L'or n'a pas d'odeur ?



De boire de Boüard, mon cœur ne s'est pas arrêté…
Je sais, c'est mal. Mais j'y ai pris du plaisir, un plaisir coupable forcément. J'ai humé, inspiré. Profondément. Le parfum, cette "pureté vicieuse", était toujours là. Aucune souillure. Pourtant…
Et j'ai trempé mes lèvres. Juste quelques gouttes, au début, de ce muscat qui sent la muscadelle ou peut-être même le sémillon. Et j'ai bu. Un verre, deux verres…
Bien sûr, c'était stupide, un Klein Constantia aussi jeune. Sept ans. Ce n'est pas moi qui ai choisi. Quelle délicatesse pourtant. Comme toujours. Comme avant.


Eh oui, comme avant, parce que même si on le sait peu, depuis juin 2012 le propriétaire d'Angélus (comme Bruno Prats l'ex de Cos d'Estournel) possède des parts dans ce vignoble mythique. Dans ce muscat-springbok. Si par miracle vous ne le connaissiez pas, suivez ce lien où j'évoquais sa robe d'or, les larmes de Napoléon et la tarte au citron.
De boire de Boüard, je devrais avoir honte? Possible. Mon avocat plaidera le fait qu'en 2007 Hubert de Boüard n'avait pas encore pris attache avec le domaine du Cap. Arguties…
Pourtant, ça n'a pas réussi à me gâcher ce muscat, j'en suis confus. Comme je suis confus d'avoir bu parfois d'autres vins de vignerons dont je ne partageais pas les convictions. L'œuvre et l'auteur, éternel débat*…
Ce flacon biscornu, je l'ai bu jusqu'à la dernière goutte. Comme un ivrogne amoral. Pourrai-je en faire autant avec les millésimes postérieurs à 2012? Très franchement, je n'en ai aucune idée. Suis-je un salaud? Peut-être. La chair est faible et l'or de ce muscat n'a pas d'odeur. Ou plutôt si, une odeur envoûtante.




* Mon camarade Michel Smith avait consacré une intéressante chronique aux vins de salauds, à ceux dont les convictions politiques, extrémistes lui coupaient la soif, je n'ai malheureusement pas pu remettre la main dessus. Je précise que pour le coup, il n'était pas questions d'avis opposés mais d'opinions qui constituent des délits pénaux.



Commentaires

  1. Tant que tu ne l'as pas acheté au "pousse-caddie" après avoir regardé la "boîte à cons", alors l'honneur est sauf...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Pour la boîte-à-cons (en France en tout cas), c'est réglé, la prohibition évinesque interdit d'en parler, donc… Quant à en trouver au pousse-caddie, à mon avis, il va falloir se lever tôt.

      Supprimer
    2. On y trouvait bien du Lapierre à une époque, et même du Edouard Lafitte (Roussillon), par palettes, en 2012, dans un hyper de Portet-sur-Garonne, près de Toulouse...

      Supprimer
    3. Lapierre (cf. billet Franprix http://ideesliquidesetsolides.blogspot.com.es/2014/07/du-morgon-de-lapierre-allez-au.html ), ça va devenir une habitude!
      Pour Édouard Lafitte, c'est plus étonnant, il ne jouit pas d'une grosse notoriété. Ou alors, ça faisait partie d'un lot fourgué par un intermédiaire ou un caviste peu scrupuleux et/ou en difficulté.
      J'imagine (si c'est vérifié) que ça fera plaisir à certains de ceux qui nous lisent…

      Supprimer
  2. Ne te fais pas de bile, le savoir-faire de KK est là et ne sera pas bouleversé par l'arrivée ou le départ d'un investisseur. Ce joyau étonnamment accessible continuera à être délicieux. Accessible, en revanche, je ne sais pas. Mais ce n'est pas la fin du monde. Nous, nous avons Raymond Miquel.

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire

Articles les plus consultés