Coming-out.


Bas les masques! Il est temps pour moi de faire mon coming-out. Oui, définitivement j'en suis. Et je ne l'ai pas découvert sur le tard. Au contraire, ça a commencé tout petit, sans jamais s'arrêter. Au début, c'était comme un jeu, c'est devenu une habitude, je crois pouvoir dire qu'il s'agit aujourd'hui d'une nécessité. 
Certains, je sais, avaient des doutes. Il est vrai que je n'ai pas toujours été discret. Dans mes fréquentations, notamment, d'hommes qui ont les mêmes tendances que moi. Que voulez-vous, je n'ai jamais supporté ces vieux garçons aigris qui en société jouent les honteuses mais dont la solitude ne fait aucun doute sur les doux secrets, les tendres drame qui se révèlent dans l'intimité de leur vieil appartement. À l'inverse, plutôt que de me cacher, j'ai toujours aimé faire ça à plusieurs. Ces mains précises qui se croisent, les corps en sueur qui se frôlent, l'émotion.


Oui, je l'avoue, l'objet de tous mes tourments, c'est la cuisine. Je la pratique tous les jours, sans relâche. De toutes les façons possibles et imaginables. Par goût la plupart du temps, parfois par nécessité, comme quand je vivais avec cette grande tige androgyne qui systématiquement, et avec une infinie gentillesse massacrait tous les produits qu'elle touchait. Je me souviens (entre autres) d'un kilo de tarbais, introuvables à l'époque, violemment massacrés dans une cocotte-minute.
Si je fais ce coming-out, c'est à cause de cette information qui s'est répandue comme une traînée de poudre il y a quelque temps dans la presse sud-américaine et qui vient de me tomber sous les yeux. Selon l'Église pentecôtiste du Renouveau, "les hommes qui cuisinent peuvent contracter la maladie homosexuelle".


En fait, en fouillant un peu (davantage que les journalistes sud-américains…), je me suis rendu compte que cette incroyable nouvelle n'était en fait qu'un canular, un hoax comme on dit en langage internet. Et que l'Église pentecôtiste du Renouveau n'était qu'une parodie, chilienne, justement destinée à se moquer des sectes qui fleurissent de l'autre côté de l'Atlantique pour exploiter la misère humaine.
Il n'empêche que la diffusion de cette histoire d'homosexualité culinaire montre bien le niveau de dinguerie auquel nous ont habitués ces prétendues églises. Et puis au moins comme ça, le coming-out est fait…







Commentaires

  1. Nous sommes à tes côtés, Vincent. C'est bien. Tu l'as dit. Tu dois te sentir soulagé à présent. En remontant de Moulis, tout-à-l'heure, je me demandais aussi : "Que vais-je faire à manger ce soir ?". A mon épouse, s'entend. Saint-Jacques et fondue de poireau ? C'est sans doute la dégustation des barriques de Retout blanc ce matin qui m'a mis une pareille idée en tête. Cela te convient ? Va. Le plus dur est passé. Solidairement. Car oui, je l'avoue, moi aussi je le fais. Et en plus j'aime ça.

    RépondreSupprimer
  2. Mmmmmm, je pratique aussi. En solitaire souvent, c'est bon. Surtout les préliminaires. Et j'avoue, après avoir consommé, aimer m'abandonner au nettoyage des ustensiles et même trouver un certain plaisir à aller gratter le fond de la casserole...

    Tom B.

    RépondreSupprimer
  3. Moi-même, j'ai beaucoup pêché, et je me suis repenti. Je cuisinais mes rares prises, pour ma belle ; je ratai une fois les écrevisses, j'en pleure encore ... Devenu chasseur, mon vices s'est étoffé et va même parfois se stocker en conserve de pâtés. Je brûlerai en enfer pour m'être adonné aux cuissons à basse température de la gigue de chevreuil, au ragoût de marcassin à la bière.


    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire

Articles les plus consultés