C'est dans les vieilles casseroles…


Avez-vous déjà cuisiné dans le cuivre? C'est réellement une expérience (pour reprendre ce terme ringard) inoubliable. Sauter du veau et des girolles dans une poêle en cuivre, mieux, laisser venir le velouté d'une sauce, tandis que votre cuiller de bois caresse le fond, dans une casserole du même métal? De préférence, pour faire bonne mesure, votre batterie rutilante sera posée sur des brûleurs en laiton. Luxe, calme & volupté…
C'est un des rendez-vous de cette journée de samedi qui me fait penser au cuivre, moment majeur pour ceux qui aiment le rugby, la finale du championnat de France, qui ce se joue cette année à un horaire bizarre, ce qui vaut mieux par parenthèse que pour celle de l'an prochain dont on se sait pas vraiment quand elle se disputera et ce pour des raisons qui fleurent bon l'amateurisme*. Mais l'amateurisme, quand on prononce ce mot en Ovalie, ça réveille en nous de jolis souvenirs que les moins de vingt ans… Ressurgit au coin du bois une belle et vieille nostalgie, joliment patinée par le temps faite de praticables de bois, de repas interminables chez Alex à Noé ou chez la maman de Christian et Bernard Viviès à Rieumes, de chers disparus aussi dont certains tel le légendaire enfant de Montfort-en-Chalosse mort "dans des draps de ferraille atrocement froissés" devinrent des noms de stades, de "générales" débonnaires, de cassoulets radicaux et/ou écossais, de cahors, de madiran, de corbières, de gros pardessus et de combines qui nous semblent aujourd'hui bien innocentes. Le cuivre, c'est évidemment celui qui orne le "bout de bois", ce fameux Bouclier de Brennus que toucheront les vainqueurs de ce soir, toulousains je l'espère (désolé cher Henri Boillot…).


De nos jours, en fait, ce n'est plus le "vrai", l'authentique Bouclier que se voient remettre les champions de France de rugby, mais une copie. Depuis le milieu des années 2000, l'original se repose des services rendus dans une vitrine de la Fédération. C'est d'ailleurs une des mésaventures de ce trophée dessiné par le Baron de Coubertin qui m'a fait penser aujourd'hui aux casseroles. C'était en 93, Castres, le Castres Olympique rugueux, coriace et pragmatique d'Urios, Whetton, Rui et Labit, avait gagné la finale, un peu à l'arrache si je me souviens bien, en tout cas un évènement considérable pour les joueurs et les supporters du club la sous-préfecture du Tarn. Tout cela avait évidemment été fêté, arrosé, chanté dans des proportions tout aussi exceptionnelles que l'évènement en question; tant et si bien que le précieux bouclier s'était réveillé d'une semaine de liesse avec un gigantesque gueule de bois et ce qu'il faut de plaies et de bosses. Bref, il n'était plus présentable!
Coup de chance pour le CO et son président, Pierre-Yves Revol, Castres n'est qu'à trente kilomètres du village de Durfort, au pied de la Montagne noire, célèbre alors pour ses dinandiers qui sont, pour les non initiés, les artisans du cuivre. Et voila ce qui nous ramène à ces bonnes vieilles casseroles, c'était là, à Durfort, qu'on s'en allait acheter ses batteries de cuisine et c'est donc là que le "bout de bois" (il faudra aussi un jour parler de la cuisine au bois…) est allé se refaire une cerise.


* en fait, la réservation du stade de France pour la finale 2013 sans concertation avec les manchots.

Commentaires

  1. Oh que oui, le cuivre, c'est magique en cuisine, mais malheureusement de moins en moins utilisé... Le cuivre, oui mais le cuivre étamé... Le cuivre et inox ne vaut rien du tout, on perd complètement les propriétés de notre bon vieux cuivre. Mais bon parait-il que cela donnerait le cancer!

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