Et si on pensait aux "pauvres gens" ?


Les "pauvres gens", les "mots des pauvre gens", j'ai cette expression depuis ce matin dans la tête, grâce à Eva-no-solo-guapa (Eva-pas-que-Jolie) qui m'a fait écouter la belle chronique de François Morel, sur France Inter. Ce besoin, cette obligation qu'on a de dire aux "gens": "couvre-toi quand il fait froid, mets un pas devant l'autre pour pouvoir avancer, ferme les yeux pour t'endormir, vide ta vessie quand elle est pleine"… L'inhumanité rampante que cela révèle, l'inhumanité qui rampe sous les bons sentiments… Par parenthèse, je me suis dit que la France demeurerait un fier pays tant qu'on pourrait écouter ça à heure de grande écoute sur la radio nationale.


Les "pauvres gens", les "gens" donc, les "anonymes" comme on dit désormais dans les médias pour évoquer ceux que les feux de la rampe n'ont pas encore aveuglés. Pas nécessairement ceux de Léo Ferré (dans Avec le temps), non, juste tout ceux qui ne font pas partie du mundillo vineux, de la bloglouglou ou de la presse réglementaire, de la légion des cavistes et des sommeliers. Tout ceux qui, parce qu'ils ont un métier honnête et parce qu'ils ne sont pas des "professionnels du vin", n'en ont rien eu à foutre de ma chronique matutinale à propos de Vinisud et des "off" de Vinisud, tout simplement parce que dans les "off" comme dans le "in", ils ne sont ni invités ni admis. Parce que c'est bien de boire entre soi, de se congratuler jusqu'à la consanguinité, de vivre en verre clos, mais, pas si loin de ça de notre nombril, il y a ce fameux consommateur final qui n'est autre qu'un proche cousin de la ménagère de moins de 50 ans.


C'est donc à lui, au consommateur final et éventuellement à sa cousine (mais surtout pas à Manuel* qui aurait peur en voyant tous ces "gens" boire sans déguster!), que je dédie cet addendum. En fait, un utile prière d'insérer promptement expédié ce matin par Philippe Catusse, grand marchand de vin biterrois à l'enseigne du Chameau ivre. Par voie de conséquence, ce n'est pas d'un salon professionnel dont il s'agit mais d'une bacchanale, d'une fête populaire du vin. Comme tous les mois dans l'ex capitale du rugby rugueux, elle se tient le vingt et s'intitule "Le 20, c'est vin". Sur la place Jean-Jaurès, au bas des Allées Paul-Riquet, on va boire et manger, festoyer sous les bannières réunies du Languedoc et de la Gascogne, grand Sud-Ouest, quoi! Avec des vignerons des deux camps, le caviste d'à-côté et, aux fourneaux, ce fou de Daubin, du café éponyme de Montréal-du-Gers! Plus évidemment les bandas, comme à Vic (vraiment, heureusement que Manuel n'est pas là, oser mélanger le vin à la fête, quelle horreur!). Bref, il s'agit d'un tout autre sport, beaucoup plus radical, beaucoup plus viril, qu'une dégustation professionnelle… Pour réserver, ne me demandez pas de link, de QR code ou de compte Twitter, Catusse est un bougnat (de luxe) en noir et blanc, les autoroutes de l'information n'ont pas encore installé de péage à côté de son village aveyronnais. Mais, j'ai son téléphone: 04 67 80 20 20. Par l'automatique, éventuellement en Interurbain, mais sans demander l'opératrice**.



* Pour ceux qui décidément ne suivent pas, Manuel est le fil rouge d'Idées liquides & solides, sommelier catalan binoclard, malaimable, nationaliste, footballeur, à grosses godasses; il est l'archétype de tout ces infatigables éducateurs du vin qui, grâce à leur talent et à leur joie de vivre ont réussi à faire dégringoler la consommation annuelle par Espagnol à près de 10 litres.  En l'occurrence, vous avez bien compris que si Manuel n'aime pas, il faut impérativement y aller!
** Ça, seuls les plus expérimentés, comme Maître Jacques, Secrétaire perpétuel de l'Amicale du Bien Vivre, saisiront la finesse…

Commentaires

  1. C'est amusant ça. Je sors d'une réunion (via les canaux modernes de la communication numérique) pendant laquelle nous évoquions cette nécessité de partager le vin avec le plus grand nombre et via des actions simples.
    Pourtant, en écoutant les infos, j'ai la sensation que lorsque des gens dorment dehors ou meurent de froid il devrait y avoir partage pour bien d'autres choses.
    Quant à ce gouvernement, je le dis sans aucune arrière-pensée politique, ça m'étonnerait qu'il passe le mois de mai.

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    1. Eh oui, Laurent, se méfier du microcosme et ne pas oublier de regarder dehors. Pour qui ce qui est des élections, espérons que le Changement ce ne soit pas juste Ségolène à la place de Nadine…

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  2. Bonjour,
    OUI, Morel dit les choses avec délicatesse et finesse, quelle prouesse pour nous faire ressentir le désarroi. Son phrasé tout en nuance capte l'attention et nous fait découvrir que les "gens" ne sont rien. Cette façon d'exprimer une globalité est désastreuse, Morel nous le fait entendre. Les "gens" sont cons, et toi Monsieur, tu en connais combien de cons, en fait pas autant que tu le dis. Putain , il est mauvais ce François Trinh-Duc, il n'a pas passé un drop, et toi, combien de fois tu as foulé la pelouse de Murrayfield, même une canette à la main.Parfois, ce mot, est exaltant, quand il est suivi d'une considération même très mineure. On me traite de vieux con, non con suffira. Aux pauvres, je substitue plus honorablement "les gens de peu" cela me parait plus respectueux. Bref, même si on n'est pas du même bord que France Gall, sauf en rugby je dis résiste, résiste au syndrome du paraître, résiste à la volonté d'état de te passer dans une broyeuse, résiste à la vocation des gouvernants de te diminuer. " Et le papy, il veut son bout de chocolat" "ta gueule je veux une clope". "Vous avez l'âge de passer un test de l'effort" "qu'est-ce que tu connais à l'effort, laisse moi m'occuper de ma santé". On va bientôt voir apparaître des cellules psychologique pour tous les vineux, ces gens anormaux qui prennent du plaisir. Bref résiste et si mon compatriote Aveyronnais fait le bonheur de quelques Biterrois, je suis fier de cet état d'esprit, d'une part parce que les mecs du sud ont toujours pris les Aveyronnais pour des Cambatchous "jambon" et puis on ne les a jamais battus au rugby. Mais pour la VTT, on est les meilleurs, "Ventrèche Tripous Truffade" avec un vin de pauvre du Fel ou de Marcillac, cela durcit l'estomac et vous pouvez voyager . Pour l'instant je prends un Philippe Catusse pour aucun Manuel, ne serait-il pas le nouveau Faure-Brach.Allez jouezz bandas "les ananas de la belle nana". Merci pour ce billet et excusez la longueur de mon texte, je vais vous saouler.

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    1. Nous saouler, en aucun cas, Jean-Louis! Un joli moment d'ivresse en revanche. Merci. Et vive les tripous (que je prépare à l'albigeoise, au safran)

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    2. Pardon pour Faure-Brach je pensais évidemment à Manuel. Merci de votre compliment.

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  3. Je me souviens très bien de la contribution de VP au Vinisud en question et le stand "classe et joyeux" de La Livinière. En passant devant j'ai été happée par une alléchante odeur de truffe. Et je m'y suis longuement arrêtée. Comme beaucoup d'autres. Oui, parfois ces salons réservent d'agréables surprises et savent nourrir la culture du vin. Même dans un lieu aussi peu "convivial". Vincent fait partie de ceux qui savent allumer la flamme, même dans un nulle part. Le Off ne promet pas plus de qualité. Faire évoluer le In c'est plus courageux.

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    1. C'est un peu ce que je pense, Nadine, l'enjeu est (aurait été?) de faire évoluer le "in" parce que réellement je comprends le malaise de certains qui le visitent ou, pire qui sont censés y exposer. Malheureusement, même s'il y a eu des actions d'éclats, force est de constater que les franc-tireurs n'ont guère été suivis. Je le déplore. Mais nous verrons cette année…

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  4. Merci pour cet hommage à Philippe Catusse et son Chameau Ivre à Béziers, si important pour le renommé de la viticulture du Languedoc (et Roussillon ...et de bien d'autre régions, qu'il nous a fait découvrir il y a 20 ans, en organisant des "voyages d'étude" avec amateurs et vignerons bien avnt l'invention de l'oenotourisme (mes premières bouteilles de Silex ou du Clos de la Diotérie, je les dois à lui...c'était 1991...mon anecdote avec le faux MB dans les vignes de Lisson tous jeunes plantés aussi;-)). J'y passe bien trop rarement ...mais chaque fois, quand j'y arrive, c'est le même plaisir convivial de la découverte et du partage, même dans la journée...et quel souvenir, cette soirée d'hiver dans un Béziers glacé à la veille d'un voyage: une soirée au Chameau Ivre, suivi d'une nuit à l'hôtel des Poètes, tout près...

    Monr premier Yquem et mon premier Château Margaux, généreusement versé d'un magnum lors de son 40tième anniversaire dans une fête en plein air, où les passionées du vin de la région se serraient autour des tables ...

    Les fêtes tournante des vignerons après la récolte en Octobre/Novembre, où la chaleur des convives et des metset vins, qu'ils avaient apporté style auberge espagnole nous rechauffaient au milieu d'une cave souvent frigorifiée, comme dans le nouveau chai du fou d'Estanille...

    Et ses premiers off hors Vinisud, dans un grand domaine du côté de Béziers...que du beau et du bon derrière les tables et dans les salles...un beau départ pour un jeune domaine...des rencontres supèrbes...tout cela vaudrat un livre, que je ne serais pas la seule à pouvoir remplire...

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  5. A titre d'exemple, permettez-moi SVP de citer Christophe Gallienne, vigneron à Rochefort sur Loire, qui m'a mis le pied à l'étrier en m'ouvrant son chai, ses savoirs, en partageant son matériel et son temps. Il se trouve que cet homme a cessé de produire du vin à son compte car il s'est trouvé face à un choix : soit augmenter ses prix, soit ne pas équilibrer son budget. Lui dont la philosophie a toujours été de proposer des vins natures à des prix "de prolos" a rangé le sécateur en 2010. Il lui reste quelques quilles à vendre, n'en achetez pas svp et laissez le écouler ses dernières bouteilles en proximité dans un cercle de voisins qui sont progressivement devenus des amis autour de ses vins, parce que c'est ça aussi le vin modeste !

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  6. Anonym ;-)))))))))12 février 2012 à 11:28

    @Eva: voyage, voyage...in April L+B, meeting the "Big Boss"? ;-)) Bisous, C.

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