Mademoiselle, Mon Plaisir et la police de la Pensée.
Mademoiselle. J'adore ce mot. Sa musique, d'abord, qui varie suivant les accents, pour devenir plus canaille à Paris, plus enjôleur à Aix-en-Provence. Mademoiselle… Et tous ces doutes, ces sous-entendus, ces questions en suspens. Une vraie demoiselle? Il y a tellement plus de mystères chez une demoiselle.
Ce mot, sublime, a colonisé d'autre langues, publicité chantante, par exemple en anglais, pour un art de vivre à la française. Que de rock rauque dans le "mademoiselle" d'Iggy Pop. On en fait des chaussures, des parfums, du marketing bien sûr mais aussi le souvenir troublant d'émois tremblants, de "rendez-vous" où elle finit par se rendre.
Mademoiselle, pourtant, est désormais prohibé sur sa terre natale, biffé des indigestes formulaires administratifs. Disparue des paperasses, la demoiselle à la peau blanche et fine, à la sueur délicate. Au nom d'un féminisme qui sait pourtant détourner efficacement le regard d'autres atteintes infiniment plus flagrantes, plus odieuses, plus monstrueuses à la condition des femmes ici et ailleurs. Féminisme de pacotille, moralisme déguisé, qui se dresse sur ses ergots, gesticule pour un charmant (et académique) "Madame le Président" et se voile la face par ailleurs, là où ça fait mal. Que l'on me traite de macho pour cette poignée de mots, je m'en contrefous et pense plutôt aux sourires de ces demoiselles fières de l'être et qui m'en remercieront.
Je ne vais pas lister ici toutes les folies, tous les gadgets politiques mis en place par les crétins malchanceux arrivés par hasard au pouvoir dans ce beau pays de France. On pensait avoir touché le fond de la piscine précédemment, il restait visiblement quelques brasses. Je passerai sous silence la stupide interdiction des feux de cheminée décidée par une bande de bas-de-plafonds (lire ici l'article de Que Choisir à ce sujet) et qu'on s'apprêterait heureusement à remettre en cause. J'éviterai d'évoquer la réglementation crétine bientôt appliquée sur l'intitulé de la viande dans les pousse-caddie (j'en parlais là l'été dernier).
Mais avant qu'il ne soit trop tard, comment ne pas évoquer le dernier coup de folie des prohibitionno-moralistes de l'Association Nationale pour la Prévention en Alcoologie et Addictologie, la tristement célèbre ANPAA, qui tentent d'inciter nos gouvernants* à commettre une bêtise de plus?
C'est le site Vitisphère qui révèle l'affaire. Le président de l'ANPAA, Alain Rigaud, "a rencontré le 3 décembre le député PS Olivier Véran, rapporteur sur la loi de Santé publique (qui devrait être débattue en mars ou en avril à l'Assemblée Nationale). Au cours de ce rendez-vous, le président de l'ANPAA a présenté neuf amendements soutenus par l'Association, faisant preuve d'une certaine dextérité à s'adoner à l'exercice de lobbying. Si la plupart des amendements reprennent les positions traditionnelles de l'association, il en est un qui est une véritable surprise. Il s'attaque en effet aux noms des cuvées, dont certaines sont accusées de contourner la loi Évin en évoquant de trop près le champs lexical lié à l'hédonisme. Jamais l'ANPAA n'avait affiché une telle volonté de contrôle et d'intrusion. Elle souhaite "revenir à l'esprit originel" de la loi Évin, fait-t-elle savoir mais, avec cette proposition, l'ANPAA va incontestablement plus loin et s'attaque à la liberté des entreprises de choisir le nom de leurs vins."
Des cuvées qui "évoquent de trop près le champs lexical lié à l'hédonisme"? Ce thème avait déjà été évoqué récemment par le Ministre de la santé, j'en avais parlé ici.
"Le champs lexical lié à l'hédonisme", ça nous conduit où, ça dans la tête de ces grands malades grassement subventionnés? Bon évidemment, l'étiquette de Ganevat, ci-dessus, ça saute! J'en veux!!! Et puis quoi encore? L'envie, le désir, le plaisir ne sont qu'addictions pour cette bande de frustrés que je finis par trouver, de ce point de vue là notamment, effrayants**.
On songera également à supprimer toutes les cuvées, tous les écrits, les intitulés qui évoquent la joie, la bonne humeur, la convivialité. Finis les Miss Glou-Glou, les délires tire-bouchonnesques de Rémy Bousquet, , les épaulé-jetés de Tolmer/Breton et compagnie! Eh oui, "le champs lexical lié à l'hédonisme"… Je ne vous parle pas non plus des photos ou des dessins. Dans le même ordre d'idées, il faudra traquer l'humour. C'est dangereux l'humour. D'ailleurs, ne voit-on pas les gens qui ont trop bu rire ensemble? Le rire est aussi un ennemi.
Mais ce n'est pas tout! Au delà de cette communication plus moderne du vin (on faisait bien pire du temps du Postillon et de Kiravi…), "le champs lexical lié à l'hédonisme" il faudra aussi vérifier qu'il ne se terre pas dans la toponymie de notre bon vieux pays, et donc sur les étiquettes. Ce cher Clos de Mon Plaisir murisaltien, il faut vite que j'appelle Jean-Marc Roulot pour lui dire que ça aussi, c'est terminé! "Mon plaisir", tu n'y penses pas, Jean-Marc? Comme tous les autres Monplaisir, Mondésir, Les Amoureuses. Censurons le cadastre et la carte d'état-major! Interdisons gaiement! Va savoir, interdire, ça leur procure peut-être du bonheur dans la culotte à nos amis prohibitionnistes?
In fine, on s'en prendra à nos bonne vieilles appellations contrôlées. En commençant par le saint-amour. Parce qu'en matière de ""champs lexical lié à l'hédonisme", ce beaujolais égrillard, vicieux, conjugue lui deux motifs d'addictions, l'alcool et le sexe, une honte! Et on se débarrassera au passage de la petite IGP Vallée du Paradis, au cas où…
De toute façon, car le Diable se cache dans les détails, il faudra inventer et mettre en place une véritable unité de traque de tout ce qui pourrait de près ou de loin s'approcher de ce fameux "champs lexical lié à l'hédonisme". Allons, n'ayons pas peur des mots, une "police de la Pensée", méthodique comme celle de Beria, qui traquera l'envie et le désir, ainsi que tout ceux qui peuvent les générer. Afin de poursuivre la grande œuvre des prohibitionnistes subventionnés (grâce notamment aux impôts de l'industrie vinicole), fonctionnarisés: l'éradication du vin dans son pays d'élection.
"Le champs lexical lié à l'hédonisme", ça nous conduit où, ça dans la tête de ces grands malades grassement subventionnés? Bon évidemment, l'étiquette de Ganevat, ci-dessus, ça saute! J'en veux!!! Et puis quoi encore? L'envie, le désir, le plaisir ne sont qu'addictions pour cette bande de frustrés que je finis par trouver, de ce point de vue là notamment, effrayants**.
On songera également à supprimer toutes les cuvées, tous les écrits, les intitulés qui évoquent la joie, la bonne humeur, la convivialité. Finis les Miss Glou-Glou, les délires tire-bouchonnesques de Rémy Bousquet, , les épaulé-jetés de Tolmer/Breton et compagnie! Eh oui, "le champs lexical lié à l'hédonisme"… Je ne vous parle pas non plus des photos ou des dessins. Dans le même ordre d'idées, il faudra traquer l'humour. C'est dangereux l'humour. D'ailleurs, ne voit-on pas les gens qui ont trop bu rire ensemble? Le rire est aussi un ennemi.
Mais ce n'est pas tout! Au delà de cette communication plus moderne du vin (on faisait bien pire du temps du Postillon et de Kiravi…), "le champs lexical lié à l'hédonisme" il faudra aussi vérifier qu'il ne se terre pas dans la toponymie de notre bon vieux pays, et donc sur les étiquettes. Ce cher Clos de Mon Plaisir murisaltien, il faut vite que j'appelle Jean-Marc Roulot pour lui dire que ça aussi, c'est terminé! "Mon plaisir", tu n'y penses pas, Jean-Marc? Comme tous les autres Monplaisir, Mondésir, Les Amoureuses. Censurons le cadastre et la carte d'état-major! Interdisons gaiement! Va savoir, interdire, ça leur procure peut-être du bonheur dans la culotte à nos amis prohibitionnistes?
In fine, on s'en prendra à nos bonne vieilles appellations contrôlées. En commençant par le saint-amour. Parce qu'en matière de ""champs lexical lié à l'hédonisme", ce beaujolais égrillard, vicieux, conjugue lui deux motifs d'addictions, l'alcool et le sexe, une honte! Et on se débarrassera au passage de la petite IGP Vallée du Paradis, au cas où…
De toute façon, car le Diable se cache dans les détails, il faudra inventer et mettre en place une véritable unité de traque de tout ce qui pourrait de près ou de loin s'approcher de ce fameux "champs lexical lié à l'hédonisme". Allons, n'ayons pas peur des mots, une "police de la Pensée", méthodique comme celle de Beria, qui traquera l'envie et le désir, ainsi que tout ceux qui peuvent les générer. Afin de poursuivre la grande œuvre des prohibitionnistes subventionnés (grâce notamment aux impôts de l'industrie vinicole), fonctionnarisés: l'éradication du vin dans son pays d'élection.
* Pensez à en parler à votre député avant qu'il ne soit trop tard…
** Lisez ou relisez cette chronique qui expliquait leur tentative de s'en prendre aussi à notre vie sexuelle. Au tracers des dérapages de certains de leurs hiérarques, comme ici, je finis vraiment par les trouver un peu bizarres, à l'image du roi de la censure hollywoodienne dont je vous avais parlé un jour.
Evidemment ça ne va pas trop plaire, mais j'ai comme des envies de leur rectifier le blaire à ces petits-messieurs. "On n'a rien fait contre les idées tant que l'on ne s'en est pas pris aux personnes" disait Joseph de Maistre.
RépondreSupprimerUne petite liste "à la Didier Daeninckx", avec les noms , les adresses, et les lieux de scolarisation des enfants de ces fonctionnaires, ce serait un bon début en vue d'aller se dégourdir les phalanges...
Je peux comprendre votre réaction après tant de provocations (subventionnées), mais il vaut mieux les combattre sur le plan des idées. Sur le plan politique aussi, et éventuellement financier en inspectant leur comptabilité, laquelle laisse transparaître des salaires qui nous font penser que la France est encore un pays très riche.
SupprimerCe ne sont ni intrusions, ni remises en cause, ni des manœuvres rétrogrades, encore moins des effets de manches de la part de lobbies à la con. Non, ce sont vraiment des ...... Je vous laisse mettre le terme adéquat. Putain, les mots me manquent. Ce ne sont que des injures, des insultes, des pierres que l'on jette sur des hommes et des femmes qui vivent de la terre depuis des siècles. Comme ces pierres que l'on balance sur les petites filles dans d'autres pays pour les empêcher de rire, pour les forcer à vivre soumises et violées. Comme ces voiles que l'on met pour étouffer leurs traits et ces blessures à vif qu'on leur inflige avec vice. C'est fou comme il y a toujours un connard pour empêcher l'autre de faire le bien. Tiens, comme disait Nougaro (ou à peu de choses près), puisque c'est ça je vais me bourrer la gueule.
SupprimerSinon, "sur le plan des idées" et de l'hédonisme vs ANPAA il y a ça :
RépondreSupprimer"Peut-être que le sens du plaisir ne peut être retrouvé qu'au terme d'une sagesse, par delà le faux dilemme de l'hédonisme ou du rigorisme, lequel est une solution de peur et de fuite devant le plaisir et le corps. " - Ricœur
Ou bien ça :
"Conception de l'économie selon laquelle, la raison et la fin de toute activité économique n'est au fond que la poursuite du maximum de satisfactions." - Romeuf
Voir même pour "élargir" le débat :
"Caractère de jouissance des fixations de la libido sur les parties du corps qu'elle investit lors des stades du développement de l'enfant : hédonisme oral-anal-génital." - Lafon
On voit par là que le champ lexical de l'hédonisme est bon pour la croissance et même pour les lieux de pratiques des tenants de l'élévation transsubstantiatoire. Il ne manque plus qu'une petite loi pour éclairer le champ sémantique du sus-dit hédonisme qui immanquablement ouvrira la voie à une splendide saillie jaculatoire séant.