Éloge de la simplicité.


J'y pensais l'autre soir de retour de France, alors que, pour éviter les bouchons de l'autoroute de Barcelone* nous nous étions arrêtés à Arenys de Mar, dans un de ces bistrots de plage, de ces chiringuitos de rien qui cohabitent avec le port: l'Espagne n'est jamais aussi forte, souvent imbattable, que dans la simplicité. Juste, pour mémoire, l'endroit s'appelle Chiringuito Justo, on vous y accueille avec entrain, on repère qu'en cuisine, ce sont deux vieilles dames qui officient et on affirme, ce qu'on veut bien croire, ne servir que de la marée fraîche des pêcheurs dont les bateaux sont amarrés à quelques centaines de mètres.


Le truc, visiblement, chez Justo, c'est la plantxa sur laquelle on vous cuit d'excellent couteaux, et, surtout, la friture, pour les chipirons, les chocos et de magnifiques anchois, le tout arrosé d'une Alhambra, cette bière grenadine (de Granada!) à gros tirage qui renvoie l'Estrella Damm au rayon de la pisse d'âne. Rien de bien compliqué, ne vous attendez pas à manger comme à l'Hispània tout proche (un ou deux kilomètres), ce restaurant mythique où vont régulièrement se faire plaisir les cuistots qui, eux, ne cherchent pas nécessairement le plaisir de leurs clients. Rien de bien compliqué, on n'est pas là au pays des prétentieux, simplement chez des gens qui ont compris les fondamentaux de l'hôtellerie, l'accueil, le sourire, le refus du foutage de gueule.


Et, comme il m'arrive souvent de critiquer le maniérisme pompier, clinquant qui empoisonne la cuisine espagnole, et singulièrement catalane, j'ai décidé, dans le prolongement de mon Mini-Guide des Restos de Barcelone, de vous livrer les jours prochains une nouvelle série d'adresses toutes simples qui nous réconcilient sans chichis avec ce que beaucoup d'entre nous (la majeure partie?) aiment outre-Pyrénées. Des adresses où l'on a pas besoin d'une cuisine high-tech pour régaler les gens, où le bonheur passe parfois juste par une friteuse et une plantxa, où l'on s'intéresse justement au bonheur et au plaisir. des adresses où il ne s'agit absolument pas de renier les temples de la cuisine gastronomique catalane d'aujourd'hui comme Gresca, Villa Más, Els Casals ou désormais La Menta, mais de remettre gentiment les choses à leur place.



* À ce sujet, si vous venez à Barcelone par la route, offrez-vous à l'occasion le détour (qui n'en est pas un) par la C-32, l'Autopista del Maresme qui, au lieu de traverser les hideuses et puantes usines du Valles (le long de l'AP-7) longe la Méditerranée à partir de Malgrat de Mar. Pour l'emprunter depuis la France, on passe Gérone et l'on quitte l'AP-7 à la sortie 9, Maçanet de la Selva, direction Malgrat; on prend immédiatement la N-11 (une des célèbres "routes à putes" de Catalogne) sur une quinzaine de kilomètres avant de rejoindre la C-32. Pour l'entrée dans Barcelone, tout dépend de votre destination précise, mais c'est bien indiqué: Gloriès pour le centre, Ronda litoral pour la façade maritime et Ronda de dalt pour les hauts quartiers. Je pense vous avoir déjà expliqué par ailleurs qu'on n'entrait jamais dans la capitale régionale par la Meridiana qui demeure le paradis des voleurs.


Commentaires

  1. Imbattable, dis-tu. C'est faire peu de cas de l'excellence dans la simplicité développée par la cuisine de mamma en Italie. Cette cuisine qui colle si bien avec l'idée de la bonté, appliquée à l'assiette. Ces non-endroits où tout est bon, généreux, chaleureux et même bienveillant. Où les vins sont formidables en plus d'être pas chers. Ces petits boui-boui improbables de l'arrière-pays piémontais où on te sert du barbaresco au pichet à 6 ou 7 euros les 50 cl. Je ne connais pas assez bien l'Espagne pour engager un débat. Mais imbattable, non.
    Cela dit, je rêve d'une bière grenadine (mais sans grenadine, pas un "tango").
    ;-)

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  2. A mi particularmente, me suda olímpicamente el rabo si España te parece o no inmejorable en lo excelso o en lo sencillo. Que los sujetos como tú contribuyan a alimentar tópicos casposos más que a informar honestamente, sí que me preocupa. Es cierto que la cerveza Alhambra es muy buena, pero de ninguna manera convierte eso a la Estrella Damm en meados de burro. Por cierto, listillo, es la N-II. (2 en números romanos, si es que sabes lo que es y no 11).

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