Le beaujolais bourguignon, et l'autre.


Depuis soixante ans, de part et d'autre de Villefranche-sur-Saône, deux univers viticoles assez différents cohabitaient: c'était l’Union viticole du Beaujolais. D'un côté, il y avait le beaujolais générique, enfant de la coopération et du négoce, celui d'où est venu la mauvaise réputation; pas toujours aussi imbuvable qu'on voulait bien le dire mais que les œnophiles fréquentaient guère, sauf un soir de cuite, en goguette, à la dérobée, le troisième jeudi de novembre. De l'autre côté, au Nord, sur les collines, se dressaient les dix crus, l'aristocratie du Beaujolais. On se récite la liste, histoire de se rafraîchir la mémoire? Allez, c'est parti! Chiroubles, Fleurie, Saint-Amour, Brouilly, Côte-de-Brouilly, Juliénas, Régnié, Chénas, Morgon et Moulin-à-Vent.


Depuis quelque temps, ça tiraillait, on parlait de scènes de ménage sur l'air de "tu ne me mérite pas", "tu me tires vers le bas" (les crus) et de "mais regarde tout ce que nous avons construit ensemble" (le générique). Comme dans toutes les histoires de couple, rien n'est tout noir, rien n'est tout blanc. Il se murmurait en revanche que les crus avait une maîtresse, un fille des beaux quartiers voisins, une enjôleuse: la Bourgogne. Elle, ou en tout cas son négoce, lorgnerait sur ces beaux terroirs susceptibles de lui fournir le vin que le Monde entier lui réclame et qu'elle est incapable de fournir. L'avenir nous dira s'ils refont leur vie ensemble.
En attendant, c'est officiel, le divorce a été prononcé en ce 30 décembre entre le beaujolais générique et les crus. Décision entérinée par le conseil d'administration de l’Union viticole du Beaujolais  à Villefranche-sur-Saône. Les deux parties se sont données trois mois pour régler les détails de cette séparation. 
Soyons égoïstes, est-ce que ça va changer la vie des buveurs de Dutraive, Besnier, Burgaud, Métral & Cie? Dans un premier temps, vraisemblablement pas. Ensuite, on verra. L'argent sera sûrement un peu plus à la fête. 





Commentaires

  1. Dommage, l'union était censée faire la force ! Affaire à suivre :-)

    RépondreSupprimer
  2. C'est comme avec l'harmonisation européenne du RMI. Qui calque son niveau sur l'autre?
    Allez, rêvons un peu... des Bourgognes aux prix des Beaujolais...

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire

Articles les plus consultés