Enfin une AOP bio?
Juste un petit complément, en fait, à ma chronique d'hier qui évoquait ce véritable "grand cru du Languedoc" que sont devenus les terroirs de Roquetaillade et de ses environs. Mon camarade Gilles Azam, que beaucoup d'entre vous connaissent pour les bulles de sa cuvée Joséphine, est venu m'annoncer qu'avec ses collègues vignerons du coin, ils avaient initié une demande de reconnaissance d'appellation pour le secteur.
Le dossier est officiellement en cours auprès de l'INAO, l'Institut National de l'Origine et de la Qualité, tout cela fera donc l'objet d'une longue procédure, laquelle s'apparente parfois à une discussion de marchands de tapis, voire un jeu du chat et de la souris.
Mais, ce que nous annonce surtout Gilles Azam, c'est que (dans la veine de ce que j'écrivais dans ma chronique) les vignerons souhaitent instamment faire figurer l'agriculture biologique dans le cahier des charges de la future AOP. En clair, pour produire, et pouvoir déclarer du roquetaillade, ou du limoux-roquetaillade, il faudra(ait) cultiver ses parcelles en bio, voire élaborer du vin bio. "Le chemin sera long! explique Gilles Azam, il est possible que cette proposition soit refusée par l' INAO".
Ce n'est d'ailleurs pas la première fois que l'Institut National de l'Origine et de la Qualité est saisi d'une demande de ce genre: les vignerons de l'AOP Les-Baux-de-Provence en ont fait de même, défendant l'idée que le mode cultural est un élément constitutif de l'identité d'un terroir. L'INAO n'a pas dit oui, mais ne leur a pas claqué la porte au nez comme ça aurait pu être le cas jadis. Dans un courrier à la présidente des Baux-de-Provence, Pascal Laville, le délégué territorial
Sud-est de l'institut écrivait que le dernier décret de l'AOP leur permettait "désormais de
rebondir afin de proposer les travaux sur les modifications que vous
souhaitez, notamment […]
l'introduction de pratiques culturales et de vinification respectueuses
de l'environnement".
Certes, on n'est pas loin de la réponse de Normand, mais c'est encourageant. Encourageant pour les vignerons des Baux, pour ceux de Roquetaillade (dont je souligne une fois encore le travail admirable) mais aussi pour l'INAO. La vieille maison, née d'une idée géniale, est trop souvent, comme je l'écrivais hier, "prise en otage par les notables et le kolkhoze, et a de plus en plus tendance, sous prétexte de tradition, à se retrouver à côté de la plaque".
Les Baux-de-Provence et Roquetaillade, quelle belle occasion pour elle de montrer qu'elle sait se réformer, avancer, innover. Dans le cas contraire, évidemment, ça sentirait l'enterrement de première classe et la cacochymie bureaucratique.
Pourquoi m'étais-je mis en tête que la culture bio faisait de longue date partie du cahier des charges des Baux ?!?
RépondreSupprimerRendre le label Bio obligatoire dans un cahier des charges d'AOC me semble difficile car il s'agit justement d'un label décerné par entreprise privée. Cela pourrait être vu comme une entrave à la liberté d'association.
RépondreSupprimerEn revanche, introduire des "exigences" telles que : interdiction de désherbage chimique, travail du sol (etc etc) est je pense possible si les arguments apportés sont des arguments portant sur la qualité et l'expression de l'originalité des produits et pas des arguments de principe.