Mange ta viande, Adolf !
Quand on écrit, parfois de façon engagée et singulièrement sur la Toile où l'interactivité est de mise, il faut s'attendre à des retours. Rien que de très normal. Susciter le débat, donner à réfléchir, éviter les autoroutes de la pensée liquide & solide constituent une des raisons d'être de ce blog. Et, franchement, je devrais plus souvent vous remercier, vous qui avez la patience de me lire, de votre régulière attention, de vos commentaires et de vos gentillesses.
Il existe cependant une catégorie de followers qui m'a fait rire un temps et dont je me passerais volontiers aujourd'hui: les animalistes. Attirés par l'odeur de la viande, certains d'entre eux sont même devenus de "fidèles lecteurs". Et j'ai vu débarquer, sur ce fil et sur les réseaux sociaux (où se publie l'essentiel des commentaires*), des flots de haine, des écrits d'une violence inouïe, quand ils ne tombent pas carrément dans le psychiatrique. Pour tout vous dire, je suis désormais obligé de censurer, de filtrer les commentaires sur ce blog, afin de ne pas véhiculer des délires qui relèvent parfois de l'incitation au meurtre.
Les animalistes, je vous en parlé à deux ou trois reprises, de leur refus de la notion d'humanité, quand la Presse s'est fait l'écho, avec un zeste de complaisance, de leur exploits. Principalement au sujet du foie gras**. Leurs larmes de crocodile, waltdisneysques, viennent d'ailleurs d'être officiellement récompensées par la Cour Suprême des États-Unis d'Amérique qui a confirmé le bien-fondé juridique de l'interdiction du foie gras en Californie.
Auparavant, avant qu'ils ne me tombent dessus comme la vérole sur le bas-clergé, j'avais une image plutôt paisible des défenseurs des animaux, végétariens et autre vegans. J'ai même déjà partagé un moment de ma vie avec une adepte de ce mouvement, qui ne sortait ni banderole, ni Калашников*** quand je faisais griller mon entrecôte!
Pour le reste, je ne dis pas qu'il n'y avait pas eu un jour un ou deux frottements à la sortie d'une corrida. Ou cette histoire de procès qu'on m'avait intenté (et que j'avais gagné) pour un article sur mon amour des petits oiseaux. Mais globalement, rien à redire.
Pour le reste, je ne dis pas qu'il n'y avait pas eu un jour un ou deux frottements à la sortie d'une corrida. Ou cette histoire de procès qu'on m'avait intenté (et que j'avais gagné) pour un article sur mon amour des petits oiseaux. Mais globalement, rien à redire.
Les Torquemadas de l'anti-viande que j'ai découverts au travers des conséquences de ce blog m'ont en revanche ouvert les yeux sur un milieu assez hallucinant, un univers de forcenés d'une agressivité folle, comme nourris de détestation, de rancœurs et de frustrations. J'ai rarement vu, à part des des nationalistes ou des intégristes, des interlocuteurs d'un tel fanatisme! Tout le contraire de l'image du végétarien un peu bab', plus porté sur la fumette que sur la baston.
Il semblerait que cette agressivité, cet aveuglement soient comme une signature des activistes de l'animalisme. Ou peut-être (humour), l'effet sur leur caractère d'une carence alimentaire… En France, je suis tombé un jour sur un type de la boîte à cons, un certain Aymeric Caron, auteur d'un de ces nombreux ouvrages manichéistes où l'on ne voit aucune troisième voie entre le hamburger industriel américain et le végétarisme: qu'il parle de viande ou de politique, on a envie de lui demander de se calmer, de se poser, ne serait-ce que pour ne pas nuire à ses idéaux. Mais ce Caron n'est rien à côté d'un autre allumé du cigare, bien plus célèbre, dont on se demande en le lisant s'il ne relève pas du cas clinique.
Steven Patrick Morrissey, l'ancien chanteur des Smiths****, est un des hérauts de l'animalisme mondial. Il faut dire que ses déclarations pleines de nuances ne peuvent que séduire les forcenés dont je reçois la prose! C'est ainsi qu'il affirme le 5 janvier dernier à un journal israélien: "Je ne vois aucune différence entre manger des animaux et la pédophilie*****.
Ces deux actes renvoient au viol, à la violence, au meurtre." Pour rester dans le ton, et pour prouver sa délicatesse et sa connaissance de l'Histoire de la nation du média qui l'interroge, Morrissey ajoute qu'à ses yeux, empêcher les animaux d'être tués dans des abattoirs revient à "soutenir les victimes d'Auschwitz".
L'actualité aidant, il est évidemment tentant, afin de rester dans le même registre des comparaisons (plus que) douteuses, de tomber dans le simplisme infantile des ayatollahs du végétarisme, et de se vautrer dans leurs sales procédés et leurs odieux amalgames. Pourquoi pas? Tenez, regardez, c'est facile et ça ravira les amateurs de "Loi de Godwin".
Savez-vous qu'il existe un jeu très prisé dans les magazines people qui consiste à afficher des portraits de stars et assimilés ayant arrêté (ou affirmant avoir arrêté) de consommer de la viande? Ça fait hyper hype, surtout au pays de McDonald, Caca-Cola, Monsanto & Cie. Alors, je pense qu'il faudrait conseiller à Morrissey (dont certaines déclarations sur le racisme sont équivoques) de demander qu'on ajoute à cette galerie de portraits celui d'une "star" dont ils sont généralement moins fiers Adolf. Adolf Hitler. On savait qu'Adolf avait arrêté la
peinture (une chance pour l'art, moins pour l'Humanité), peu qu'il
avait aussi très tôt (en 1911 estiment certains historiens) mis un terme
à sa consommation de viande.
Le végétarisme d'Hitler, maintes fois démenti par les tenants de la cause animale, a une nouvelle fois été confirmé dans un documentaire diffusé il y a quelques jours par la télévision allemande. Par une femme qui malheureusement a pu à l'époque le vérifier de très près: Margot Woelk était durant la guerre, contre son gré, une des goûteuses du dictateur, lequel craignait d'être empoisonné par les Anglais. Et, elle le répète, il ne mangeait pas de viande. Pas plus d'ailleurs qu'il ne buvait d'alcool.
Cette révélation ne prouve rien, évidemment, évidemment des vices et des vertus du régime végétarien. Hitler à mon avis n'avait pas besoin de se priver de viande et de rester abstème pour avoir un grain! Mais bon, au cas où, ce grand dépressif de Morrissey devrait peut-être arrêter les cachets qui font mal à la tête (si, si, lisez The Independent du jour!), boire un coup et de manger une belle entrecôte. On ne sait jamais, ça peut marcher…
Et, plus que des comparaisons douteuses, puisque Morrissey se pique de littérature, je voudrais lui offrir ainsi qu'à tous les forcenés qui polluent ma boîte mail, un joli texte inspiré par un boucher, plein de désir, ce bel extrait, sensuel, du Boucher, d'Alina Reyes.
"La chair du bœuf devant moi était bien la même que celle du ruminant
dans son pré, sauf que le sang l'avait quittée, le fleuve qui porte et
transporte si vite la vie, dont il ne restait que quelques gouttes comme
des perles sur du papier blanc. Et le boucher qui me parlait de sexe
toute la journée était fait de la même chair, mais chaude, et tout à
tour molle et dure ; le boucher avait ses bons et ses bas morceaux,
exigeants, avides de brûler leur vie, de se transformer en viande. Et de
même étaient mes chairs, moi qui sentait le feu prendre entre mes
jambes aux paroles du boucher. "
* Je n'ai pas d'amour particulier pour Facebook ou Twitter*, ce sont de simples outils, mais l'interactivité avec ces réseaux fait aujourd'hui partie, de façon incontournable me semble-t-il, de la vie d'un blog ou de tout autre publication numérique.
** Comme je l'avais souligné à l'époque, ils n'avaient d'ailleurs pas forcément tort en s'indignant du fait que des cuisiniers renommés, multi-étoilés, se fournissent chez des industriels du gavage. Sur ce point, celui de la condamnation de la viande de batterie, je suis parfaitement d'accord avec leur point de vue. Et pas que pour des raisons sentimentales…
*** AK-47, Kalachnikov, quoi…
**** Groupe de rock alternatif du début des années 80.
***** La comparaison avec la pédophilie, par parenthèse, ça me rappelle notre ami Patrick Élineau, le chef de file des prohibitionnistes subventionnés français. Vous vous souvenez de sa somptueuse sortie? Non, c'est ici.
Bonsoir Vincent,
RépondreSupprimerJe regrette, mais je dois t’avertir, pour ne pas te faire perdre ton temps, que je fais sans aucun doute partie de ces énergumènes que tu décris dans ce billet. Je suis trop souvent véhément, insultant et agressif, et ton blog a souvent fait les frais de ma connerie, de même que ta page facebook.
Mais aussi dingue que cela puisse te sembler, je me soigne. Non pas en renonçant à mes convictions, bien au contraire, mais en mettant (pardon pour le blasphème) mais un peu d’eau dans mon vin (sans sulfites). Aussi, si je comprends ta réaction et ta volonté de pondre ce billet, de répondre à la connerie par le mépris et quelques vannes à l’encontre des “animalistes”. En fait, je suis même surpris que tu aies pris le temps de pondre un article à ce sujet.
Quoi qu’il en soit, tu vas trouver ça mignon, tant de candeur, mais je suis sincèrement désolé pour tout, pour la haine et la violence, pour les raccourcis, pour tout ce que j’ai pu déverser sur toi au fil des mois. Sûr, venir dégobiller virtuellement sur Vincent Pousson alors qu’en face de chez moi, Monsanto fait ses gentils tests sous sa jolie serre high-tech et que le McDo local ne se désemplit pas, ce n’est sans doute pas la chose la plus intelligente et constructive que j’ai pu faire. Dans le genre contre-productif, je crois même que je pouvais difficilement faire pire. Il y a des chances pour que mes excuses, tu me les renvoies à la gueule, et au fond, ça ne serait que justice, mais je te les propose quand même.
Bien sûr, je ne peux pas non plus résister à l’envie de répondre à certaines des choses que tu avances dans ce billet. Là encore, je ne m’attends pas à ce que tu perdes ton temps à me répondre, mais bon, j’avais envie de faire valoir mon avis sans (trop) verser dans le grandguignolesque.
En fait, je m’interroge sincèrement quand tu déclares que végétariens/liens ou “animalistes” refusent “la notion d’humanité”. Je suis même carrément perplexe et j’aimerais vraiment comprendre ce qui t’amène à penser ça. Je suis certes “végane” (ouais, ça hérisse le poil un peu hein) mais je ne prétends pas par exemple, que la vache ou la limace est l’égale de l’homme, que leur vie vaut autant que la tienne ou que celle de ma mère. Je ne renie (encore heureux !) pas le rôle de la viande dans notre évolution en tant qu’espèce. En ce sens, je ne comprends pas en quoi je refuse la “notion d’humanité”.
Puis c’est vrai, j’ai un peu de mal à comprendre l’intérêt d’une corrida, de ce “combat” qui pour moi, n’en est pas un (après tout, en étudiant les chiffres, on s’aperçoit qu’il est plus dangereux de prendre sa bagnole que de descendre dans l’arène quand on a été entraîné pour ça). Je l’admets, je n’en ai vu qu’une, enfant (et je n’y avais d’ailleurs rien compris, à ceci près qu’on tuait une “vache” petit à petit), quelques extraits à la télé, et depuis un ou deux débuts avant de me faire virer par une fratrie de gendarmes qui manifestement, se faisaient plaisir.
Quant à Hitler, j’ai pu lire tout et son contraire. Que ses plats préférés étaient à base de viande mais que par peur de l’empoisonnement ou pour raison de santé, il choisissait de s’abstenir d’en consommer. Mais bon, comme tu le dis toi-même, on en a rien foutre. Bouffer de la bidoche ne fait pas de toi un assassin, bouffer de la verdure ne fait pas de moi un nazi.
Morrissey est à côté de la plaque, okay, mais est-ce que cela implique que tous les végés sont aussi délirants ?
Bref, si tu ne retiens qu’une chose de ce message que tu dois trouver d’une effroyable naïveté, j’espère que ça sera mes excuses. Pour ma part, je continuerai sans doute à venir de temps en temps sur ce blog, mais je m’efforcerai de faire preuve de cette courtoisie qui me fait tant défaut d’habitude. Et si tu as pris le temps de me lire, ben je t’en remercie.
Moins de vociférations, plus de réflexion, un bonheur!
Supprimer