Pacte avec le Diable ou changement de cap?


Franchement, je n'ai jamais compris pourquoi Jean-Pierre Coffe, un jour, a dit oui à Leader Price et leur a vendu sa tronche. Parce que franchement, sa tronche, en l'occurrence, c'était son âme. Le célèbre "c'est de la meeeerde" qui avait tant fait pour que l'on reparle de produits, de vrais produits, en a pris ce jour-là un sérieux coup dans les carreaux, et nous avec. 
Le cadavre de Jean-Pierre Coffe est encore tiède que, toutes choses égales par ailleurs, le Mondovino parisien s'émeut d'un nouveau contrat étonnant: le sommelier Emmanuel Delmas, défenseur des petits vignerons, des artisans, vient de signer chez Nicolas. La nouvelle sera officiellement annoncée demain (le 1er avril…*) mais la confirmation m'a été donnée que ce partenariat, en négociation depuis huit mois, va prendre effet à partir du mois de mai. Emmanuel Delmas, ancien sommelier à La Tour d'Argent, chez Alain Ducasse, Guy Savoy et Lasserre, consultant auprès de la restauration, chroniqueur, va devenir selon ses propres termes "sélectionneur de vins pour le groupe", il sera également en charge d'un "repositionnement premium pour certaines boutiques".


L'enseigne Nicolas, créée à Paris en 1822 par Louis Nicolas, possède plus de cinq-cents magasins dont quatre-cent-quatre-vingt-seize en France. Les autres sont implantés en Belgique, au Maroc, au Liban et au Royaume-Uni. Souvent haïe par les cavistes indépendants (qui considére qu'elle équivaut à la grande distribution), elle a modernisé la profession au début du XXe siècle grâce à ses célèbres catalogues, illustrés notamment par Cassandre ou Van Dongen. Rachetée en 1984 par le groupe Rémy-Martin, la marque appartient depuis 1988 au groupe Castel. Les magasins Nicolas vendent obligatoirement les trois-cents références de vin considérées comme "incontournables" par l'entreprise. Pour le reste, le responsable de chaque magasin choisit parmi un catalogue de mille-deux-cents bouteilles figurant au catalogue maison.
Emmanuel Delmas, qui affirme avoir "protégé" son indépendance, estime qu'il est là pour "apporter son éclairage". Désormais, il aimerait voir chez Nicolas "des vins de vignerons pointus et sincères". Il me cite ainsi l'exemple de l'excellent Château Mangot, à Saint-Émilion (qui est semble-t-il déjà en pourparlers avec le groupe). Quand je lui demande d'après lui Nicolas a l'ambition de changer, Emmanuel Delmas me répond "qu'ils y pensent depuis un petit moment".
L'avenir nous dira si le sommelier a pactisé avec le Diable ou si le Diable a changé de cap.




* Le choix dans la date…

Commentaires

  1. Gageons que Manu fera du bon boulot. Demain, tu trouveras du Château Saint-Saturnin chez Nicolas ! Avec la tronche d'Adrien Tramier en photo ! Il n'est pas encore interdit de rêver ? Certes, le 1er avril donne à réfléchir...

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  2. Ah non M.Poisson , pas de contrepèterie facile ...

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  3. Plutôt une bonne nouvelle : la sélection des vins chez Nicolas devenait ringarde et de qualité plutôt médiocre. L'objectif semble être de redonner aux amateurs l'envie de rentrer dans une boutique Nicolas. Que vont dire les cavistes ("petits") indépendants de tout cela ? À eux de faire des efforts pour se démarquer.

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  4. J'aime beaucoup ce que tu dis et comment tu expliques ta démarche. Pour avoir discuté avec Jean-Pierre Coffe, il avait une démarche très intéressante aussi.

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  5. Si les critères de la charte d'achat de Nicolas restent les mêmes (quantités, impératifs logistiques, stocks etc...) ça ne va pas être de la tarte de mettre au catalogue des "vignerons pointus et sincères"...

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    1. Il paraît qu'ils vont aussi vendre du poisson…

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    2. Franchement si c est pour dire des conneries , mieux vaut se taire

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    3. Une remarque frappée au coin du bon sens, cher Anonymous.
      Vous commencez quand ?

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