Le Jura en Espagne? (la suite)
Je vous racontais la semaine dernière l'immense plaisir que nous avions eu à goûter Capricho de merenzao 2008, cet étonnant vin de Galice produit par Ponte da Boga. Pour ceux qui n'ont pas suivi l'épisode précédent (ils peuvent aussi cliquer sur le lien qui précède), le merenzao, ce n'est ni plus ni moins que du trousseau, introduit dans l'extrême nord-ouest de la Péninsule ibérique par les moines de Cluny, il y a sept ou siècles, et patiemment acclimaté par les opiniâtres paysans du coin. Cette thèse semble être confirmée par les recherches les plus récentes comme me l'expliquait récemment Dominique Roujou de Boubée qui n'est autre que le papa de Capricho de merenzao. Il semble d'ailleurs que la plupart des cépages de cette région a génétiquement davantage à voir avec la syrah et le pinot qu'avec ceux du reste de l'Espagne.
Mais revenons-en à notre Capricho. Le 2008 que nous avions goûté était "un essai", marqué par une réduction qu'un bon carafage parvenait à dompter. Il faut dire que ce vin n'avait connu que la cuve, milieu qui liui avait permis de développer cette tendance. En 2009 et en 2010, l'œnologue de Ponte da Boga s'est appliqué à trouver des solutions, la plus simple était d'élever en barriques (300 litres environ), encore fallait-il en trouver d'usagées, de bonne qualité, qui ne marquent pas le vin; avec un jus de cette finesse, il fallait évidemment éviter de sombrer dans la caricature ibérique.
Mission accomplie! Ce Capricho de merenzao 2010, nous l'avons débouché samedi, il était parfait: toujours cette fraîcheur, ce dynamisme, associés à un fruit mûr sans excès, un vin d'un très grand équilibre qu'on aurait du mal à l'aveugle à situer outre-Pyrénées (sauf à avoir goûté auparavant chez José Luis Mateo). Bref, on entre incontestablement là dans la catégorie des Nouveaux Grands d'Espagne!
Seul bémol, l'approvisionnement: ce vin de luxe, ce trésor de Galice est rare, très rare, très très rare, à peine 2800 cols. Et je ne vous cache pas que j'ai déjà passé ma commande…
Je suis tombé sous le charme de ce cépage il y a un peu plus de 4 ans. Je ne parlerai pas trop de ce vin compte tenu de mon manque d'objectivité, mais je ne peux qu'être d'accord avec toi. Je l'adore. En plus, il représente très bien pour moi ce que le terroir de Ribeira Sacra (un des plus beaux vignobles du monde, je ne me lasse pas de le répéter) peut nous offrir: des vins délicats et frais. Aujourd'hui, il est facile d'attribuer une typicité à des régions comme Bordeaux, Bourgogne, Beaujolais, Vallée du Rhône, Loire..., mais il y a tellement de régions dans le monde dont l'histoire viticole a été confuse ces dernières dizaines d'années que ce qui m'intéresse est d'essayer de comprendre la vocation des terroirs que je découvre pour faire les vins "naturels" (pas dans le sens sans soufre), c'est à dire que le terroir nous dicte naturellement de faire.
RépondreSupprimerDominique Roujou de Boubée
Bonjour Vincent, bonjour Dominique,
RépondreSupprimerNous avons eu le plaisir de nous rendre à ponte da boga, lors de notre superbe séjour dans la ribeira sacra à Abeleda. Ce coin de Galice est superbe, des paysages à couper le souffle et des vins qui effectivement sont d'un intérêt digne des plus grands. Les vins, de cette adega, sont tous de très bons à grands, avec en point d'orgue cette cuvée si particulière, ou encore le "simple" albarino. Et que dire des prix, angéliques pour ce niveau de qualité.
Un grand merci encore d'avoir partagé ce coin à champignons !
Julien