Le vin de l'été indien ? Un rosé 'couillu'.
Au Café du Commerce comme à la télé (ce qui revient au même), tout le monde ne parle que de ça: la météo. Et bien sûr de cette vague de chaleur automnale qui s'abat sur une partie de l'Europe. Sale temps pour les vendeurs de parapluie! J'étais même inquiet pour cette fin de semaine: nous devons partir à Londres, et je me voyais mal troquer mon mac (qui ne me sert pas à grand chose en Espagne) contre une veste de lin. BBC News m'a rassuré, il devrait bien pleuvoir le week-end prochain sur Farringdon Without où nous résidons. Tant mieux, je ne m'imaginais pas les poutrelles métalliques de Smitfield Market sans quelques gouttes d'eau.
En attendant, si l'été indien surprend à Paris ou ailleurs dans le Nord, il n'a rien d'exceptionnel ici à Barcelone. En octobre, la mer est chaude, bien plus qu'en mai, et il faut vraiment attendre janvier pour que l'hiver commence à vaguement ressembler à quelque chose. On continue de vivre les fenêtres ouvertes, sur la terrasse.
Pour le vin, c'est pareil, les beaux jours sont toujours dans le verre. À cet égard, cela fait plusieurs mois que je suis un peu handicapé: je n'aime plus le rosé. Je ne sais pas pourquoi. Ça ne m'intéresse plus, j'en ai peut-être trop bu de mauvais, va savoir… Ça vaut en tout cas pour les rosés pâles, les gris, les "blancs tachés", comme vous voulez; vous m'en servez un verre, je le goûte poliment mais je ne le finis pas.
En revanche, dès qu'on monte en couleur, que l'églantine rutile, que le vermillon pointe le bout de son nez, tout refonctionne. À moi les tavels généreux, les Anglore capiteux, tous ces rouges clairs au goût de soleil! À moi les bouches charnues où l'ébauche des tanins vient me remettre d'équerre!
Durant l'été, je me suis aussi régalé de l'Outre Rouge marmandais d'Élian Da Ros (dont je viens de me rendre compte que je ne vous avais pas parlé), de ce jus qui lui aussi hésite entre le rosé foncé et le rouge clair. Toujours en Sud-Ouest, j'attends qu'on me refasse quelques négrettes bien fruitées, histoire de se rincer le gosier en passant par Toulouse.
En plus de Tavel, le Languedoc-Roussillon possède d'autre irréductibles qui n'ont pas délavé leur rosé (qui a parlé de noir animal?…), qui les aiment couillus, de couleur tout du moins. Il y avait la grande tradition du Rosé d'Antan du Mas Julien, de celui des Estanilles à l'époque de Louison, des vins qui ont tenu la route.
À l'autre bout de la région perdure, je crois, le rosé franc, excellent, du Domaine de La Casenove, à Trouillas, dans les Pyrénées-Orientales. Il faudrait que j'y passe tant qu'il fait beau.
Dans les autres hits sudistes de cet été qui dure, nous reste une bouteille (épargnée par Isabelle dont c'est le chouchou) de celui de Borie de Maurel, une syrah épaulée par le mourvèdre si ma mémoire est bonne. Encore un vin de saison! D'autant plus que ce genre de rosé tient très bien dans le temps, il est meilleur maintenant qu'au printemps, et ne fait que s'améliorer les mois et les années passant. Hier, il était impérial sur un de ces curries doucement violents dont j'ai le secret.
À propos de garde, sur la seconde partie du curry, j'ai sorti un OVNI: un rosé foncé de 2008, un rosé de Galice, cette sacrée Galice dont la cote n'en finit pas de monter*. La soucoupe volante s'appelle Nital, est composée de bastardo, de grenache et de mencía et a été élaborée par un des maître-vignerons de cette région espagnole, José Luis Mateo (cf. ici et ici).
La robe de ce Nistal 2008 évoque irrésistiblement celle d'un pinot noir. Le nez étonne, plus floral, avec une pointe d'épices, un reste de poivre. En bouche, c'est volumineux, suave, mais sans excès; long. Là, encore, il se passe un truc avec le curry. On a peur que le piment fasse des dégâts, même pas! Il faudra que je l'essaye sur un cap i pota, un plats canaille, emblématique de la cuisine catalane, du pied et de la tête de veau, taillés en dés, mijotés, bien relevés, servis avec des pois chiches. Parce que, franchement, ces rosés-là, ces rouges rosés, ce n'est pas fait pour la piscine, mais pour manger!
La robe de ce Nistal 2008 évoque irrésistiblement celle d'un pinot noir. Le nez étonne, plus floral, avec une pointe d'épices, un reste de poivre. En bouche, c'est volumineux, suave, mais sans excès; long. Là, encore, il se passe un truc avec le curry. On a peur que le piment fasse des dégâts, même pas! Il faudra que je l'essaye sur un cap i pota, un plats canaille, emblématique de la cuisine catalane, du pied et de la tête de veau, taillés en dés, mijotés, bien relevés, servis avec des pois chiches. Parce que, franchement, ces rosés-là, ces rouges rosés, ce n'est pas fait pour la piscine, mais pour manger!
* J'ai appris la semaine dernière qu'un rouge de Galice à 9€ avait débarqué sur la table de Barack Obama ! Un vin de Ribeira Sacra, région que j'ai évoquée ici.
Rassure-toi Vincent, le "café du Commerce", bientôt, ça n'existera plus, tout comme tous les autres cafés d'ailleurs (500 000 au début du 20e siècle, 35 000 aujourd'hui) qui sont, surtout en zone rurale, un lieu de sociabilité à éradiquer d'urgence.
RépondreSupprimerSalut à toi camarade, et vive le futur!
Oui, les cafés de campagne, leur disparition, mais aussi leur résurrection, j'en ai parlé à plusieurs reprises, avec optimisme, comme ici: http://ideesliquidesetsolides.blogspot.com.es/2014/08/chef-duvre-en-peril.html
SupprimerOu encore ici: http://ideesliquidesetsolides.blogspot.com.es/2014/05/bistrot-de-village.html
SupprimerD'où mon étonnement à voir ainsi méprisés les cafés du commerce que tu compares à "la boîte à cons"...
SupprimerLe Café du Commerce est un concept assez différent du café de village.
SupprimerOui, je comprends mieux. Le café de village, c'est celui où se retrouvent les citadins chaussés de New Balance, avec l'Audi garée pas très loin et Le Monde Magazine sur la banquette arrière...
SupprimerC'est malheureusement ce qu'il en reste dans trop de contrées où pendant ce temps les gens du village mangent devant TF1. Les deux exemples sus-cités ne sont pas tout à fait de ce tonneau-là.
SupprimerJ'aurai au moins appris ce que sont les New Balance…
SupprimerCertes, mais ces "gens du village devant TF1", pour la plupart ils ont pris dans la gueule le remembrement, la PAC, les primes à l'arrachage... Va chercher un sens après tout ça...
SupprimerTestons voir. Faisons avec tous les métiers ce que l'on a fait avec les agriculteurs, et là on verra un peu ceux qui ont le coffre et les épaules...
Pas sûr qu'il se foute pas une balle dans le caisson de temps à autre le notaire en New Balance qui fait des phrases sur le vin nature à la Cave Saint Martin de Roquebrun maintenant qu'on va libéraliser sa profession...
On mélange un peu tout, Pierre, là, non? Ce n'est pas la PAC ou la prime à l'arrachage qui mettent les gens devant TF1 que je sache.
SupprimerVincent, dans cette catégorie, de nombreux Bordeaux Clairet devraient te ravir...
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