Indignations sélectives.
Je vous ai parlé hier de ce furoncle, pour reprendre le terme de Jacques Berthomeau, de ce pylone de dix-huit mètres qu'une entreprise "alternative" de diffusion de la TNT veut installer au sommet de la colline de l'Hermitage. C'est un autre chroniqueur du web pinardier, par ailleurs pas toujours d'accord avec Jacques Berthomeau, Nicolas de Rouyn, de chez Bettane-Desseauve qui nous a transmis le dossier. Au-delà des désaccords des uns des autres, il nous a semblé évident qu'il fallait que nous pesions tous (de notre modeste masse) afin de tenter d'éviter que l'on défigure ce site emblématique du vignoble français et qui accueille chaque année des hordes de touristes amoureux de nos vins.
J'en entends qui disent maintenant que nous avons l'indignation trop prompte, que ce sont des "nantis" qui possèdent les précieuses parcelles de cette colline. Que parmi eux se trouvent d'horribles capitalistes, tels les Frey (de Jaboulet) ou Chapoutier. Et alors? Doit-on tout laisser faire et saccager notre patrimoine commun sous prétexte qu'ils sont plus riches que nous? Il y a un niveau de revenu maximum à partir duquel une entreprise vinicole n'est plus respectable? Il faut leur couper la tête? Les spolier? Qu'est-ce que c'est que ce raisonnement de soviet arriéré*?
Personnellement, je le concède, je ne suis pas très fan des vins (d'ici ou d'ailleurs) de la Maison Chapoutier et pour ce qui concerne Jaboulet, en l'état, mes grands souvenirs (telle cette inoubliable Chapelle 67 bue à la volée après un 85 sur une terrasse avec Dave Powell, le Mr Love du vin australien) remontent, pour l'instant**, aux millésimes antérieurs au rachat par les Frey. Mais enfin, revenons sur terre, le monde du vin, face aux brasseurs ou aux alcooliers souffre de ses divisions, de ses querelles byzantines, de ses chapelles (c'est le cas de le dire!) qui se déchirent et s'entredéchirent.
Et évidemment, pour faire bonne mesure, on me dira que s'il s'agissait d'un petit vignoble pauvre, prolétarien, voire même d'un kolkhoze, je ne ferais pas preuve de la même indignation. Voici, ci-dessus, l'étiquette que j'avais créée il y a quelques années alors que des promoteurs privés, cousins des fonds de pensions et de tout le toutim, voulaient défigurer mes Corbières. Pour la petite histoire, à l'époque, ce projet d'étiquette a été refusé au dernier moment par le président bien pensant, écolo pur-jus, de l'association que nous comptions financer avec ces bouteilles. Il ne fallait pas s'indigner à ce point disait ce brave homme, gentil enseignant, politiquement plus que correct. Résultat, son association a échoué sur toute la ligne, les éoliennes ont salopé le ciel des villages voisins et ce brave homme, lui, nous l'avons par hasard retrouvé maqué avec des organismes proches des constructeurs d'éoliennes…
Donc, qu'il s'agisse du paysage (qui je le rappelle est une invention humaine) ou d'autre chose, face à la connerie, où qu'elle soit, d'où qu'elle vienne, et quels que soient ceux à l'encontre de qui elle s'adresse, je le répète, indignons-nous! Techniquement, cela signifie, si vous partagez mon avis, qu'il faut envoyer un message de protestation à la société Itas Tim (qui envisage d'édifier ce pylône), tout en mettant Caroline Frey en copie (c.frey@jaboulet.com), qui centralise les infos en vue du recours administratif. Par ailleurs, une pétition a été mise en place afin de recueillir les signatures de ceux qui s'opposent à ce déplorable projet.
* pardon pour le pléonasme…
** n'oublions pas toutefois qu'il s'agit de vrais vins de garde, vous savez cette idée de vieux cons qui croient qu'il y a une vie en dehors de la macération carbonique. Par parenthèse, je digresse, mais souvenons-nous qu'à l'époque de la famille Jaboulet sont sorties des chais quelques jolies daubes…
Soviet arriéré… C'est l'ambiance générale ces jours-ci, je trouve.
RépondreSupprimery a t-il une simulation de cette tour en au de la colline de l'hermitage ? j'imagine que pour une tour de 18 metre il aura fallu pour le permis de construire une etude d'impact environmental, et aimerais beaucoup voir la simulation faite par ordinateur qui normalement est jointe au dossier.
RépondreSupprimera part l'impact visuel, ya til un impact au niveau des ondes sur la qualite du vin (prouvee ou soupconees ?)
voila des questions dont les reponse pourraient amener les gens a s'opposer au dossier avec argument, car ma foi, je prefere encore voir une eolienne sur une montagne, qu'une cheminee de centrale a charbon...
Effectivement j'ai aussi trouvé cette sortie plus qu'étrange, je l'ai également commenté sur mon blog, et fait suivre cette information dans cet article
RépondreSupprimerhttp://secretsepicure.blogspot.fr/2012/07/colline-de-lhermitage-tout-et-nimporte.html
Extrait:
"Mais plus encore car je ne suis pas d’accord avec d’autre, qui sous prétexte de l’élitisme de ces vins se fiche de cette antenne TNT car 99% des gens ne goûtent pas l’Hermitage !
Alors là c’est la meilleure…qu’une chose soit bien claire, je ne pense pas que je boirai de Romanée Conti un jour dans ma vie, mais si un même projet, ou bien moindre se mettait en place là-bas, je viendrai sur le champ faire rempart de mon corps s'il le fallait.
A ce compte sinon pissons sur un des 7 Tournesols-Van Gogh, car il y en a d'autres, car ils sont enfermés dans les musées et collections, car les seuls capables de se les offrir serait une poignée d’indigne nouveau-riche provenant de pays exotiques !"
United we stand, pour la préservation de notre patrimoine immatériel
Vincent le recours administratif est contre l’État et non contre la société qui veut ériger le pylône. Le juge administratif, après une procédure écrite, tranchera en droit : la procédure a-t-elle été respectée et non sur l'opportunité. Alors nos protestations s'adressent à la fois à l’État et à l'opinion publique et non au juge.
RépondreSupprimerIl y a deux combats : le juridique et le médiatique, les confondre serait une erreur...Je crois plus en l'efficacité du second que du premier mais il faut les mener de front.