que celle de beaucoup de ses voisins, singulièrement ceux qui ne sont pas de tradition viticole, c'est justement grâce au vin et à sa culture. Ce n'est pas moi qui le dit mais les experts de l'OCDE, dans un épais rapport que le lobby des alcoologues et leurs alliés spécialistes-labos de la Presse française, apôtres du prohibitionnement correct ont préféré écarter de nos yeux trop crédules. Il est vrai qu'on y mettait en avant les vertus de l'éducation à la boisson…


Mais évidemment, pour la morale, rien ne vaut les dames patronnesses. Certaines d'entre elles ont, on le sait, la charité bruyante et font davantage dans la gesticulation que dans l'efficacité. Ainsi l'ineffable Michèle Delaunay, ancienne ministre girondine qui a à son tour, hier, déposé un amendement pour contrer l'amendement. Mais évidemment, avec l'utilisation du 49-3, autant pisser dans un violon…
Par parenthèse, si madame Delaunay est si concernée que cela par la santé de ses compatriotes, peut-être serait-il bon qu'elle arrête ses calamiteuses sorties scientifiques en faveur des pesticides. Vous vous souvenez sûrement de son merveilleux coup d'éclat il y a quelques mois.


Enfin, il y a celle que ce non-vote et la sanctification (je n'ai pas écrit sanctuarisation) de la Loi Évin exaucera, Marisol Touraine. Après l'adoption de "l'amendement César", le ministre des Affaires Sociales avait appelé à "un sursaut". Ouf, elle va gagner! La Santé des Français est sauvée, cela lui permettra peut-être même d'envisager encore quelques coupes sombres ici et là. La Santé des Français est sauvée, et surtout, surtout, la "morale" est sauve.
Reste à soigner, au delà du débat sur cette vieille Loi Évin du "pays du vin" qui fait rire le Monde entier, une grave maladie dont elle est la parfaite illustration, une maladie infantilisante qui menace les Français. Un virus terrible dont toutes ces dames patronnesses (mâles ou femelles) aux cuisses pas toujours propres, sont des porteurs malsains: le règlementarisme. Une maladie dont la complication la plus dangereuse, fréquemment létale, n'est autre que l'extrémisme.











Commentaires

  1. Les photos de ces deux dames sont accablantes.
    On voit très bien où se situent leurs respectives afflictions.

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  2. Voilà "bien" illustrée la nature peccamineuse de l'homme, Monsieur Pousson, aegri somnia.

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  3. `
    Euh.n'a pas eu les mêmes pages du rapport de l'OCDE. Il dit juste l'inverse. La france n'est plus la championne du monde des consommateurs mais la mortalité attribuable à l'alcool est la plus élevé du monde.

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    1. Je ne suis jamais sûr de rien. Ma fibre scientifique c'est entre Descartes et Claude Bernard, Je confronte mes doutes à l'approche démontrable de la vérité, dégagée des vues de l'esprit, morale comprise. Pour revenir à l'OCDE, une des alertes c'est l'augmentation relative de la consommation d'alcool chez les femmes (vin surtout) et la mortalité spécifique (par cancer du sein notamment ).

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    2. Au nom de ce doute scientifique et philosophique qui nous unit, je vous invite à relire le texte intégral du rapport et non le digest de l'attachée de Presse. Alors, d'un même élan, nous pousserons un joyeux cocorico en découvrant tout le bien que les experts pensent de l'éducation au vin à la française.

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